Ouzbékistan

AHMADJAN MADMAROV et les membres de sa familles : harcelés et torturés.

L’Ouzbek Ahmadjan Madmarov
à reçu le Prix Frontline des
défenseurs des droits humains
en 2006. Il est le Président régional
de l’Organisation Indépendante
des Droits Humains en Ouzbékistan
(NOPCHU), l’une des rares
organisations des droits humains
enregistrée officiellement dans ce
pays.
Depuis plus de trente ans, il
condamne les graves violations
de droits humains commises en
Ouzbékistan, telles que la torture
policière, la détention arbitraire et l’absence de liberté
religieuse. Il a payé chèrement son action en faveur des
droits humains. Menaces, restriction de sa liberté de mouvement
et surveillance font partie du quotidien de l’une de ces
rares personnes qui ont osé parler contre le régime de Karimov.
En Ouzbékistan, les autorités ciblent et persécutent

fréquemment les défenseurs des droits humains dans le
but de les voir renoncer à leur action.
En ce qui concerne Ahmadjan, sa famille a également été
victime de persécutions : trois de ses fils et deux de ses
neveux purgent de longues peines de prison dans des
conditions inhumaines. Les circonstances de leur incarcération
laissent croire qu’ils sont persécutés du fait de l’action
d’Ahmadjan en faveur des droits humains. Suite à des procès
très injustes, les cinq hommes ont été condamnés pour leur
action prétendue au sein de Hikb-Ut-Tahrir, une organisation
politique islamique interdite (une tactique fréquemment utilisée
par les autorités ouzbeks). Des représentants des autorités
ouzbeks auraient dit à Ahmadjan « arrêtez vos activités en
faveur des droits humains, et nous laisserons vos fils tranquilles. Nous
arrêterons de les torturer. Nous aiderons peut-être même à les libérer.
 »

Source : Front Line,
<http://www.frontlinedefenders.org/a...>

INFORMATIONS GENERALES

Ouzbékistan, en tant qu’État-Nation, ne voit le jour qu’en
1923, sous impulsion soviétique. Auparavant, les territoires
le composant étaient des terres convoitées qui passaient
périodiquement, au gré des conquêtes, d’un Empire à
l’autre (Empire perse, grec, arabe, mongol, ottoman, russe,
soviétique). Le contrôle de ces territoires était en effet d’une
importance stratégique primordiale, puisque traversés par
la Route de la Soie. La beauté légendaire des villes de Samarcande
et de Boukhara, a longtemps été célébrée par les poètes
et auteurs orientaux.
Toutefois, à partir du XIVe siècle des émirats (khanats) indépendants
se formèrent autour des villes principales (Boukhara,
Tachkent).
Au 19ième siècle, malgré la résistance farouche des nationalistes
ouzbeks, l’Empire russe étend sa domination sur toute la
région. Les territoires soumis sont regroupés au sein d’une
entité administrative appelée le Gouvernement général du Turkestan.

Les Soviétiques prennent le pouvoir en 1917 et proclament
la création de la République Socialiste Soviétique d’Ouzbékistan
en 1924. S’en suivent de profondes mutations culturelles
(laïcisation) et économiques (industrialisation). L’Ouzbékistan
n’accède à l’indépendance qu’en 1991 avec l’éclatement de
l’U.R.S.S.
Depuis 1988, la République d’Ouzbékistan, régime présidentiel
fort, voire autoritaire, est dirigé par Islam Karimov.
Tout parti d’opposition est systématiquement muselé.
La politique de répression des autorités ouzbèkes contre
les mouvements et organisations politiques islamistes entraîne
leur radicalisation et une aggravation des tensions et violences
sociales. Première destination touristique d’Asie centrale,
pourvu en or, en gaz et en pétrole, deuxième exportateur mondial
de coton, le pays a pourtant de nombreux atouts pour se
moderniser et s’ouvrir au monde extérieur. Le régime
peut compter sur l’appui de la Chine et de la Russie.

LES ÉVÉNEMENTS D’ANDIJAN

En mai 2005, une émeute éclate à Andijan, où une prison
est prise d’assaut à la suite de l’incarcération de 23 hommes
d’affaires accusés d’islamisme. Les rebelles libèrent quelque 2
000 prisonniers et enlèvent des otages pour résister aux forces
de l’ordre. Pendant ce temps, des milliers d’habitants se rassemblent
sur la place Babour pour les soutenir et réclamer plus de
démocratie et de meilleures conditions de vie. L’armée est
envoyée afin de réprimer l’insurrection et tire à la
mitrailleuse dans la foule. Bilan : 187 morts selon le gouvernement,
entre 300 et 700 selon les organisations internationales,
voire un millier selon certains témoins.
À la suite du refus de l’Ouzbékistan d’autoriser l’ouverture
d’une enquête internationale indépendante sur cette
répression, l’Union européenne (UE) a décrété, en novembre
2005, un embargo sur ses ventes d’armes et ses transferts
militaires à destination de l’Ouzbékistan. Elle a également
interdit de visa, pour une durée d’une année, douze ministres
d’État et hauts fonctionnaires ouzbeks. Seul le ministre de l’Intérieur
a bénéficié d’une dérogation pour raisons humanitaires,
afin de recevoir des soins médicaux en Allemagne. De leur côté,
les autorités ouzbèkes ont interdit aux membres européens de
l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) l’utilisation
de leur espace aérien et ont demandé à tous ces pays, exception
faite de l’Allemagne, de retirer leurs troupes de la base aérienne
de Termez. Il faut dire que l’Allemagne est prête à fermer les
yeux sur les violences de l’Etat, car elle compte sur cette base
stratégique pour assurer la sécurité des soldats allemands engagés
dans des opérations de maintien de la paix en Afghanistan…
Également en novembre 2005, les militaires américains ont
achevé leur retrait de la base aérienne de Khanabad, comme
l’avaient exigé les autorités ouzbèkes. La base aérienne était
louée à bail depuis octobre 2001 dans le cadre de la « guerre contre
le terrorisme » menée par les États-Unis. Le 14 novembre, le gouvernement
ouzbek a signé un accord de défense mutuelle avec la
Russie autorisant celle-ci à utiliser les infrastructures militaires
de l’Ouzbékistan. Toujours au nom de la lutte contre le terrorisme,
les autorités ont mis en place un vaste système de surveillance
des islamistes. Les habitants qui logent des étudiants
sont même invités à dénoncer les éléments suspects (Voir Courrier
International n°805 du 6/04/06).

DROITS HUMAINS

Depuis les évènements d’Andijan, des centaines de manifestants
ont été interpellés et, semble-t-il, maltraités. Les témoins
ont été victimes d’actes d’intimidation. Des journalistes et
des défenseurs des droits humains ont été harcelés, battus
et placés en détention ; certains d’entre eux ont été inculpés
de graves infractions pénales et sont considérés par Amnesty
International comme des prisonniers d’opinion. À l’issue de procès
truqués, au moins 73 hommes et femmes ont été reconnus
coupables d’infractions relevant de « terrorisme » et condamnés à
des peines allant de douze à vingt-deux années d’emprisonnement
pour leur participation présumée au soulèvement. Les
autorités ouzbèkes ont déjà fait plusieurs demandes d’extradition
au Kirghizistan et au Kazakhstan. Les personnes concernées
ont été placées en détention secrète, et, dans certains cas, torturées.
Des dizaines de personnes auraient été condamnées à
mort et exécutées. Aux termes d’un décret présidentiel, l’Ouzbékistan
s’est engagé à abolir la peine capitale en 2008.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/report2006/u...>


PISTES PÉDAGOGIQUES

  La Route de la Soie est l’un des premiers exemples d’intégration
économique, politique et culturelle par
l’établissement et le développement d’un « commerce international
 ». Présenter ce phénomène. Illustrer l’exposé par des
cartes et des images des merveilles architecturales de la
région (à Samarcande, le Registan ; à Boukhara le Labi-Hauz,
etc). Retracer les expéditions de Marco Polo.

Se référer au dossier de l’UNESCO, disponible sur
<http://www.unesco.org/culture/silkroads/>

Consulter le site <http://marcopolo.mooldoo.com/>, entièrement
consacré à Marco Polo et à ses expéditions.

 Aujourd’hui, l’Ouzbekistan est le deuxième pays exportateur
de coton. A l’heure de la mondialisation, cela entraîne
des connections insoupçonnées entre ce pays et le reste du
monde. Un écrivain français, Eric Orsenna, a mené son
enquête sur cet aspect de la mondialisation, en prenant le
coton comme fil conducteur. Dans son récit, on voyage aux
Etats-Unis dans les grandes fermes du Tennessee, dans les
plantations démentielles du Brésil et dans leurs laboratoires
d’OGM où on crée des plants lumineux en y plaçant des
gènes de méduses et des cotons super résistants en y implantant
des ADN d’araignées. On arrive en Ouzbékistan où tout
un pays se donne au coton comme au temps de Staline, avant
de partir en Chine dans la capitale mondiale de la chaussette,
et en Egypte pour y retrouver une tradition millénaire et
même en France, victime résignée de l’inévitable mondialisation.

Pour en savoir plus : Erik Orsenna, Voyage au pays du coton, petit
précis de mondialisation, Fayard, 2006.

 Lire et discuter :

 de l’aventure de Corto Maltese : Hugo Pratt, La Maison Dorée de
Samarcande, Casterman, 1994 (bande-dessinée).

 d’Amin Maalouf, Samarcande, Livre de Poche, 1989, sur
l’Orient du XIXe et le libre penseur Omar Khayyâm.

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