5.2. Femmes et SIDA.

5. 2. Femmes et Sida

Les jeunes femmes sont souvent victimes de violences sexuelles non seulement parce que ce sont des femmes, mais aussi parce qu’elles sont jeunes et vulnérables. Dans certaines sociétés, des jeunes filles ont dû subir des rapports sexuels en raison d’une croyance absurde selon laquelle les hommes contaminés par le VIH ou atteints du sida guériraient s’ils avaient des relations avec une vierge ! Des chiffres communiqués récemment par l’ONUSIDA montrent que les jeunes filles de quinze à dix-neuf ans vivant en Afrique subsaharienne courent six fois plus de risque d’être séropositives que les garçons de la même classe d’âge, essentiellement à cause des viols, des rapports sexuels contraints et de leur incapacité à obtenir des pratiques sexuelles sûres. L’âge ne protège pas les femmes de la violence. Si certaines sociétés respectent la sagesse des femmes âgées, leur accordent une certaine considération et leur offrent une plus grande autonomie, d’autres maltraitent les femmes fragiles et isolées, particulièrement les veuves. Au Zimbabwe, par exemple, des organisations ont constaté une augmentation des agressions contre les veuves, accusées d’être des sorcières et rendues responsables de la propagation du VIH et de la multiplication des cas de sida !

Les liens entre sida et violence contre les femmes

Au-delà de la pauvreté, il existe d’autres facteurs qui favorisent la propagation du virus du Sida. Le viol en est un. L’immense majorité des victimes de viols sont des femmes et des jeunes filles. Elles risquent à la fois de tomber enceintes de leur violeur et d’être contaminées par le VIH/sida (et les autres maladies sexuellement transmissibles). L’administration préventive de médicaments dans les 72 heures qui suivent l’exposition au virus pourrait réduire la probabilité d’infection par le VIH, mais peu de femmes des pays pauvres ont accès à ce type de traitement.
La violence ou la crainte de la violence empêchent souvent les femmes d’adopter, en concertation avec leur partenaire, des pratiques sexuelles protégées, y compris au sein du mariage. Les femmes qui essayent d’obtenir de leur partenaire masculin qu’il adopte de nouveaux comportements sexuels - en lui demandant d’utiliser des préservatifs, par exemple - sont parfois accusées d’être infidèles ou séropositives. Par contre, la fidélité d’une femme ne la protège nullement contre le virus d’un mari séropositif.
De plus, beaucoup de femmes craignent d’être rejetées par leur entourage ou leur mari en avouant avoir le sida. L’exemple de Gugu Dlamini, battue à mort par des voisins en Afrique du Sud après avoir révélé sa séropositivité, n’est pas unique. De nombreux témoignages confirment que les femmes ont peur que leur mari ne réagisse violemment en apprenant leur séropositivité.

Rwanda :

Le sida, une nouvelle forme d’exclusion

Les séquelles du génocide et de la guerre ont souvent eu des répercussions spécifiques et particulièrement graves sur les femmes et les jeunes filles au Rwanda. Les femmes qui ont un accès limité aux soins de santé, continuent de mourir de maladies liées au VIH /SIDA, que certaines d’entre elles ont contracté lors de viols au cours du génocide et du conflit armé de 1994.

Celles qui ont survécu aux viols et leurs familles sont confrontées à toute une série d’autres violations de leurs droits fondamentaux : les survivantes de violences sexuelles ont pu contracter le virus du SIDA, qui les stigmatise ainsi que leurs familles. Cette situation peut entraîner la perte d’un emploi, des difficultés à défendre les droits liés à la propriété et la perte de droits civils et politiques. Les enfants dont les parents sont atteints du VIH/SIDA tombent souvent dans un état de très grande pauvreté après la mort de leurs tuteurs. Ces enfants peuvent être forcés de devenir vendeurs dans les rues ou tout simplement se retrouvent sans logis, ce qui les expose au viol ou peut les conduire à avoir des relations sexuelles en échange de nourriture ou d’argent.

AVEGA, une association de veuves du génocide, estime que presque 70% des femmes violées pendant le génocide ont contracté le VIH, et que 80,9% des victimes du génocide sont toujours traumatisées. Bien que tous les cas de VIH/SIDA chez les rescapées de viols ne puissent être attribués à des violences sexuelles, la pratique massive du viol durant l’année 1994 a contribué à répandre le virus au Rwanda de manière significative, étant donné le risque élevé de transmission du VIH au cours de violences sexuelles.

À travers le monde

51 % de toutes les personnes infectées par le virus du SIDA (environ 20 millions de personnes) sont des femmes (UNIFEM 2003).
À travers le monde, plus de la moitié des nouveaux cas d’infection par le virus du Sida concerne
des jeunes gens âgés de 15 à 24 ans et plus de 60 % des jeunes séropositifs sont des femmes dans le groupe des 15-24 ans (ONUSIDA, 2003) et 55 % des 16000 cas nouveaux d’infection comptabilisés chaque jour sont des femmes (ONUSIDA, 2003)
Le SIDA est aujourd’hui l’une des principales causes de décès chez les femmes âgées de vingt à quarante ans dans plusieurs villes d’Europe, d’Afrique sub-saharienne et d’Amérique du Nord (ONUSIDA, 2003).
Trois millions de personnes sont mortes du maladies liées au SIDA en 2003 (ONUSIDA, 2003).
"Dans les Caraïbes, 70 % des personnes infectées en 2003 sont des femmes", s’alarme le New York Times. En Haïti, 51 % des filles disent avoir été violées à l’école.
Dans le Transkei, une province d’Afrique du Sud, 26 % des filles de 16 à 23 ans affirment avoir eu un rapport sexuel forcé.
En Inde, les femmes au foyer sont de plus en plus touchées, car elles n’ont aucun moyen de protester contre les mariages arrangés, qui sont un redoutable vecteur : 80 % des femmes infectées sont mariées et 90 % des hommes ignorent leur séropositivité. (The Independent.)

Pour en savoir plus

  Rwanda : Vouées à la mort, les victimes de viol atteintes par le VIH/SIDA, rapport d’Amnesty International, AFR 47-007-2004

  Darfour (Soudan), Le viol : une arme de guerre, rapport d’Amnesty International, AFR 54/076/2004.

  Organisation Mondiale de la Santé. http://www.who.int/fr/index.html

  Libération, de l’Afrique au Bangladesh, les femmes sont victimes de violences sexuelles qui les exposent à une contamination dévastatrice. http://www.liberation.fr/page.php?Article=223604

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