« Je ne sais pas ce que représente pour vous le Nouvel an. Pour moi, c’est la prise de conscience qu’une nouvelle année de torture mentale et émotionnelle débute. Je me demande constamment si cette année sera celle du triomphe de la justice et de la liberté. Ou si ce ne sera qu’une année de plus, identique aux autres. » Lettre d’Albert Woodfox à Amnesty International
Albert avait 25 ans lorsqu’il a été placé sous le régime de l’isolement en prison.
Il a toujours clamé son innocence affirmant qu’il était dans le viseur des autorités du fait de son engagement en prison dans le parti des Black Panthers. Sa condamnation s’est principalement basée sur le témoignage à charge d’un codétenu qui l’a « dénoncé » en échange de sa propre libération.
Depuis plus de 40 ans, Albert passait 23 heures par jour confiné seul dans une petite cellule avec peu de lumière naturelle.
Il n’a jamais eu le droit de communiquer avec les autres détenus ; il n’a jamais pu travailler ni avoir accès à quelque forme de réinsertion que ce soit.
Il a seulement le droit de sortir de sa cellule 3 heures par semaine, afin de faire de l’exercice, toujours seul.
L’isolement est une forme extrême de détention qui, sur une aussi longue période, constitue un acte de torture selon les Nations unies.
L’acharnement des autorités de Louisiane
Sa condamnation avait été annulée trois fois. Pourtant Albert est encore derrière les barreaux : l’État de Louisiane faisait appel de chacune des décisions en sa faveur.
En juin 2015, un juge fédéral avait ordonné sa libération immédiate et interdit à l’État de Louisiane de le rejuger. Le Procureur général de l’État de Louisiane avait pourtant fait appel de la décision, repoussant de plusieurs mois encore une éventuelle libération.
Herman Wallace, ami et co-accusé d’Albert, a subi le même sort.
Après quarante ans à l’isolement, il a été libéré le 1er octobre 2013, après que sa condamnation ait été annulée. Il est mort trois jours après.