Grèce

Giorgos Monastiriotis, objecteur de conscience en prison.

Giorgos Monastiriotis,
26 ans,
s’était engagé
dans la marine militaire
grecque avec un
contrat de cinq ans. Il a
refusé de suivre son
unité quand la frégate
sur laquelle il servait a
été envoyée dans le
golfe Persique, en mai
2003. Il a avancé des
raisons de conscience
et déclaré démissionner
de la marine. En septembre
2004, il a été
arrêté et condamné à
quarante mois d’emprisonnement
pour désertion
par le tribunal
maritime du Pirée. Il a été immédiatement transféré à la prison
de Corinthe, où il est resté emprisonné 22 jours avant sa
libération temporaire, dans l’attente du résultat de son appel.
En janvier 2005, il a été de nouveau condamné par le tribunal
maritime du Pirée à cinq mois de prison avec sursis pour
désertion, parce qu’il n’était pas retourné dans son unité.


INFORMATIONS GENERALES

Pays touristique, composé de nombreuses îles (23% de la
superficie totale du pays), la Grèce est aussi un grand pays
agricole (elle produit principalement du blé, du maïs, du
tabac, du coton et des betteraves sucrières). La Grèce est héritière
d’un important héritage historique : berceau de la
démocratie, des jeux Olympiques, de la tragédie, elle garde de
nombreuses traces de ce passé.
L’État grec redevient indépendant en 1830 après 8 ans de
guerre d’indépendance contre l’Empire ottoman. Le
Royaume-Uni, la France et la Russie lui imposent un roi d’origine
bavaroise : Othon Ier, pour remplacer la courte république
qui avait vu le jour et dont Ioannis Kapodistrias fut le
premier chef d’État. Othon Ier met en place une monarchie
absolue, mais il est contraint de convoquer une assemblée
constituante suite au Coup d’État du 3 septembre 1843.
Georges Ier règne ensuite comme Roi des Hellènes de 1863 à
son assassinat en 1913.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, une guerre civile
oppose les résistants aux troupes nazies et aux gouvernements
collaborationnistes grecs. La guerre civile ne s’achève qu’en
1949 avec la répression de la rébellion communiste par des éléments
conservateurs ou royalistes. La guerre civile aurait fait
150.000 morts et des dizaines de milliers de réfugiés dans
les pays communistes (de 80 à 100 000 selon les estimations), et
de nombreuses exactions de part et d’autres. Les gouvernements
« légaux » qui se succèdent sont dominés par l’extrême droite.

Dans l’après-guerre, la Grèce voit se succéder Républiques et restaurations
monarchiques jusqu’à l’abolition de la monarchie
en 1974. Au début des années 1960, la vie politique grecque est
très instable, avec une série de gouvernements plus ou moins
éphémères entre juillet 1965 et avril 1967. C’est dans ce
climat que, le 21 avril 1967, des officiers, emmenés par le colonel Georgios Papadopoulos, déclanchent un
coup d’État et abolissent la constitution. Leur tâche est
facilitée par la désorganisation du monde politique, le
discrédit des institutions et l’inertie (proche d’un véritable soutien)
du palais royal. Les Colonels installent très vite une véritable
dictature : les opposants politiques sont mis en résidence
surveillée, emprisonnés, déportés sur des îles désertes de l’Égée
mais aussi parfois torturés. La crise chypriote met fin au
régime des colonels.

Après la dictature des colonels (1967-1974), la Grèce a souhaité
adhérer à la Communauté Economique Européenne
(C.E.E.) en 1981, sous le gouvernement de gauche de Papandréou.
Les questions liées aux femmes connaissent un sort
meilleur, avec l’abolition du système de dot et la légalisation de
l’avortement. Rattrapés par les scandales, Papandréou et son
gouvernement sont défaits aux élections de 1989 et remplacés
par une coalition improbable entre les conservateurs et les communistes.
En 2004, la Grèce organise les jeux Olympiques,
renouant avec une tradition ancestrale. La question de Chypre
envenime régulièrement les relations entre la Grèce et la Turquie.
L’île de Chypre est encore divisée entre une partie turque
et une partie gréco-chypriote indépendante, qui a rejoint l’UE.
La Turquie est le seul pays à avoir reconnu l’Etat de Chypre-Nord.

DROITS HUMAINS

Des réfugiés traités comme des marchandises

Du fait de son emplacement
géographique, à la frontière
sud-est de l’Union européenne
(UE), la Grèce est la destination
première des migrants
et des réfugiés qui fuient les
persécutions et cherchent une
protection au sein de l’UE.
Mais la plupart de ceux qui
arrivent sans papiers sont
arrêtés par les autorités
grecques, et beaucoup sont
détenus pendant une période
pouvant atteindre trois mois.
La surpopulation dans les centres de détention empêche les
détenus de faire de l’exercice ou de respecter les règles d’hygiène ;
ils sont nombreux à se plaindre de problèmes de santé,
notamment de la gale, qui est due au manque d’eau chaude disponible
pour faire sa toilette. Dans certains centres, les enfants
sont détenus avec les adultes et aucune disposition particulière
n’est prise pour tenir compte de leurs besoins psychologiques
spécifiques. L’un des enfants qu’Amnesty International a rencontrés
montrait des signes de stress manifestes (transpiration, tics,
pleurs).
Si l’on en croit certains témoignages, des gardiens ont commis
des violences sexuelles sur des détenues. Par ailleurs, la
police des frontières aurait frappé des migrants à leur arrivée
sur le territoire grec. Un réfugié, Y. S., a affirmé qu’il avait dormi
sur du carton pendant le premier mois de sa détention, et que
des personnes dans son dortoir avaient des « insectes » sur la peau.

Discriminations à l’égard des minorités

Des habitations appartenant à des Roms ont été démolies en
2005 au mépris des normes internationales. Les Roms sont par
ailleurs la cible d’actes de discrimination et d’agressions
racistes.
En octobre 2005, des parents d’élèves roms ont subi des
pressions de la part des autorités locales pour qu’ils mettent
leurs enfants dans un établissement réservé aux Roms. Des
parents d’élèves non roms avaient manifesté pour exiger que les
enfants roms soient retirés de l’établissement. Les autorités ont
refusé de délivrer de nouveaux documents de nationalité à des
membres de la population musulmane de Thrace occidentale.
Selon des dispositions légales abrogées en 1998, les citoyens
« non ethniquement grecs » pouvaient être déchus de leur nationalité
si les autorités croyaient savoir qu’ils avaient émigré dans
un autre pays. Des personnes appartenant à cette minorité sont ainsi devenues des « non-citoyens » : certaines ont perdu leur nationalité
pour avoir quitté le pays à une période donnée de leur vie.
Ces personnes se voient refuser l’accès aux prestations sociales
et aux pensions de retraite.

Pour plus d’informations, voir le Rapport
2006 d’Amnesty International, disponible sur :
http://web.amnesty.org/report2006/g...


PISTES PÉDAGOGIQUES

 Sur l’objection de conscience
Comment est apparue cette notion et quelles sont les principales
raisons de l’objection de conscience ?
Quel était le sort réservé aux objecteurs de conscience sous
l’Allemagne nazie ?
Quelle était la situation des objecteurs de conscience en Belgique
après la seconde guerre mondiale ? Lire à ce sujet VAN
LIERDE Jean
, Carnets de prisons, Vie ouvrière, Bruxelles, 1994.
Etudier la chanson Le déserteur de Boris Vian. Texte et extrait
disponible à partir de :
<http://www.borisvian.fr>

 Sur Thessalonique, une ville influente à l’époque de
l’Empire Ottoman

Cette ville a été un carrefour des religions chrétienne, juive
et musulmane, à la pointe des idées progressistes et a également
vu naître le fondateur de la Turquie moderne, Mustapha
Kemal, dit Atatürk. Elle a été, à partir du XVIIe siècle jusqu’au
rattachement à la Grèce en 1912, le centre du
mouvement messianique juif, déclanché par Sabbataï Tsevi.
Au XIXe siècle, elle fut la quatrième ville de la Turquie, et un
important centre politique. Lire à ce sujet « Origines » d’Amin
Maalouf, éd. Grasset, 2004.

 Sur les réfugiés / Littérature de la Grèce antique
Faites une comparaison entre la situation des réfugiés durant
la Grèce antique et aujourd’hui.
Voir les écrits d’Isocrate à propos des Platéens qui demandent
secours à Athènes (guerres médiques).
Plataïque, § 46-50, in ISOCRATE, Discours, T. II, Texte établi et
traduit par G. MATTHIEU et G. BREMOND, Paris, Les Belles
Lettres (Budé), 1961, pp. 84-85.

 Sur la musique et les droits humains : Faire un portrait
du compositeur grec Mikis Theodorakis qui a marqué
l’époque contemporaine, tant par sa musique que par son
engagement politique (il fut plusieurs fois torturé pour son
opposition aux forces contre-révolutionnaires durant la
guerre civile et contre la dictature des colonels).
Présenter le rébétiko, un genre original grec qui a connu son
apogée entre 1920 et 1952. Crée par les marginaux grecs, il a
donné naissance à la chanson populaire urbaine et peut être
considéré comme une sorte de blues héllénique.

Littérature : lire et étudier :

. Henry Miller, Le Colosse de Maroussi, Livre de poche.
Un merveilleux récit écrit par l’écrivain américain après son
séjour en Grèce, à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Grèce antique et Grèce moderne se mêlent au travers de rencontres
comme celles avec Katsimbalis, le conteur, et Seféris,
le poète.

. Jacques Lacarrière, L’été grec, Pocket, 2001.
Le voyage d’un jeune homme attentif, calme et objectif, qui
contemple ce qu’un voyage en solitaire sur les chemins de
Grèce dans les années 1950 lui met sous les yeux, raconté
comme un journal de bord. On croise des personnages passionnants
et qui font réfléchir, encore et encore : un ermite,
un vieux moine... Comment réfléchir sur la solitude, la
société, l’exil ?


Cinéma : projeter et étudier :

. Z de Costa-Gavras (1969) : traite de la période d’instabilité
qui précéda la dictature

. Touch of spice (2003) de Tassos BOULMETIS : un grand-père
se souvient de l’époque où Grecs et Turcs cohabitaient en
paix à Istambul.

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