Eryhtrée

BONNE NOUVELLE !

La chanteuse de gospel Helen Berhane est libre !

Amnesty International s’est félicitée de la libération, survenue
quelques jours plus tôt, de la chanteuse de gospel érythréenne Helen
Berhane, qui avait été détenue au secret sans inculpation ni procès pendant
deux ans et demi au camp militaire de Mai Serwa.

Helen Berhane figurait parmi les 2 000 détenus membres d’Églises
évangéliques interdites en Érythrée, notamment son Église Rema, soumise à de
constantes persécutions du gouvernement érythréen ces quatre dernières
années.

Helen Berhane a passé la plupart de sa détention dans des conditions
inhumaines et dégradantes, à l’intérieur d’un container métallique de
transport faisant office de cellule. Les autorités l’auraient torturée à de
nombreuses reprises pour lui faire abjurer sa foi. En octobre 2006, Helen
Berhane a été admise dans un hôpital d’Asmara après de nouveaux passages à
tabac. Elle a été libérée à la fin octobre mais serait en fauteuil roulant,
en raison de blessures reçues aux pieds et aux jambes. Helen Berhane a
refusé d’abjurer sa foi malgré les menaces et les mauvais traitements.

Amnesty International demande au gouvernement d’Érythrée de
respecter sa constitution et ses obligations définies par le droit
international, en respectant la liberté de religion et la liberté d’être
protégé contre toute détention au secret et arbitraire, et autre traitement
cruel, inhumain ou dégradant infligé aux prisonniers.

Malgré la libération d’Helen Berhane, Amnesty International craint
que la persécution systématique de personnes pour raisons religieuses ne
continue en Érythrée.

Les 15 et 16 octobre 2006, plus de 150 hommes, femmes et enfants,
membres de l’Église Kale Hiwot (la parole du Seigneur), de l’Église Mullu
Wengel, de l’Église du Dieu vivant et de l’Église Rema, ont été arrêtés à
leurs domiciles dans la ville de Mendefera, à 50 kilomètres au sud de la
capitale Asmara. Douze membres de l’Église Rema ont également été arrêtés
dans la ville d’Adi Quala, plus au sud, pour célébration de culte dans un
domicile privé. Deux d’entre eux, Immanuel Andegergesh et Kibrom
Firemichael, seraient morts des suites de la torture dans un camp militaire
voisin.

En outre, de nombreux membres d’autres groupes religieux sont
maintenus en détention au secret et pour une durée indéterminée, sans
inculpation ni procès. Parmi ces personnes figurent trois témoins de Jéhovah
détenus depuis douze ans pour avoir refusé le service militaire, et des
dizaines de membres de groupes dissidents de l’Église orthodoxe ou du
conseil musulman officiels.

Helen Berhane, chanteuse de gospel,
prisonnière d’opinion.

Âgée de trente ans, Helen Berhane est une chanteuse de
gospel détenue à l’isolement depuis le 13 mai 2004.
Cette chanteuse renommée a enregistré plusieurs
disques, et sa musique connaît un succès particulier chez les
jeunes. Helen Berhane est membre de l’Église Rema, l’une
des églises minoritaires qui ne sont pas officiellement reconnues
par l’État d’Érythrée. Elle figure parmi les quelque 150
femmes appartenant à des Églises évangéliques interdites qui
sont détenues sans inculpation ni procès, au motif de leurs
croyances religieuses.
Helen Berhane aurait reçu des promesses de libération
conditionnées à l’abjuration de ses croyances et de son chant
religieux, mais elle a refusé d’obéir. Elle est détenue au camp
militaire de Mai Serwa près d’Asmara, dans un conteneur
métallique de transport maritime, peu ventilé, dépourvu de
sanitaires, et soumis aux variations extrêmes de température.
Amnesty International fait campagne pour la libération
d’Helen Berhane et des nombreux autres prisonniers d’opinion
en Érythrée, enfermés sans inculpation ni procès et qui
se voient régulièrement refuser tout accès à leur famille,
leurs amis ou leurs avocats.


Tewelde Gebremedhin, Minassie Andezion,
Habtom Weldemichael,
syndicalistes.

TROIS SYNDICALISTES EN DÉTENTION DEPUIS MARS
2005.

Tewelde Gebremedhin, Minassie Andezion et Habtom Weldemichael
ont été arrêtés le 30 mars 2005, ou peu après cette
date, à Asmara, la capitale de l’Érythrée. Ils sont détenus au
secret, une situation qui accroît pour eux le risque d’être torturés
ou soumis à d’autres formes de mauvais traitements.
Amnesty considère qu’il pourrait s’agir de prisonniers d’opinion,
arrêtés uniquement en raison de leurs activités syndicales légitimes.
Tewelde Gebremedhin est président de la Fédération des
travailleurs de l’alimentation, des entreprises de boissons,
de l’hôtellerie, du tourisme, de l’agriculture et du tabac,
qui est affiliée à l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation,
de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac
et des branches connexes (UITA). Minassie Andezion est secrétaire
de la Fédération des travailleurs du textile et du cuir.
Quant à Habtom Weldemichael, il est président du Syndicat des
travailleurs de Coca Cola et membre du comité exécutif de
Fédération des travailleurs de l’alimentation et des entreprises
de boissons. Comme tous les autres syndicats en Érythrée,
ces organisations sont contrôlées par le gouvernement
le Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ), le parti
au pouvoir.

Pour plus d’informations, se référer à l’Action Urgente d’Amnesty
International AU 114/05, disponible sur :
http://web.amnesty.org/library/Inde...

INFORMATIONS GENERALES

L’histoire de l’Érythrée se distingue de celle de l’Éthiopie à
partir de la colonisation italienne au XIXe siècle. Le Traité
d’Uccialli, signé entre les autorités italiennes et le Négus
(Empereur-Roi d’Ethiopie) Ménélik II en 1889 attribue le
contrôle de l’Érythrée à l’Italie. Toutefois, Ménélik II dénonce le
Traité lorsqu’il apprend que la version italienne place l’Éthiopie
sous protectorat italien.
Les Italiens se servent alors de l’Érythrée comme base arrière
lors de leurs campagnes militaires contre l’Éthiopie. Après les
défaites italiennes en Afrique pendant la Seconde Guerre Mondiale,
elle devient un protectorat britannique en
1941.

À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Grandes Puissances ne parvenant pas à trouver un compromis
quant au statut à attribuer à l’Érythrée, la question
est portée devant l’Assemblée Générale des
Nations-unies. En 1950, celle-ci vote la résolution 190, qui propose
que l’Erythrée devienne une unité autonome, fédérée
avec l’Éthiopie, sous la souveraineté de la Couronne d’Éthiopie.
L’Érythrée conserve son autonomie grâce à son gouvernement
supposé jouir du pouvoir judiciaire, législatif et exécutif
en matière de politique intérieure.
Mais l’absence d’une Cour Fédérale chargée de contrôler le
respect par les États Fédérés des textes des Nations Unies et la
volonté du Négus Hailé Sélassié d’unifier l’Éthiopie font que
l’Erythrée ne dispose, en réalité, que de très peu d’autonomie.
Par suite des pressions exercées par les autorités éthiopiennes
sur son Parlement, elle perd, dès 1961, son statut d’État autonome
fédéré pour devenir une province de l’Éthiopie.
Les Érythréens nationalistes dénoncent cette annexion et
organisent une résistance armée contre la présence éthiopienne
en Érythrée. Le Mouvement de Libération de l’Érythrée
(MLE) est créé en 1958 à l’initiative de la Ligue Musulmane d’Érythrée.
Le MLE était principalement soutenu par les États arabes.
Il est peu à peu remplacé par le Front de Libération Érythréen
(FLE), qui, lui-même, pour cause de dissensions idéologiques
internes, aboutit à la création du Front Populaire de Libération
de l’Érythrée (FPLE), mouvement d’obédience copte socialiste. La
majeure partie du budget du FPLE provient de fonds privés
d’érythréen exilés.

La guerre de libération s’achève en 1991 lorsque les forces
érythréennes, alliées aux forces rebelles éthiopiennes du Tigré,
renversèrent le régime Derg d’Addis-Abeba. Suite à un référendum
sur l’autodétermination où le oui l’emporta massivement
(99,8%), l’indépendance de l’Érythrée est proclamée en 1993.
Le bilan de ces trente années de guerre est lourd : 150 000
morts, dont 65 000 combattants, et plus d’un million de réfugiés,
pour une population totale de 3 millions d’habitants.
Après une brève période de paix, des tensions économicopolitiques
s’accroissent de nouveau entre les deux pays. L’Éthiopie
qui a pourtant un libre accès aux ports d’Assab et de Massawa
garanti par une série de protocoles détourne
progressivement ses routes commerciales vers Djibouti. L’Érythrée
adopte une nouvelle monnaie, remplaçant le birr éthiopien
par la nafka érythréenne. La liberté des échanges financiers
et commerciaux est suspendue. Ces mesures marquant un
retour au protectionnisme ne sont que les manifestations d’une
crise nationaliste sous-jacente.

Alors que l’Éthiopie refuse que les monnaies des deux pays,
le nafka et le birr, aient valeur égale, l’Érythrée envahit un village
frontalier pour faire pression sur le gouvernement. L’Éthiopie
lance une contre-offensive. Un nouveau conflit éclate en
1998, sur fond de revendications territoriales. L’Érythrée exige
un retour aux frontières coloniales italiennes, alors que l’Ethiopie
cherche à obtenir une ouverture maritime.
En 1999, des négociations de paix sont engagées sous l’hospice
de l’Organisation de l’Unité Africaine. Elles débouchent sur
la signature d’un « Accord de paix global » signé à Alger en
décembre 2000. Cet accord prévoit entre autres la délimitation
et la démilitarisation de toutes les frontières communes
entre les deux pays et l’envoi d’observateurs militaires.
La résolution 1320 portant sur la création de la Mission des
Nations Unies en Ethiopie et en Érythrée est votée au Conseil de
sécurité. La MINUEE, forte de ces 4200 hommes et 200 observateurs,
est toujours en activité. Son mandat consiste notamment
à surveiller le respect du cessez-le-feu. Les tensions entre les deux
pays restent vives.
En 2005, l’Érythrée a interdit les survols d’hélicoptères et les
autres formes de déplacement de la MINUEE. Les deux pays se
sont réarmés et ont déployé des troupes à la frontière. Le Conseil
de sécurité a voté la résolution 1640 qui n’exclut pas la mise en
place de sanctions si l’Érythrée continuait d’entraver le bon
déroulement des opérations de la MINUEE et si les deux parties
en venaient à faire usage de la force.


DROITS HUMAINS

Victimes de la guerre

En 2000, l’ONU estimait que plus de 370000 Érythréens et environ
350000 Éthiopiens avaient été affectés par la guerre. Le
bilan est alourdi par la sécheresse et la crise alimentaire qui touchent
près de 8 millions de personnes, à la fois en Érythrée et en
Ethiopie.
Les deux tiers de la population dépendent de l’aide alimentaire
d’urgence apportée par la communauté internationale.
Cette assistance concerne notamment les 70 000 personnes qui
vivent dans les camps pour personnes déplacées depuis le
conflit de 1998-2000 avec l’Éthiopie, ainsi que les réfugiés de
retour du Soudan. De nombreux donateurs ont suspendu leurs
programmes d’aide au développement en raison de l’inaction
du gouvernement en matière de démocratisation et de respect
des droits humains.

Défenseurs des droits humains

Les défenseurs des droits humains ne sont pas autorisés à mener
leur action. En mai 2005, une nouvelle loi a imposé de sévères
restrictions aux organisations non gouvernementales (ONG) en
les autorisant à agir uniquement par le biais de structures gouvernementales
et dans le cadre de projets de secours et de
réadaptation. Les ONG internationales doivent déposer deux
millions de dollars (environ 1,7 million d’euros) dans des
banques érythréennes et les ONG locales un million de dollars
(840 000 euros). Aucune ONG érythréenne n’a pu se faire reconnaître
par les autorités.

Prisonniers d’opinion

Ce genre de container sert à
enfermer les prisonniers politiques
en Érytrhée.
Plusieurs milliers de prisonniers
d’opinion, dont beaucoup avaient
été arrêtés en raison de leurs convictions
religieuses et certains du fait
de leurs opinions politiques, se trouvaient
en détention au secret pour
une durée indéterminée sans avoir
été jugés ni même inculpés ; certains
étaient incarcérés dans des
lieux inconnus. De nombreux détenus
ont été torturés ou maltraités et un grand nombre d’entre
eux étaient maintenus dans des conteneurs en métal ou dans
des cellules souterraines.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/report2006/e...>

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Etude approfondie du droit à la liberté de pensée, de
conscience et de religion (source du droit en question, ces
violations et leurs modalités).

 Projeter et étudier la série de documentaires Erythrée de
Yvan Patri (1986), disponible (commande) à partir de :
<http://www.nfb.ca/trouverunfilm/fic...>

 Lire et étudier Benjamin Flao, Nicolas Scharff, Erythrée,
Glénat, 2004, qui se présente comme un carnet de voyage
en Érythrée.

 Etude de la colonisation italienne en Érythrée et de ses
conséquences (les italiens d’Érythrée, la politique coloniale
fasciste, la délimitation des frontières et la création de la
nation érythréenne).

 Etudier la culture et le mode de vie en Érythrée. Voir
<http://www.erythree.com/>

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