Écrire Une ONG harcelée pour avoir organisé un rassemblement pacifique

Deux membres des forces de sécurité timoraises se sont rendus dans les bureaux de Yayasan HAK le 26 janvier, et le directeur exécutif de cette ONG de défense des droits humains fait l’objet d’un harcèlement téléphonique de la part de la police, parce qu’il a organisé une manifestation pacifique et participé à celle-ci.

Manuel Monteiro Fernandes, directeur exécutif de Yayasan HAK à Dili (Timor-Leste), a indiqué à Amnesty International avoir reçu plusieurs appels de la police au sujet de la participation de son ONG de défense des droits humains à l’organisation d’une manifestation pacifique, à l’occasion de la visite le 26 janvier du président indonésien au Timor-Leste. Il est en danger.

Le jour de la manifestation, deux membres des Forces de défense du Timor-Leste (Falintil-Forças de Defesa de Timor-Leste, F-FDTL) se sont rendus dans les bureaux de Yayasan HAK et ont demandé à utiliser les lieux comme base de sécurité en raison de leur proximité avec l’ambassade indonésienne à Dili. Manuel Monteiro Fernandes a refusé. L’un des deux soldats s’est alors approché d’un autre membre de l’ONG, Adelio da Costa Fernandes, et l’a sommé de quitter immédiatement son t-shirt, car on pouvait y lire « Libérez la Papouasie occidentale » – dossier politique considéré comme très sensible par le gouvernement indonésien.

Le 25 janvier, dans une déclaration publiée conjointement avec d’autres ONG locales, Yayasan HAK a annoncé que cette manifestation pacifique visait à engager les autorités du Timor-Leste et de l’Indonésie à s’attaquer aux crimes contre l’humanité commis pendant l’occupation indonésienne, entre 1975 et 1999. Les ONG demandaient également dans ce texte la mise en œuvre immédiate des recommandations formulées par la Commission de la vérité et de l’amitié (CTF), créée par un accord bilatéral entre les gouvernements timorais et indonésien pour enquêter sur les crimes commis lors du référendum de 1999 sur l’indépendance. Au nombre de ces recommandations figure la mise en place d’une commission pour les personnes disparues.

Yayasan HAK est une organisation non gouvernementale installée à Dili (Timor-Leste) qui s’emploie à promouvoir et à protéger les droits humains dans la société civile et les institutions publiques. Elle a été fondée en août 1996 par des militants timorais et indonésiens afin de suivre l’évolution de la situation des droits humains, de contribuer à l’éducation aux droits humains, de prodiguer un soutien juridique et de mener des actions de plaidoyer dans les 13 districts du pays.

Conformément à la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’homme, l’État est tenu d’instaurer les conditions voulues pour défendre les droits fondamentaux des personnes relevant de sa juridiction et, plus précisément, de « prendre toutes les mesures nécessaires pour [les protéger] de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration ». Les droits et mesures de protection accordés aux défenseurs des droits humains incluent le droit de se réunir ou de se rassembler de façon pacifique.

Le droit à la liberté de réunion pacifique et d’association est garanti dans la Constitution timoraise en son article 42 (Liberté de se réunir et de manifester), qui dispose : « Toute personne a le droit de se réunir pacifiquement et sans armes avec d’autres personnes, sans autorisation préalable, et le droit de manifester est reconnu à tous conformément à la loi. »
Les violations graves des droits humains commises durant l’occupation indonésienne, entre 1975 et 1999, sont restées impunies. Les affaires concernant les crimes contre l’humanité et d’autres atteintes aux droits fondamentaux perpétrées par les forces de sécurité indonésiennes et leurs agents auxiliaires pendant cette période n’ont guère progressé. Beaucoup de responsables présumés ont continué de vivre en Indonésie en toute liberté. À la connaissance d’Amnesty International, le gouvernement timorais n’a pas suivi les recommandations sur l’impunité formulées par la Commission d’accueil, de recherche de la vérité et de réconciliation (CAVR), ni celles de la Commission de la vérité et de l’amitié (CTF) instituée conjointement par l’Indonésie et le Timor-Leste.

Amnesty International a publié des informations sur l’impunité persistante au Timor-Leste dans ses rapports We Cry for Justice : Impunity Persists 10-years on in Timor-Leste (ASA 57/001/2009) et Timor-Leste : Justice in the Shadow (ASA 57/001/2010).

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