La Student Pride d’Ankara doit avoir lieu

DES ÉVÉNEMENTS LGBTI INTERDITS EN TURQUIE

Depuis le coup d’État échoué en 2016, un état d’urgence continu s’est installé en Turquie, causant une détérioration accélérée de la situation déjà précaire des droits humains dans le pays. L’impact de la répression de la société civile est particulièrement ressenti par la communauté LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués), poussée dans l’ombre en raison de l’augmentation de campagnes d’intimidation et de harcèlement auxquelles elle fait face.

La communauté LGBTI est également confrontée à une interdiction pour une durée indéterminée de ses évènements dans la capitale du pays, Ankara, depuis novembre 2017. Par ailleurs, la Pride à Istanbul a été interdite ces deux dernières années et cela risque d’être le cas cette année également. Le droit turc et le droit international garantissent pourtant le droit de se réunir pacifiquement. Pour entrer dans le cadre de la loi, toute restriction imposée à ce droit doit être nécessaire et proportionnée, ce qui signifie qu’elle doit répondre à une nécessité sociale pressante, afin de protéger un objectif légitime. Ces interdictions sont donc illégales au regard du droit turc.

LA STUDENT PRIDE D’ANKARA AURA-T-ELLE LIEU ?

Ces sept dernières années, en mai, le groupe ODTÜ LGBTI+ Solidarity de l’Université Technique du Moyen-Orient à Ankara a pu organiser une Marche des fiertés sur le campus à la fin du Festival annuel du printemps, avec le soutien de nombreuses organisations étudiantes. Début avril, l’administration de l’université a informé la préfecture d’Ankara de la tenue du Festival, qui se déroule cette année du 9 au 11 mai, et de la Marche des fiertés, prévue le 12 mai. La préfecture a répondu que le festival et la marche ne pourraient avoir lieu, en raison du risque de « provocation ». Un article pro-gouvernement a qualifié les organisateurs de la Marche de « déviants qui prévoient de montrer leur manque de moralité sous le slogan “Nous sommes partout, nous somme le pays”, sans tenir compte des sensibilités religieuses peu de temps avant le début du ramadan ».

ODTÜ LGBTI+ Solidarity, le groupe étudiant qui organise la marche, a le soutien d’autres groupes d’étudiants du campus et est déterminé à mener à bien cette Marche. Un des représentants du groupe a dit à Amnesty : « Nous pensons que si nous cédons aujourd’hui, il sera ensuite très difficile de récupérer le terrain. Nous avons réalisé la Marche des fiertés l’année passée sous l’état d’urgence. Depuis l’interdiction en novembre, malgré tous les actes de sabotage, nous avons réussi à diffuser le film “Pride”. Notre marche aura lieu. »

MOBILISEZ-VOUS AU PLUS VITE !

Il y a une fenêtre d’opportunité, mais nous n’avons pas beaucoup de temps. Tout porte à penser que les lignes peuvent encore bouger, si l’université et la préfecture ressentent une forte pression venant de l’étranger. L’université a une longue tradition d’indépendance, en interdisant à la police d’entrer dans le campus, et cette Marche a soulevé énormément de soutien de tous les étudiants. Signez notre pétition avant mercredi 9 mai à midi, et demandez aux autorités civiles et universitaires d’assurer que la Marche des fiertés ait lieu !

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