Indonésie

Des chefs syndicalistes emprisonnés

Six responsables syndicaux – ROBIN KIMBI, MASRI
SEBAYANG, SUYAHMAN, SAFRUDIN, AKHEN PANE
et SRUHAS TOWO – ont été condamnés en février et
mars 2006 à des peines comprises entre quatorze mois et
deux ans d’emprisonnement. Il semble qu’ils aient été inculpés
à cause de leurs activités syndicales, pourtant légitimes.

Ces six hommes ont été arrêtés après une grève et une
manifestation organisées en septembre 2005 dans une exploitation
produisant de l’huile de palme qui appartient à l’entreprise
Musim Mas, dans la province de Riau. La grève avait
été déclenchée par le refus de cette société de négocier avec
le syndicat SP Kahuntindo. Le litige porte notamment sur la
mise en oeuvre des droits garantis aux salariés par la législation
nationale. Au cours de la grève, le portail de l’usine a été
enfoncé et deux employés de l’entreprise ont été blessés.
Cinq des six hommes ont été arrêtés le jour de la manifestation,
sur la base d’un rapport remis à la police par le directeur
du personnel de Musim Mas. Sruhas Towo a été interpellé
un mois plus tard, le 18 octobre.
Tous les six ont été inculpés et reconnus coupables
d’« avoir commis ouvertement des violences contre des personnes ou
des biens », mais rien n’indique qu’ils aient été impliqués
dans des violences. Durant le procès, le ministère public
n’a jamais tenté de prouver qu’ils avaient touché le portail de
l’usine, et les juges ne sont pas non plus parvenus à cette
conclusion.

La manifestation avait rassemblé presque un millier de
syndicalistes. Le fait que ces six hommes aient été spécifiquement
pris pour cible par l’entreprise puis inculpés tend à
indiquer qu’ils ont été visés à cause de leur engagement syndical.
Amnesty International craint que les charges retenues
n’aient été motivées par des considérations politiques et
que les dommages causés pendant la grève n’aient servi
d’excuse à Musim Mas et aux autorités locales pour porter
un coup au syndicat.


INFORMATIONS GENERALES

L’Indonésie est le plus grand pays de la région d’Asie du
Sud-Est et le quatrième au monde en termes de population.
C’est aussi le pays qui compte le plus de musulmans
au monde. L’archipel indonésien est composé d’environ
13 000 îles entre Asie et océan Pacifique. Certaines de ces îles
sont encore habitées par des tribus primitives qui vivent de
façon traditionnelle, bien loin de la modernité de Djarkarta, la
capitale.
Dès le Vème siècle, certains royaumes de l’actuelle Indonésie
profitent de leur position centrale sur les routes commerciales
maritimes pour multiplier les échanges avec l’Inde et la
Chine. Les principaux royaumes indonésiens sont des territoires
ouverts sur le monde, ce qui explique la rapidité avec
laquelle l’Islam s’est implanté dans la région dès le XIIIème
siècle.
En 1602, la Compagnie hollandaise des Indes orientales
bat les Anglais et les Portugais et s’installe en Indonésie. Les
autorités hollandaises ne s’intéressent à l’Indonésie qu’à la
faillite de la Compagnie à la fin du XVIIème siècle. La culture et
le commerce des épices sont réglementés par la puissance coloniale
qui compte en tirer un profit exclusif. Les Indonésiens qui
continuent de vendre leurs épices indépendamment sont sévèrement
réprimés.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’archipel tombe
aux mains des troupes impériales nippones. S’ils sont accueillis
en libérateurs, les Japonais exploitent les populations locales.
Les indonésiens « romushas » (travailleurs forcés) sont envoyés
dans des camps où les conditions de vie sont déplorables. Les
femmes deviennent des esclaves sexuelles sur les navires de
guerres. Beaucoup y laissent leur vie.
Au lendemain de la capitulation du Japon en 1945, le Général
Sukarno et les nationalistes déclarent l’indépendance de
l’Indonésie. Les Hollandais n’acceptent pas cette auto-proclamation
et tentent de reconquérir l’archipel par la
force. Fortement critiqués par la Communauté Internationale, ils finissent par reconnaître la souveraineté
du Gouvernement indonésien en 1949.
Afin d’assurer l’unité de la nouvelle république et
face aux menaces sécessionnistes, le Général Sukarno instaure
un régime autoritaire qu’il qualifie de démocratie dirigée.
Dans le contexte de la Guerre Froide, Sukarno cherche une position
médiane et fonde avec entre autres le Président égyptien
Nasser, le mouvement des non-alignés. Toutefois, l’armée indonésienne
est empreinte à des luttes de pouvoir intestines
entre les partisans d’extrême droite et des sympathisants
communistes. La situation se détériore lorsque des Généraux
de droite sont assassinés. Les membres du parti communiste
indonésiens (PKI) et leurs sympathisants sont accusés de fomenter
un coup d’état et sont éliminés par des factions de l’armée
dirigées par Major Général Suharto et le Général Nasution. En
un an, le conflit fait plus de 500 000 victimes. En 1966,
Sukarno, malade, écrit une lettre dans laquelle il déclare l’Etat
d’urgence et la délégation de la plupart de ses pouvoirs à
Suharto. Ce dernier est formellement élu deux années plus
tard.

Pendant près de 30 ans, de 1968 à 1996, Suharto a instauré
un régime dictatorial en Indonésie, en installant des membres
de sa famille aux plus hauts postes du pouvoir et en n’hésitant
pas à réprimer dans le sang les manifestations appelant à des
réformes démocratiques. Il a pu bénéficier notamment du soutien
des États-Unis et de l’Australie, seul pays à avoir reconnu
l’annexion du Timor oriental. Depuis la chute de Suharto,
l’Indonésie fait face à une série de mouvements autonomistes
contre le centralisme de la principale île, celle de Java, accusée
de confisquer les richesses à son seul profit. A cela s’ajoute des
rébellions à caractère ethnique ou religieux, comme en
Aceh, où les conflits entre le Mouvement pour l’Aceh libre et les
troupes du gouvernement se sont soldées par des milliers de victimes.
Avec 165 000 victimes, l’Indonésie a été particulièrement
touchée par le Tsunami de décembre 2004, qui fit environ 280
000 morts dans l’ensemble des pays riverains de l’océan indien.
Malgré l’aide internationale et les efforts de reconstruction, il
reste encore beaucoup de personnes hébergées sous des tentes
ou dans des baraquements, dans l’attente d’un logement définitif.
Mais l’Indonésie est malheureusement habituée aux catastrophes
naturelles en tout genre, des éruptions volcaniques
aux tremblements de terre, sans parler des glissements de terrain
et des inondations, très fréquentes, notamment au pic de la
saison humide en janvier-février. La déforestation est régulièrement
accusée de provoquer ces inondations. L’île de Célèbes (également
appelée Sulawesi) est rongée par les exploitants forestiers,
qui opèrent souvent de façon illégale. Selon des
associations écologistes, l’Indonésie perd en surface boisée
l’équivalent de quatre à six terrains de football par minute.
Susilo Bambang Yudhoyono est arrivé au pouvoir fin
2004, sur la promesse de réduire la corruption et d’améliorer
le niveau de vie des Indonésiens. Les attentes de la population
étaient d’autant plus grandes que le principe d’élections au suffrage
universel direct des gouverneurs de région et des maires
avait été adopté depuis peu. Pourtant, Yudhoyono s’appuie toujours
sur le Golkar, le parti au pouvoir sous l’ancien homme fort
de l’archipel, Suharto. Il a dû faire face aux immenses dégâts
causés par le tsunami de décembre 2004 et à l’envolée des prix
du pétrole, qui a alourdi la facture des importations d’hydrocarbures
du pays et, par voie de conséquence, déprimé la monnaie
nationale et la Bourse. Comme ailleurs dans la région, la croissance
économique s’est ralentie.
Trois bombes ont explosé en octobre 2005 sur l’île de Bali,
causant la mort d’au moins 23 personnes, dans un attentat
semblable à celui d’octobre 2002.

DROITS HUMAINS

En 2005, divers groupes religieux minoritaires ont été la cible
de menaces. Des attaques ont visé des membres de la communauté
ahmadie, les poussant parfois à fuir. Le Jaringan Islam
Liberal (Réseau de l’islam libéral) a également été visé et plusieurs églises chrétiennes ont dû fermer à Java. Aux Moluques et
dans la province de Sulawesi-Centre, les tensions ethniques et
religieuses continuent d’entraîner des violences.
Bien que la situation se soit améliorée dans la province de
l’Aceh (Nanggroe Aceh Darussalam) après la signature d’un
accord de paix entre le gouvernement et le Gerakan Aceh Merdeka
(GAM, Mouvement pour l’Aceh libre), l’impunité caractérisant
les graves atteintes aux droits humains reste un motif de préoccupation.
Dans la province de Papouasie, des cas de torture et de placements
en détention arbitraire sont courants. Deux personnes,
peut-être davantage, ont été passées par les armes et au
moins dix autres ont été condamnées à mort. La liberté d’expression
demeure extrêmement limitée et au moins 18 personnes
ont été placées en détention pour avoir critiqué le gouvernement.

PISTES PÉDAGOGIQUES

Cinéma

L’année de tous les dangers de Peter Weir (Australie, 1982). Un des
rares films sur l’Indonésie. Une vision occidentale du coup
d’État anti-communiste de 1965.

Littérature : lecture et étude d’Amok de Stephan Zweig, qui se
passe à Bornéo.

 Etude de cas : présentation du conflit civil en Irian Jaya.
Se référer au rapport du « International Crisis Group », Ending
Repression in Irian Jaya
, disponible sur :
http://www.crisisgroup.org/home/ind...

Traduction française disponible sur :
http://eglasie.mepasie.org/2002/avr...

 Réaliser un exposé sur la Guerre Civile Indonésienne
(1965-1968). Se référer :

. aux archives déclassifiées de la CIA disponibles sur :
http://www.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB...

. Olivier Sevin, L’Indonésie, Que sais-je, PUF, 1993.

 Initiation au « Wayang Golek » théâtre de marionnettes
traditionel (fabrication de marionnettes, écriture d’un scénario
s’inspirant de mythes et contes indonésiens).

Pour plus d’informations, consulter : http://wayang.asurtech.com/.

Pour des contes indonésiens, se référer à Nathalie Belin-Ridwan,
Contes d’Indonésie, L’Harmattan 2004.

2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit