INTRODUCTION GENERALE

Identités et discriminations: un cocktail explosif!

7 juillet 2005 : un nouvel attentat revendiqué par une mouvance d’Al-Qaïda tue plus de cinquante personnes à Londres. L’émotion est immense, on se pose à nouveau les mêmes questions, déjà entendues après le 11 septembre ou après les attentats de Madrid : qui a intérêt à provoquer cela, pourquoi, comment éviter que cela ne recommence ?...

La police ne tarde pas à arrêter des suspects, pendant que certains hommes politiques cherchent à se faire une popularité en se montrant plus intransigeants que leurs collègues. Le porte-parole du parti conservateur britannique n'y va pas par quatre chemins: «S'ils n'aiment pas notre façon de vivre, il y a un remède simple: qu'ils aillent dans un autre pays, qu'ils sortent!» Un responsable de la police déclare de son côté qu'il ne va pas perdre son temps à contrôler des «Blancs», alors que les suspects sont à rechercher dans la population immigrée. Un de ces fameux «suspects» est abattu de huit balles dans la tête par la police britannique à bout portant. Contrairement aux dépositions de la police, les images vidéo ont prouvé qu'il ne s'était pas enfui.

Il était Brésilien et n’avait rien à voir avec les attentats. Ce qui est sûr, c’est que ce genre de bavure ne calme pas les tensions entre communautés.

Les incidents racistes, particulièrement contre les musulmans, ont augmenté de 600% à Londres pendant les premières semaines après les attaques, par rapport à juillet 2004. Agressions verbales, bombes incendiaires contre les mosquées, intimidations... Résultat: les communautés musulmanes se terrent dans leurs maisons, ont peur de sortir, restent entre eux... Une réaction à l'opposé de l'appel gouvernemental, qui a explicitement demandé à la communauté musulmane de se lier davantage au reste de la société.

Ce qui se passe en Grande-Bretagne pourrait arriver en Belgique et dans d’autres pays européens, même si notre pays n’a pas été touché par un attentat revendiqué par Al-Qaïda. Il semble que le cercle vicieux de la violence se propage comme une onde négative, répercutée par la rumeur et les idées simplistes... Une violence qui tue, mais qui cause aussi beaucoup de dégâts dans les esprits. Une violence qui n’épargne pas les jeunes et les écoles, où les incidents racistes se multiplient depuis les attentats du 11 septembre.

Comment en est-on arrivé là? Est-il encore possible de vivre ensemble, dans une société multiculturelle? Comment surgit la violence? Comment se forgent les identités, les opinions, les préjugés? 

Après avoir abordé les auteurs de violences et de discriminations, nous nous intéresserons aux groupes qui en sont victimes, dans toute leur diversité : que les violences et les discriminations soient basées sur la « race » ou l’ethnie, sur le genre ou l’orientation sexuelle, sur l’âge ou le statut social, sur les croyances ou les religions, sur le fait d’avoir fait de la prison, les discriminations sont toujours à dénoncer, car elles sont porteuses de violence et d’exclusion...

C'est toujours dans les périodes de peur ou d'insécurité que les opinions racistes, les préjugés de toutes sortes et les attitudes de rejet s'expriment avec le plus de violence, comme si les garde-fous traditionnels se relâchaient... À nous tous, enseignants, associations, éducateurs, mais aussi simples citoyens, d'essayer de prévenir cette violence et de travailler pour une société plus respectueuse des droits fondamentaux de chacun. Nous espérons que ce dossier pourra vous aider dans cette tâche.

Roland d’Hoop

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