4.1. La peine de mort

« Tout individu à droit à la vie »

Article 3
de la Déclaration Universelle des
droits de l’homme.

Amnesty International s’oppose à la peine
de mort, car c’est le châtiment le plus
cruel, inhumain et dégradant qui soit, et
qu’il viole le droit à la vie.

DÉBAT :
Pour ou contre la peine de mort ?

Bien que ce débat suscite toujours beaucoup
d’émotions difficiles à maîtriser, il
s’agit d’un débat essentiel qui pose la question
du rôle de la justice, du respect de la
dignité humaine et du droit à la vie. Ces
notions sont au coeur de la Déclaration
universelle des droits de l’homme.
Proposez à vos élèves quelques pistes de
réflexion « à froid » (voir les pistes cidessous).

Montrez-leur ensuite le film sur la
peine de mort en Chine. Vous pouvez
commander le DVD de ce film chez
Amnesty au prix de 5 euros.

Pistes de réflexion sur la peine de
mort :

— Une personne qui a tué mérite d’être tuée à son
tour… Si c’était ton enfant qu’on tuait, toi aussi
tu approuverais la peine de mort !

La peine de mort n’efface pas la souffrance
de la victime et de ses proches. Au
contraire, elle banalise l’acte de tuer,
puisque même la justice, qui devrait
montrer le bon exemple, a le droit de tuer !
C’est donc que tuer n’est pas si grave…

– La peine de mort est nécessaire pour faire peur
aux criminels. Ainsi, ils n’oseront plus tuer,
sachant qu’ils risquent d’être exécutés à leur tour.

Dans les pays qui appliquent la peine de
mort, on n’a pas observé de baisse significative
de la criminalité. C’est donc que
l’effet dissuasif de la peine de mort ne fonctionne
pas.

– La peine de mort est une forme de justice plus
efficace, qui empêche les criminels de recommencer
après leur libération.

Amnesty ne demande pas de libérer les
criminels jugés inaptes à se réinsérer dans
la société. Mais on ne peut accepter comme
solution à la criminalité l’idée de tuer un
être humain, quel qu’il soit.

Ce type de « solution » risque surtout de voir
des innocents exécutés. Aucun système de
justice n’est à l’abri d’erreurs. De
nombreux pays ont libéré des condamnés à
mort après la découverte de nouveaux éléments qui les disculpaient. Pour d’autres
condamnés, ces informations sont arrivées
trop tard.

– La peine de mort est une bonne façon de faire
comprendre à celui qui a commis une faute qu’il
était dans l’erreur.

À quoi servirait au condamné le fait de
comprendre son erreur, si c’est pour être
exécuté ? En quoi le fait de tuer peut-il être
pédagogique ? C’est au contraire un drôle
de message que la justice ferait passer :
pour montrer que tuer n’est pas bien, on
va tuer quelqu’un… Pas très logique !

– Grâce aux injections létales, la peine de mort
est plus douce pour le condamné.

Tuer quelqu’un est toujours un acte
violent. La peine de mort implique en plus
qu’il y ait un bourreau, c’est-à-dire quelqu’un
de formé (et souvent payé) pour
donner la mort. Celui qui joue le rôle du
bourreau, qu’ils soit le médecin préparant
les doses mortelles à injecter ou le soldat
qui tire une balle dans la nuque, devient
lui-même un assassin, au même titre que
tous ceux qui lui ont donné l’ordre de tuer.

– La peine de mort a toujours existé et existera
toujours.

Au contraire, la tendance générale est à
l’abolition. À l’heure actuelle (mai 2007),
128 pays ont aboli la peine capitale en
droit ou en pratique, alors que seulement
69 maintiennent ce châtiment dans leur
législation, même si le nombre de pays qui
procèdent à des exécutions chaque année
est nettement inférieur. En dehors de la
Chine, les exécutions deviennent de plus
en plus rares. Depuis 1990, plus de 45 pays
ont aboli la peine capitale pour tous les
crimes. En Europe, seule la Biélorussie n’a
pas encore aboli la peine de mort et ne la
pratique quasiment pas.

Bref, avec la peine de mort…

 La mort d’un être humain devient un
spectacle.
 La justice devient la vengeance.

 Un être humain, le bourreau, est
désigné pour donner la mort à un autre
être humain, qu’il tue de sang froid.

Accepter la peine de mort, c’est accepter
que les instincts les plus violents –ceux
que la justice condamne- deviennent la
norme.

Chansons

En 2003, Amnesty
Jeunes avait organisé
un concours
pour les jeunes de
textes de chansons
sur la peine de
mort, intitulé « Pas
la Peine ».

Vous pouvez écouter ces chansons
en classe et les analyser. Pour
commander le CD « Pas la peine » (5 Euros),
téléphonez au 02/538 81 77

ETUDE DE TEXTE

En Chine, la peine de mort sert à
calmer la colère du peuple

Courrier International, 30/05/07

La condamnation à mort pour corruption
de l’ancien responsable du Bureau de l’alimentation
et du médicament, Zheng
Xiaoyu, par un tribunal pékinois, satisfera
la colère populaire, mais n’aidera en aucun
lieu à régler le problème de la corruption,
écrit l’éditorialiste chinois Qiu Feng sur le
site Xin Shiji, installé aux Etats-Unis. Zheng
a immédiatement fait appel.

Zheng Xiaoyu était accusé d’avoir reçu pour
6 400 000 yuans (640 000 euros) de pots-devin
en échange d’autorisations de commercialisation
de centaines de médicaments
non encore testés.
Certains experts demandent depuis
quelque temps l’abolition de la peine de
mort. Mais cette idée n’est absolument pas
populaire, souligne l’éditorialiste. De plus,
à une époque où la corruption est généralisée,
il faut croire que le risque de la peine
de mort n’effraie pas, poursuit-il. Tant de
fonctionnaires sont corrompus, et si peu se
font prendre, que le risque de perdre la vie
par décision de justice est moins grand que
celui de la perdre dans un accident de la
circulation. La peine de mort a beau être
effrayante, elle reste très improbable.

Questions

Selon ce texte, pensez-vous que la peine de
mort ait un effet positif sur la criminalité
en Chine ? Pensez-vous que la peine de
mort soit une solution à la corruption ?

POURCENTAGES ET STATISTIQUES

Dans son dernier rapport annuel, Amnesty
a recensé 1591 exécutions dans le monde
en 2006, dont 1010 ont eu lieu en Chine.
Calculez le pourcentage d’exécutions en
Chine par rapport au reste du monde.
Notez que le chiffre de 1010 est basé sur
des informations officielles, mais tout
porte à croire que le chiffre réel se situe
entre 7000 et 8000 exécutions en Chine.
Calculez le nouveau pourcentage en vous
basant cette fois sur cette estimation.

CITATIONS LITTÉRAIRES

« Et bien, songez-y, qu’est-ce que la peine de mort ?
La peine de mort est le signe spécial et éternel de
la barbarie. Partout où la peine de mort est
prodiguée, la barbarie domine ; partout où a
peine de mort est rare, la civilisation règne. »

Il
s’agit d’un extrait du discours de Victor
Hugo qu’il proclama devant l’assemblée
constituante en 1848.

Demandez aux élèves de commenter cette
citation : « Il vaut mieux hasarder de sauver un
coupable plutôt que de condamner un innocent. »

Il s’agit d’une citation de Voltaire en faveur
de l’abolition de la peine de mort.
Comme pour les citations de Victor Hugo,
vous pouvez proposer aux élèves de
commenter cette citation d’un philosophe
des lumières.

« Je laisse une mère, je laisse une femme, je laisse
un enfant.
Une petite fille de trois ans, douce, rose, frêle, avec
de grands yeux noirs et de longs cheveux
châtains.
Elle avait deux ans et un mois quand je l’ai vue
pour la dernière fois.
Ainsi, après ma mort, trois femmes, sans fils, sans
mari, sans père ; trois orphelines de différente
espèce ; trois veuves du fait de la loi.
J’admets que je sois justement puni ; ces innocentes,
qu’ont-elles fait ? N’importe ; on les déshonore,
on les ruine. C’est la justice.
(...) Mais ma fille, mon enfant, ma pauvre petite
Marie, qui rit, qui joue, qui chante à cette heure
et ne pense à rien, c’est celle-là qui me fait mal ! »

Le Dernier jour d’un condamné - 1829

« De deux choses l’une :
Ou l’homme que vous frappez est sans famille,
sans parents, sans adhérents dans ce monde. Et
dans ce cas, il n’a reçu ni éducation, ni instruction,
ni soins pour son esprit, ni soins pour son
coeur ; et alors de quel droit tuez-vous ce misérable
orphelin ? Vous le punissez de ce que son enfance a rampé sur le sol sans tige et sans tuteur
 ! Vous lui imputez à forfait l’isolement où vous
l’avez laissé ! De son malheur, vous faites son
crime ! Personne ne lui a appris à savoir ce qu’il
faisait. Cet homme ignore. Sa faute est à sa
destinée, non à lui. Vous frappez un innocent.
Ou cet homme a une famille ; et alors croyez-vous
que le coup dont vous l’égorgez ne blesse que lui
seul ? que son père, que sa mère, que ses enfants,
n’en saigneront pas ? Non. En le tuant, vous décapitez
toute sa famille. Et ici encore vous frappez
des innocents. »

Le dernier jour d’un
condamné- Préface 1832

A partir de ces célèbres
extraits du roman de
Victor Hugo "Le dernier
jour d’un condamné", vous
pouvez demander à vos
élèves de répondre à la
question suivante : « Mis
à part le condamné, n’y a-til
pas d’autres victimes de
cette condamnation et de
cette mort... ? ».

Voir aussi la Bande Dessinée tirée du
roman d’Hugo, adaptée par Stanislas Gras
et parue aux éditions Delcourt.

RECHERCHE

Proposez à vos élèves de faire une
recherche sur des philosophes, des écrivains,
des penseurs ou des poètes qui se
sont engagés dans la lutte contre la peine
de mort à travers les siècles. (Victor Hugo,
Camus, Larroze, Voltaire...)

Les intellectuels et les personnalités
publiques ont-elles un rôle à jouer dans ce
domaine ? Ont-elles une responsabilité
morale ? Quel impact peuvent-elles avoir ?
Pensez-vous qu’en Chine, de tels courants
de pensée existent ? Qui sont les Voltaire et
Hugo chinois ?

RÉDACTION

Demandez à vos élèves de rédiger un
dialogue argumentatif opposant un
partisan de la peine de mort et un partisan
de son abolition.

POUR EN SAVOIR PLUS...

Voici deux romans dénonçant la peine de
mort :

 L’étranger, d’Albert
Camus.

Résumé de l’histoire
 : Meursault est un
modeste employé de
bureau, à Alger. Il retrace
son existence, de la mort
de sa mère jusqu’à sa
condamnation à mort
pour le meurtre d’un Arabe, limitée au
déroulement mécanique de gestes quotidiens
et à la quête de sensations élémentaires.

 Le dernier jour d’un condamné, de
Victor Hugo, roman défendant l’abolition
de la peine de mort.

Le livre est le
journal d’un condamné à mort, ou
encore un monologue intérieur, qui se
propose d’écrire ce qu’il vit pendant les
dernières semaines (à partir d’un peu
avant son jugement, c’est-à-dire un peu
plus que six semaines) avant son exécution.
Le lecteur ne connaît ni le nom de
cet homme, ni ce qu’il a fait pour être
condamné (il existe quelques vagues
indications qui laisseraient croire qu’il a
tué un homme même si symboliquement
on pourrait croire qu’il s’est tué
lui même dans son seul crime) : l’oeuvre
se présente comme un témoignage brut,
à la fois sur l’angoisse du condamné à
mort et ses dernières pensées, les souffrances
quotidiennes morales et
physiques qu’il subit et sur les conditions
de vie des prisonniers, par
exemple dans la scène du ferrage des
forçats. Il exprime ses sentiments sur sa
vie antérieure et ses états d’âme...

Et voici trois films sur le sujet :

 La vie de David
Gale, film américain
d’Alan Parker,
sorti en 2003.

David Gale, un
ancien professeur
dans une université
du Texas est
condamné à mort
pour avoir violé et
tué une collègue de travail. Toutes les
preuves sont contre lui : empreintes
digitales sur le sac de plastique qui a
servi à étouffer la victime, sperme à l’intérieur
de la victime et empreintes de
soulier... À trois jours de son exécution,
il fait venir une journaliste pour qu’il
lui accorde 3 entrevues de 2h. La journaliste
découvrira alors qu’il était un
ardent défenseur de l’abolition de la
peine capitale, tout comme la victime...
Elle fera des longues recherches pour
comprendre l’histoire de David Gale.

 Le pull-over rouge.

Tout d’abord un
livre puis l’adaptation
en film. 1974.
Le meurtre d’une
enfant de huit ans,
dans la région de
Marseille, provoque
l’indignation générale.
Très vite, la
police arrête un
suspect, un homme de vingt-deux ans
sans histoires : Christian Ranucci. Toutes
les apparences sont contre lui. À l’intérieur
de son véhicule, aperçu le jour du
crime par un témoin, on retrouve son
pantalon ensanglanté. Après plusieurs
heures de garde-à-vue, Ranucci craque et
avoue le meurtre. Peu après, il revient
sur ses aveux et permet au doute de
s’installer. Mais son procès, deux ans
plus tard, intervient un mois après celui
de Patrick Henry. Reconnu coupable,
Ranucci est guillotiné le 28 juillet 1976,
malgré les nombreuses zones d’ombres
du dossier qui sont révélées par une
reconstitution minutieuse de l’affaire.

 Dead Man
Walking.

Soeur
Helen Prejean,
une religieuse
vouée à la cause
des minorités et
des exclus, reçoit,
un jour, une
lettre de Matthew
Poncelet, un
jeune criminel
condamné à la peine capitale pour le
meurtre de deux adolescents et qui
attend depuis six ans son exécution
dans le couloir de la mort d’un pénitencier
de Louisiane. Poncelet demande à la
religieuse de l’aider dans ses ultimes
démarches de recours en grâce puis de
devenir son conseiller spirituel. D’abord
réticente et hostile face à ce criminel
endurci accusé d’avoir, avec son
complice Carl Vitello, froidement abattu
le jeune Walter Delacroix d’une balle
dans la nuque et violé puis poignardé sa fiancée Hope Percy, Soeur Helen va se
lier d’amitié avec Poncelet en dépit de
ses propos racistes liés à son appartenance
à la Fraternité Aryenne et son
absence totale de remords.

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