Etats-Unis

Cheri HONKALA, militante des droits sociaux.

Cheri Honkala est la présidente du Kensington Welfare
Rights Union (KWRU, Syndicat de Kensington pour les
Droits Sociaux, <http://www.kwru.org/> ). Situé à
Philadelphie, le KWRU est une organisation non-violente,
multiraciale et composée de familles pauvres et de sans-abris.
Depuis douze ans, cette organisation milite pour le respect
des droits fondamentaux des plus démunis aux Etats-Unis.
Avec le KWRU, Cheri Honkala a créé plusieurs maisons des
droits humains qui servent de bases éducatives et organisationnelles.
Ils trouvent des abris pour les familles en difficulté,
distribuent de la nourriture et des vêtements et répondent
aux besoins des pauvres de la communauté. Plusieurs
centres de droits humains ont été créés à Kensington. Ils
offrent des formations en leadership, des cours d’alphabétisation,
de sciences politiques et prodiguent des conseils en
matière d’aide sociale.

Le KWRU loge des sans-abris dans des maisons abandonnées
ou édifient des bidonvilles dans des endroits
stratégiques afin de
sensibiliser l’opinion
américaine aux conditions
de vie des plus
démunis.
Ces activités ont
valu à Cheri Honkala
d’être arrêtée plus de
quatre-vingts fois et
inculpée de crimes
passibles de vingt
années de prison. Son
fils subit également
les répercussions de
son militantisme en
faveur des droits
humains. Lors d’une
manifestation de sans
abris, alors qu’il n’avait que treize ans, il a été arrêté, déshabillé
et soumis à une fouille corporelle.

Pour plus d’informations, se référer au rapport de Front-
Line : Les menaces, les attaques, les arrestations et le harcèlement
subis par les Défenseurs des Droits Humains aux Etats-Unis,

disponible sur :
<http://www.frontlinedefenders.org/f...>

INFORMATIONS GENERALES

Depuis 1991, avec l’effondrement du bloc soviétique, les
Etats-Unis se retrouvent l’unique superpuissance au
monde. Aujourd’hui, c’est le plus puissant des pays de la
planète et la plus ancienne des démocraties modernes. Les Etats-
Unis se targuent d’être la plus grande « success story » du monde
moderne, une nation créée par des personnes ayant peu de
choses en commun, si ce n’est le désir de trouver leur propre voie
vers le bonheur ou la fortune. Les nobles idéaux de la Constitution
et de la déclaration d’Indépendance ont imposé comme
valeur sacrée la liberté individuelle.

Beaucoup d’Européens se souviennent de l’engagement
américain aux côtés des Alliés durant la seconde guerre mondiale.
Les esprits critiques ont beau, à juste titre, invoquer la longue
liste des méfaits du pays, en particulier la destruction des cultures
indigènes, le racisme, l’impérialisme et les opérations suspectes
de la CIA (les services secrets), les Etats-Unis restent une
référence dans bien des domaines, de la science à la culture en
passant par l’informatique. Mais l’arrogance de ce pays dans ses
relations avec le reste du monde, que cela soit dans les affaires
commerciales, environnementales
ou de justice internationale,
réveille un sentiment anti-américain
déjà fort perceptible dans les
pays arabes, en raison du soutien
indéfectible des USA à Israël et
plus récemment de la guerre contre
l’Irak. En 2000, le républicain
George W. Bush est élu à la
présidence à quelques centaines
de voix près, après un mois d’imbroglio
politico-juridique. Le 11
septembre 2001, les attaques terroristes contre le World Trade
Centre de New York et le Pentagone à Washington frappent de
plein fouet la puissance américaine. En riposte contre le réseau
terroriste d’Ossama Ben Laden, l’US Army bombarde
l’Afghanistan. La guerre contre l’Irak, sans mandat de l’ONU,
ainsi que celle contre le terrorisme et contre un soi-disant « Axe
du Mal » indispose beaucoup d’observateurs, qui ne manquent
pas de rappeler le soutien américain à beaucoup de régimes dictatoriaux
au cours de son histoire.
Le Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, et son
prédécesseur, Boutros Boutros Ghali ont tous deux jugé illégale
l’intervention américaine en Irak. Pour l’heure, l’armée s’y enlise,
de plus en plus seule suite à la démobilisation de l’opinion
publique américaine et aux rappels successifs des troupes
alliées.

Les scandales liés à la guerre en Irak s’enchaînent. Les
autorités reconnaissent que la CIA ait pu faire de la « désinformation
 » sur la présence d’arme de destructions massive en Iraq,
ce qui était pourtant le prétexte de l’intervention armée. Les
exactions des troupes américaines à Abu Ghraïb sont rendues
publiques par la diffusion de films amateurs diffusés sur
Internet. L’opinion publique américaine critique de plus
en plus l’intervention en Irak, qui lui rappelle les mauvais
souvenirs de la guerre du Vietnam.
Dans le contexte récent du conflit israélo-libanais, les
États-Unis sont une nouvelle fois accusés d’empêcher l’ONU de
mener à bien sa mission de protection de la paix et de la sécurité
internationale en faisant systématiquement usage de son droit de
veto au Conseil de sécurité.

DROITS HUMAINS

Brutalités policières et peine de mort

Des cas de brutalités policières et de recours à une force excessive
ont encore été signalés aux Etats-Unis en 2005. Soixante et
une personnes sont mortes après avoir été touchées par des pistolets
paralysants utilisés par la police, ce qui représente une augmentation
considérable des décès signalés dans de telles circonstances
par rapport aux années précédentes. Soixante personnes
ont été exécutées, portant à plus d’un millier le nombre de prisonniers
mis à mort depuis la reprise des exécutions, en 1977. Les
discriminations et les violences contre les minorités sexuelles et
raciales restent fréquentes (se référer au rapport d’Amnesty Après
Stonewall, quel horizon ? Violences policières contre les populations gays,
lesbiennes, bisexuelles et transgenres, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/library/inde...>)

Guantánamo Bay

Selon les dernières informations disponibles, environ 500 personnes
de quelque 35 nationalités sont toujours détenues sans
inculpation ni jugement sur la base navale américaine de Guantánamo
Bay. La plupart ont été capturées en 2001, durant le conflit
armé en Afghanistan, et sont détenues en raison de leurs liens
présumés avec Al Qaïda ou avec l’ancien gouvernement des talibans.
En novembre 2005, trois experts en droits humains des
Nations Unies ont décliné l’invitation du gouvernement américain
à se rendre à Guantánamo, car elle était assortie de restrictions
incompatibles avec les normes relatives à ce type de visites.
En février 2006, le rapport de l’ONU Situation des détenus de
Guantanamo
a demandé de « fermer les installations de détention
de Guantanamo Bay sans délais supplémentaires » et que « soient
jugés rapidement tous les détenus de Guantanamo » ou « libérés
immédiatement ». Mais les États-Unis n’en ont pas pris compte, se
contentant de remettre en cause la pertinence juridique du rapport.
Cependant, en juin 2006, les autorités américaines sont
mises en difficulté par la Cour suprême américaine qui
déclare illégales les procédures judiciaires d’exception
mises en place à Guantanamo.
De l’aveu même du Président Bush, les États-Unis disposent
d’un certain nombre de prisons secrètes à travers le monde, en
toute illégalité. Des avions ont transféré des prisonniers clandestins
vers des pays qui sont connus pour pratiquer la torture,
apparemment avec l’approbation de plusieurs pays européens.


Torture et mauvais traitements hors des Etats-Unis

De nouveaux éléments d’information ont fait état d’actes de torture
et de mauvais traitements infligés à des détenus à Guantánamo,
en Afghanistan et en Irak, avant comme après les atteintes
aux droits humains commises à la prison d’Abou Ghraïb (Irak) et
révélées en avril 2004. De nouvelles publications ont décrit des
techniques d’interrogatoire qui ont été approuvées par les
autorités américaines à différents moments pour les personnes
détenues au titre de la « guerre contre le terrorisme ». Ces méthodes
incluaient l’utilisation de chiens pour susciter la terreur, les
positions éprouvantes, l’exposition à des températures
extrêmes, la privation de sommeil et le maintien à l’isolement.

En dépit des informations tendant à prouver que le gouvernement
avait autorisé des techniques d’interrogatoire constituant
des actes de torture ou des mauvais traitements, ainsi que des
« disparitions », aucun haut responsable n’a été amené à rendre
de comptes, pas même les personnes qui pourraient être
impliquées dans des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité.
Inculpés d’atteintes aux droits fondamentaux de détenus,plusieurs soldats de rang inférieur ont été jugés et, pour la plupart,
condamnés à des peines légères.
En décembre, le Congrès a adopté une loi interdisant les
traitements cruels, inhumains ou dégradants à l’égard des
personnes détenues sous la responsabilité du gouvernement
américain, que ce soit sur le sol des États-Unis ou à
l’étranger. Cependant, Amnesty International demeurait préoccupée
par le fait que la déclaration annexée par le président Bush
lors de la promulgation de la loi réservait dans les faits la possibilité
au pouvoir exécutif de contourner cette disposition pour
des raisons de sécurité nationale.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
http://web.amnesty.org/report2006/u...>

PISTES PÉDAGOGIQUES

 A partir du cas de Cheri Honkala, organiser un débat sur
la désobéissance civile. Faut-il approuver ce type d’action
illégale mais peut-être pas illégitime ?
Lire et étudier Henry David Thoreau, La Désobeissance Civile,
1849, disponible sur :
<http://www.forget-me.net/Thoreau/>

 Retracer brièvement l’histoire des États-Unis. Se référer
à André Kaspi, Les Américains (tome 1 et 2), Seuil, 2002. Consulter
KidPort Reference Library, disponible sur :
<http://www.kidport.com/REFLIB/UsaHi... >

 Lire et étudier des ouvrages de littérature américaine.
Consulter L’esquisse de la littérature américaine, publié par la
United States Information Agency, disponible sur :
<http://usinfo.state.gov/francais/pd...>.

 Aborder la thématique de la peine de mort aux États-
Unis (aspects sociaux, politiques et culturels). Consulter le
site internet de la Campagne contre la peine de mort
d’Amnesty International Belgique, disponible sur :
<http://www.amnestyinternational.be/...>

Se référer à :

. Amnesty International, rapports sur la peine de mort,
disponible sur :
<http://web.amnesty.org/pages/deathp...>

. FIDH, La Peine de Mort aux Etats-Unis, Hors-série de la lettre
mensuelle de la FIDH, n°316, 2001, disponible sur :
<http://www.fidh.org/ameriq/rapport/...>

 Introduction à la sociologie : lire et étudier Alexis de
Tocqueville, De la démocratie en Amérique (tomes 1 et 2), Gallimard,
1986. Disponible à partir du site de la bibliothèque
numérique de l’Université du Québec à Chicoutimi,
<http://classiques.uqac.ca/classique...>.
Ce livre, écrit dans les années 1830, compare la société
française (monarchique) et américaine (démocratique). Il
s’agit, entre autres, d’une réflexion sur les principes d’égalité,
de liberté
et sur les conséquences de leur « incarnation »
dans un système social et politique. Il permet de mieux comprendre
certains phénomènes sociaux comme l’individualisme
et le désengagement politique.

 Cinéma : projeter et étudier : Punishment Park, Peter
Watkins (1971), sur un camps de punition imaginaire où sont
envoyés des prisonniers politiques et prisonniers d’opinion.
Le Bon, la bête et le truand, Sergio Leone (1966), une référence
incontournable en matière de Western. Taxi Driver, Martin
Scorsese (1976), sur l’isolement des individus dans les mégalopoles
américaines. Docteur Folamour ou : comment j’ai appris à
ne plus m’en faire et à aimer la bombe,
Stanley Kubrick (1964), un
film cynique sur la politique et la dissuasion nucléaire pendant
la Guerre Froide. Citizen Kane, Orson Welles (1941),
reprend le mythe du « self-made man ». The road to Guantanamo,
Michael Winterbottom, Mat Whitecross, dénonce l’arbitraire
et les méthodes de la guerre contre le terrorisme.

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