Écrire Un défenseur des droits humains en détention en Tchetchénie

Le 9 janvier 2018, la police a arbitrairement arrêté le défenseur des droits humains tchétchène Oyoub Titiev. Il a été détenu au secret pendant plusieurs heures et est toujours en garde à vue pour des accusations de détention de stupéfiants forgées de toutes pièces. S’il est jugé et déclaré coupable, il risque jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Cet homme est un prisonnier d’opinion et doit donc être libéré immédiatement et sans condition.

Le 9 janvier 2018 dans la matinée, des agents de la police de la circulation ont arrêté et fouillé la voiture d’Oyoub Titiev, le directeur de la branche de Grozny, en Tchétchénie, de l’ONG Memorial. Un ami d’Oyoub Titiev, qu’il avait prévu de retrouver avant le travail, a été témoin de la scène. Cet ami a ensuite vu la voiture d’Oyoub Titiev garée dans la cour du poste de police de Kourtchaloï, et un policier lui a confirmé officieusement que le défenseur des droits humains y était détenu. Le téléphone portable d’Oyoub Titiev est toujours allumé mais il ne décroche pas lorsqu’on l’appelle.

L’avocat d’Oyoub Titiev s’est rendu au poste de police le matin même, mais la police a refusé de le laisser entrer et a nié détenir son client. La police n’a pas informé les proches d’Oyoub Titiev de son arrestation, ne l’a pas autorisé à contacter son avocat et l’a maintenu en détention au secret pendant plusieurs heures, enfreignant ainsi la loi. Ce n’est qu’après l’intervention de la médiatrice des droits humains de la Fédération de Russie et du président du Conseil présidentiel pour les droits de l’homme, à la demande des collègues d’Oyoub Titiev, que le ministre tchétchène de l’Intérieur a confirmé qu’Oyoub Titiev avait été arrêté lorsqu’« environ 180 grammes d’une substance avec une odeur de cannabis » ont été découverts lors d’une fouille de son véhicule. Oyoub Titiev est accusé de détention illégale de stupéfiants au titre de l’article 228 du Code pénal russe. S’il est déclaré coupable, il risque 10 ans d’emprisonnement.

L’avocat d’Oyoub Titiev n’a pu s’entretenir avec lui que vers 19 heures. Oyoub Titiev a nié ces accusations. L’audience pour déterminer s’il doit être placé en détention provisoire est prévue pour le 11 janvier. Amnesty International pense que les éléments de preuve contre Oyoub Titiev ont été forgés de toutes pièces et que la police l’a arrêté en vue de le réduire au silence et d’entraver son travail. Oyoub Titiev est un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour ses activités pacifiques de défense des droits humains, et il doit être libéré immédiatement et sans condition.

Oyoub Titiev travaille pour la branche de Grozny de l’ONG Memorial depuis plusieurs années et a fait l’objet de nombreuses menaces en raison de son travail de défense des droits humains. Il est devenu directeur de la branche de Grozny de l’ONG peu après l’homicide de la défenseure des droits humains et employée de Memorial Natalia Estemirova en 2009. Après son homicide, de nombreux membres du personnel de Memorial ont dû quitter le pays car ils craignaient pour leur vie, et Memorial a dû suspendre ses activités en Tchétchénie pendant cinq mois.

Ces derniers mois, Oyoub Titiev et d’autres collègues de Memorial travaillaient sur l’affaire de 27 Tchétchènes victimes d’une disparition forcée et abattus par la police dans la nuit du 26 janvier 2017. Le journal russe indépendant Novaïa Gazeta a beaucoup écrit sur ce sujet. Les collègues d’Oyoub Titiev pensent que sa détention est une tentative des autorités d’entraver son travail légitime de défense des droits humains.

En 2014, une affaire pénale pour des accusations de possession de stupéfiants forgées de toutes pièces a été ouverte contre le militant tchétchène de la société civile Rouslan Koutaev (AU 66/14). Son procès a été entaché de nombreuses violations du droit à un procès équitable. Pendant qu’il était en garde à vue, Rouslan Koutaev a été victime d’actes de torture et d’autres mauvais traitements. Les demandes de ses avocats d’ouvrir une enquête sur les allégations de recours à la torture contre le militant ont été rejetées. En juillet 2014, malgré les éléments accablants prouvant son innocence, Rouslan Koutaev a été déclaré coupable et condamné à une peine de quatre ans d’emprisonnement, réduite de deux mois en appel en octobre 2015. Rouslan Koutaev a purgé sa peine et a été libéré le 20 décembre 2017.

Amnesty International a fait campagne sur le cas de Rouslan Koutaev et l’a déclaré prisonnier d’opinion.

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