Faire le bien

Plus de 50 ans après le premier appel lancé en faveur d’Une personne en danger dans le bulletin d’information d’Amnesty International, notre pratique d’écriture de lettres est toujours aussi populaire et efficace.

Fondamentalement, Amnesty International est un mouvement réunissant des personnes qui veulent influer sur la vie d’autrui dans le bon sens. Nos six premiers cas de personnes en danger ont été publiés peu de temps après les débuts de l’organisation en 1961. En 1963, le premier appel à l’action a été diffusé dans le bulletin adressé à nos membres.
Le premier « prisonnier du mois » était le poète portugais Mário Pedroso Gonçalves, arrêté par « la redoutée PIDE (police secrète) » et inculpé de communisme. Mário avait déjà passé près de cinq ans en prison. Il y avait épousé sa fiancée et rien ne lui laissait entrevoir une libération prochaine. « Finalement, ses codétenus ont fait une grève de la faim. Ils ne supportaient plus de l’entendre hurler », poursuivait l’article, qui se terminait par un appel à l’adhésion pour venir en aide aux gens comme Mário.

Nous aider à ne pas perdre courage

Un article de 1964 reconnaissait que l’écriture de lettres aux autorités était « une tâche ingrate au possible », vu que celles-ci ne répondent quasiment jamais. Il était donc essentiel de faire connaître les bonnes nouvelles et de faire circuler les informations afin de motiver les militants : « Les histoires réconfortantes nous aident énormément à ne pas perdre courage », confiait un membre de Malte.
Pourtant, « nos plaidoyers patients et répétés sont la seule méthode qui portera des fruits au bout du compte », concluait l’article. Et, de fait, cela a été le cas. Parmi les premières bonnes nouvelles annoncées figurait la libération de soeur Maria Ruja, qui purgeait une peine de 20 ans en Roumanie pour la « transmission présumée d’informations par des enfants ». Un groupe d’Amnesty de Chester, au Royaume-Uni, a commencé à travailler sur son cas début 1963, et elle a été relâchée en décembre de la même année.
L’écriture de lettres s’est avérée un mode d’action très efficace. Un ancien prisonnier d’opinion, le dirigeant syndical dominicain Julio de Peña Valdez, a été détenu nu, sous terre, en 1975 : « Quand les 200 premières lettres sont arrivées, les gardiens m’ont rendu mes vêtements, a-t-il raconté plus tard. Puis les 200 suivantes sont arrivées, et le directeur de la prison est venu me voir. Quand le paquet de lettres suivant est arrivé, le directeur a appelé son supérieur. Les lettres arrivaient sans discontinuer : il y en a eu 3 000. Le président a été informé. Les lettres continuaient toujours d’arriver, et le président a appelé la prison pour leur dire de me relâcher. »

Bonnes nouvelles

Les appels en faveur du « prisonnier du mois » sont devenus les Appels mondiaux en 1992. dans une synthèse des bonnes nouvelles de 1998 figurait une mise à jour du cas d’Aurora Nazario Arrieta, une Mexicaine violée par trois policiers en novembre 1995. « Après avoir reçu des centaines d’appels, le procureur général de l’État a décidé d’engager des poursuites contre les policiers en cause, y lisait-on. La condamnation des violeurs d’Aurora a encouragé d’autres Mexicaines à se faire connaître et à porter plainte contre la police. »
Lorsque le Fil d’Amnesty a été lancé en mai 2001, nous avons commencé à publier les histoires de personnes confrontées à des problèmes tels que les expulsions forcées et la privation d’accès aux soins. Après avoir été expulsés de chez eux par les pouvoirs publics municipaux, les Roms de la rue Coastei, en Roumanie, ont vu leur cas figurer dans les appels mondiaux du FIL et dans le Marathon des lettres de 2012. « Le soutien de tous ces gens du monde entier nous aide à rester forts et à garder espoir », nous a confié une personne.

Les Appels mondiaux sont toujours un volet important du Fil et de notre action. Dans chaque numéro du Fil d’Amnesty, vous trouverez six appels ainsi que des bonnes nouvelles et des mises à jour. Utilisez-les pour agir en faveur des droits humains : plus de 50 ans d’expérience ont montré que l’écriture de lettres n’était pas une tâche aussi ingrate, après tout – elles peuvent vraiment changer des vies.

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