Écrire Un défenseur des droits humains et avocat entame une grève de la faim

Waleed Abu al Khair, défenseur des droits humains et avocat emprisonné, a entamé une grève de la faim le 7 juin pour protester contre le refus des autorités pénitentiaires de lui faire prodiguer des soins médicaux adaptés et les mauvais traitements qu’il subit.

Waleed Abu al Khair, éminent défenseur des droits humains et avocat qui purge actuellement une peine de 15 ans d’emprisonnement en raison de son militantisme pacifique, a entamé une grève de la faim le 7 juin à la prison de Briman, à Djedda, afin de protester contre les mauvais traitements que lui infligent les autorités pénitentiaires, y compris la privation de soins médicaux adaptés. Souffrant de diabète et de complications intestinales, il a besoin d’un suivi médical et d’un régime spécial, que la direction de la prison lui refuse.

Waleed Abu al Khair est aussi victime de harcèlement. La direction de la prison l’empêche d’accéder à ses livres et ne l’autorise à lire des journaux qu’une fois par semaine. Le 18 avril 2015, Waleed Abu al Khair a été agressé et frappé par un autre détenu à la prison d’Al Hair, à Riyadh, après s’être plaint des mauvaises conditions carcérales, notamment de la nourriture insuffisante et de l’absence de certains services de base, ainsi que de la corruption au sein de la prison. Après avoir reçu des soins médicaux à l’infirmerie, il a porté plainte auprès des autorités pénitentiaires et, le lendemain, trois gardiens ont effectué une descente arbitraire dans sa cellule et ont procédé, sans ménagement, à une fouille approfondie sous prétexte de confisquer des objets interdits.

Après sa première arrestation le 15 avril 2014, Waleed Abu al Khair a été conduit au centre de détention de la Direction des enquêtes criminelles à Riyadh, où il a été détenu à l’isolement pendant quelques jours et privé de sommeil en étant constamment exposé à une lumière vive. Il a ensuite été transféré entre différents centres de détention et a déclaré avoir subi des mauvais traitements, notamment des coups, à plusieurs reprises.

Waleed Abu al Khair est un éminent avocat spécialiste des droits humains qui préside l’Observatoire des droits humains en Arabie saoudite, organisation indépendante de défense des libertés fondamentales créée en 2008. Il a défendu de nombreuses personnes victimes de violations des droits humains. Parmi ses clients figure Raif Badawi.

Depuis 2011, Waleed Abu al Khair fait l’objet de harcèlement, de surveillance et d’une interdiction de voyager à l’étranger. Les autorités l’ont arrêté et interrogé à de nombreuses reprises et ont engagé des poursuites à son encontre au moins deux fois. Cet homme a été appréhendé le 15 avril dernier à l’issue de sa cinquième audience devant le Tribunal pénal spécial à Riyadh. Il purge actuellement sa sentence à la prison d’Al Hair. Le Tribunal pénal spécial, juridiction d’exception jugeant des affaires en rapport avec la sécurité et la lutte contre le terrorisme, et dont la compétence et les règles internes n’ont pas été précisées, l’a déclaré coupable d’avoir « désobéi au souverain et cherché à lui ôter sa légitimité », « insulté le pouvoir judiciaire et remis en cause l’intégrité des juges », « créé une organisation non autorisée », « nui à la réputation de l’État en communiquant avec des organisations internationales » et « rédigé, enregistré et envoyé des informations troublant l’ordre public ».

Le 6 juillet 2014, Waleed Abu al Khair a été condamné à 15 ans de prison, une interdiction de voyager de la même durée et une amende s’élevant à 200 000 riyals (environ 45 000 euros), mais le Tribunal pénal spécial a ordonné qu’il ne purge que 10 ans. Le 12 janvier, lors du procès en appel, le juge qui a confirmé sa condamnation a ordonné qu’il purge l’intégralité de sa peine pour avoir refusé de présenter des excuses pour les faits qui lui sont reprochés. Waleed Abu al Khair refuse toujours de reconnaître la légitimité du Tribunal pénal spécial.

Des dizaines d’autres défenseurs des droits humains et de militants de la société civile font l’objet de la répression exercée par les autorités depuis plusieurs mois. Parmi eux figurent des membres de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), créée en octobre 2009, qui signale des atteintes aux droits humains et aide de nombreuses familles de personnes détenues sans inculpation. Au moins 12 membres fondateurs et membres actifs de l’organisation ont été emprisonnés ou détenus sans inculpation depuis lors, condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement ou libérés après avoir passé de longues années derrière les barreaux.

Bon nombre des défenseurs des droits humains incarcérés ont indiqué être victimes de harcèlement et d’autres mauvais traitements. La plupart se plaignent des conditions de détention et du traitement discriminatoire qui leur est imposé. Leurs effets personnels sont confisqués arbitrairement. Les prisons saoudiennes sont surpeuplées. Plus de 300 prisonniers peuvent dormir à même le sol dans des endroits prévus pour 80 personnes, le plus souvent sans matelas ni couverture, et doivent attendre longtemps avant de pouvoir aller aux toilettes. Certains sont mal nourris et voient à peine le soleil pendant de longues périodes. Bon nombre de militants sont incarcérés avec d’autres prisonniers dont certains ont été condamnés pour des crimes violents.

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