Côte d’Ivoire

Amourlaye Touré, directeur du Mouvement Ivoirien des Droits de l’Homme,
menacé de mort.

Le 26 janvier 2005, Amourlaye Touré publie un rapport
dénonçant les graves violations des droits humains
commises aussi bien par le gouvernement que par la
rébellion, depuis la reprise de la guerre civile en Côte d’Ivoire
en novembre 2004.
A peine deux jours après la publication du rapport, le 28
janvier 2005, M. Blé Goudé, dirigeant de l’Alliance des jeunes
patriotes, proche du président Gbagbo, qualifie sur les ondes
de la radio l’attitude du Mouvement Ivoirien des Droits de
l’Homme de « provocation ». Le lendemain, Amourlaye Touré
reçoit un e-mail anonyme avec des menaces de mort, les
membres du MIDH devant se considérer en « partance pour
l’enfer ». Depuis lors, des actes de harcèlement et des
menaces de mort n’ont cessé de se multiplier à l’encontre
des membres du MIDH et plus particulièrement
d’Amourlaye Touré. Ce dernier a notamment été informé par
des sources « bien informées », de l’existence de menaces
d’expéditions punitives contre le siège de son organisation,
ainsi que de la probable préparation d’un attentat contre sa
personne.

Pour plus d’informations, se référer à l’Appel Urgent du
23/03/2005 de la FIDH, disponible sur :
<http://www.fidh.org/rubrique.php3?i...>


INFORMATIONS GENERALES

Les premiers explorateurs européens (Portugais) arrivent
en 1490. Ils établissent des comptoirs commerciaux
le long de la côte, à partir desquels s’organisent la traite
des esclaves et le commerce de l’ivoire. La colonisation ne
commence qu’au XIXe siècle. Les Français et les Britanniques
se livrent à une lutte d’influence dans la région,
cherchant à conclure un maximum de contrats d’exploitation
et de commerce avec les chefs locaux. La Colonie Française
de Côte d’Ivoire est officiellement créée en 1893. Les
Français se heurtent à la résistance farouche des Malinkés et
des Baoulés, soutenus par les Britanniques. La Côte d’Ivoire
n’est pacifiée qu’en 1915.

La culture du café et du cacao se développe et permet
l’enrichissement des propriétaires terriens autochtones et la
formation d’une élite locale, dont est issu Félix Houphouët-
Boigny. Ce dernier fonde le premier syndicat agricole
ivoirien en 1944. L’année suivante, il est élu député de la
Côte d’Ivoire à l’Assemblée Nationale Française. Il participe à
tous les cabinets ministériels de la France de 1956 à 1959. A
ce titre, il prend part à la rédaction de la loi-cadre Defferre
sur l’autonomie des colonies africaines en 1956 et de la
Constitution de la Ve République en 1958.
L’indépendance de la Côte d’Ivoire est proclamée en
1960 et Félix Houphouët-Boigny en devient le premier président.
Il occupe cette fonction jusqu’à sa mort en 1993.
Durant toutes ces années, la Côte d’Ivoire conserve des liens
économiques, stratégiques et politiques étroits avec la
France, son ancienne métropole. Le français demeure la langue officielle, car la présidence estime qu’il constitue « le
ciment de l’unité nationale » ivoirienne. Durant la Guerre
Froide, la politique extérieure du pays est résolument anti-communiste
et pro-occidentale. Ses bonnes relations avec les
grandes puissances, le pouvoir fort exercé par Félix Houphouët-
Boigny et son sens de la planification permet à la Côte
d’Ivoire de prospérer économiquement. Entre 1950 et 1980, le
pays multiplie par 10 son Produit Intérieur Brut (PIB). Il est alors
le premier producteur de cacao au monde, le quatrième pour le
café et le premier producteur de caoutchouc d’Afrique.

Cette situation attire un grand nombre de migrants, notamment du
Burkina Faso, d’autant que les autorités leur accordent droit de
vote, accès aux services publics et accès à la terre.
Ce que l’on appelait le « miracle ivoirien » dure jusque
dans les années 80. Ayant une économie ouverte, la Cote d’Ivoire
est frappée de plein fouet par la récession mondiale des années
1970/80. Le cours du cacao s’effondre, plongeant le pays dans
une période de graves difficultés économiques. Devant les manifestations
toujours plus fréquentes de l’opposition, Félix Houphouët
Boigny doit organiser des élections multipartites en
1990. Il est élu pour son septième quinquennat à plus de 89%
des voix. Il meurt le 7 décembre 1993, jour anniversaire de l’indépendance.
Conformément à la constitution, le président de l’Assemblée Nationale, Henri Konan Bédié, termine le mandat
en cours.

A la mort de Félix Houphouët-Boigny, le conflit ethnique,
que celui-ci avait toujours parvenu à contenir, éclate. Les Bétés
et les Baoulés s’opposent à l’ouest. Les immigrés du Nord -
Maliens musulmans et Burkinabés- qui se considèrent comme
ivoiriens, sont marginalisés politiquement et socialement avec
l’invention du concept d’ivoirité (voir ci-dessous).
En 1993, Laurent Gbagbo demande une révision du code
électoral afin que seuls les Ivoiriens « de souche » puissent voter
et se présenter aux élections présidentielles. Ces révisions marginalisent
de facto Alassane Ouattara, candidat des régions
nord, représentant des populations immigrées et principal
adversaire politique d’Henri Konan Bédié aux élections
présidentielles de 1995 et de Laurent Gbagbo en 2000.

Henri Konan Bédié est réélu en 1995. En 1998, il propose
un amendement à la constitution pour pouvoir se
représenter aux élections présidentielles. L’opposition
proteste et lance des appels au soulèvement. En 1999, la Côte
d’Ivoire est en pleine crise civile. Le pays connaît alors son premier
coup d’État : le Général Robert Guié prend le pouvoir par la
force et prône un retour au calme, s’engageant à organiser des
élections en 2000. Une nouvelle constitution est adoptée avant
la tenue de ces élections. Elle entérine le principe d’ivoirité, et
les changements du code électoral de 1993. Alessane Ouattara
est de nouveau écarté des élections, sa candidature à la présidence
étant rejetée par la Cour Suprême.
Laurent Gbagbo, vieil opposant socialiste à Houphouët-Boigny,
est élu en janvier 2000, mais de nombreux affrontements
opposent ses partisans, chrétiens du Sud, à ceux d’Alessane
Ouattara, musulmans du Nord. Les hostilités tournent à la
guerre civile entre les rebelles du Nord (Mouvement Patriotique
de Côte d’Ivoire) et les loyalistes du Sud (Mouvement pour la Justice
et la Paix). Un cessez-le-feu est signé à Bouaké en octobre
2002, puis un autre à Lomé en janvier 2003. Ceux-ci prévoient,
entre autres, le déploiement de troupes françaises (Force
Licorne) et des forces de la Communauté Economique des États
de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Les violences ne s’arrêtent pas
pour autant.

En 2004, les factions rebelles et les différents partis politiques
ivoiriens se réunissent à Marcoussis, à l’initiative de la
France. Cette conférence aboutit à la signature des Accords de
Linas-Marcoussis, qui prévoient la création d’un gouvernement
de réconciliation, sous la présidence de Laurent Gbagbo. Mais
les partisans du président n’acceptent pas que des ministères
clefs, comme le Ministère de la Défense et le Ministère de l’Intérieur,
soient confiés à des rebelles. En octobre 2004, l’offensive
des Forces Armées Nationales de Cote d’Ivoire (FANCI)
contre les Forces Nouvelles rebelles relance le conflit. Des soldats
de l’Opération Licorne sont touchés. L’armée française
riposte et détruit deux avions ivoiriens. Le Président Gbagbo
accuse alors la France d’ingérence et demande le rapatriement
des 4500 soldats de la Force Licorne.
Ni les élections ni les nombreuses tentatives de réconciliation
n’ont permis d’empêcher la division du pays entre Nord et
Sud. En janvier 2006, la Côte d’Ivoire est à nouveau secouée par
une vague de manifestations pro-Gbagbo. Le Conseil de sécurité
et le Secrétaire général des Nations unies évoquent la possibilité
de sanctionner ceux qui porteraient atteinte au processus
de paix.

LE CONCEPT D’IVOIRITÉ

Le concept d’ivoirité a été utilisé pour la première fois par
Henri Konan Bédié en 1995. Il désignait à l’origine la formation
d’une identité nationale ivoirienne commune aux différentes
ethnies et aux émigrés du Nord. Mais les hommes politiques
nationalistes, relayés par les médias, changent le sens
de cette expression et en font un mode de discrimination
xénophobe. Cette idéologie de l’exclusion sert plusieurs objectifs :
 elle sert d’une part à détourner l’opinion publique de
la crise économique, lui offrant comme bouc émissaire
les quelque 30% d’ « étrangers » qui vivent en Côte
d’Ivoire ;
 d’autre part, elle permet d’évincer le principal rival
politique de Bédié, Alassane Ouattara, qui est soudainement
présenté comme étranger, de nationalité douteuse,
c’est-à-dire burkinabé, donc inapte à la fonction présidentielle.
Cette lutte de pouvoir conduit à des conflits entre
partisans de Ouattara et Bédié, et entre Ivoiriens et Burkinabés.


DROITS HUMAINS

Intervenu malgré les intenses efforts diplomatiques de l’Union
africaine et les pressions exercées par les Nations unies et la
communauté internationale, l’ajournement de l’élection présidentielle,
en octobre 2005, a abouti à une impasse politique.
En décembre, un gouvernement de transition, avec à sa tête un
nouveau Premier ministre, a été formé. La reprise des hostilités
a pu être évitée grâce aux efforts déployés à l’échelle internationale
pour trouver une solution pacifique à la crise, ainsi qu’à la
présence de 10 000 soldats chargés du maintien de la paix. Les
forces de sécurité gouvernementales et les Forces
nouvelles, une coalition politique réunissant d’anciens groupes
d’opposition armés qui contrôlent le nord du pays, continuent
de bafouer les droits humains. Des partisans présumés de
l’opposition auraient été tués alors qu’ils étaient aux mains des
forces de sécurité. Un étranger détenu par les forces d’opposition
est mort, semble-t-il après avoir subi des actes de torture
et d’autres mauvais traitements. Les tensions interethniques
sont envenimées par une propagande xénophobe.
La démobilisation des troupes prévue dans le cadre du processus
de paix n’a pas progressé. La liberté d’expression est
constamment menacée par les deux parties en présence.
En août 2006, un énorme scandale de pollution due à des déchets
toxiques provoque de nombreux malaises et sept morts. La
population réclame des peines sévères contre les responsables.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
http://web.amnesty.org/report2006/c...

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Introduction aux arts premiers de Côte d’Ivoire. Consulter
le site internet d’Africart, disponible sur :
<http://perso.orange.fr/africart/pag...>
Vous y trouverez des études de fond sur l’art baoulé, des illustrations,
ainsi que des extraits d’Alain-Michel Boyer, Arts
premiers de Côte d’Ivoire, Sépia, 1997.

 Comparer le concept d’Ivoirité avec d’autres idéologies
nationalistes, comme les discours de l’extrême droite en
France ou en Belgique. Comment et pourquoi naissent de
telles idéologies ?

 Faire une présentation explicative des opérations de
maintien de la paix des Nations Unies
(le contexte de leur
création par le Secrétaire général Dag Hammerskjold en
1956, leurs missions, les difficultés rencontrées, etc.). Faire
une étude de cas sur l’Opération des Nations Unies en
Côte d’Ivoire
(ONUCI).
Bibliographie indicative :
 Site Internet des Nations Unies pour le Maintien de la Paix,
disponible sur : <www.un.org/french/peace/peace/index.asp>
Très bien réalisé, il contient un diaporama qui pourrait être
projeté en classe.
 Jurisclasseur Droit International, fascicules sur les Nations
Unies
 Coulon, Jocelyn (sous la direction de), Guide du maintien de la
paix 2006, Athena, 2005

 Réaliser un exposé sur le cacao (historique, aspects gastronomiques,
économiques et sociologiques (pour les cultivateurs
et le consommateur)).

Se référer aux sites suivants :
 Brandon Head, The food of the Gods, un e-book sur le cacao, disponible
sur :
<http://www.gutenberg.org/files/1603...>

 Le site internet du cacao ivoirien, disponible sur :
<http://www.cacao.ci/>

 Consulter l’ouvrage, Nikita Harwich, Histoire du Chocolat, Desjonquères,
1992

 Projeter les films Le chocolat, Lasse Hallström (2000) et Charlie
et la Chocolatrie,
de Tim Burton (2005), afin d’illustrer l’imaginaire
collectif lié au chocolat.

 Aborder le thème de la souveraineté alimentaire et de
la dépendance des économies des pays pauvres
, surtout
en Afrique, aux cours des matières premières. Comparez
les différentes thèories sur cette problématique.

 Aborder le thème du trafic de déchets toxiques vers les
pays du Sud. Voir le dossier du Soir du 19/09/06

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