Russie

Imran Ezhiev, torturé,
menacé.

Imran Ezhiev est le dirigeant du
Centre d’information de la
société pour l’amitié russo-tchétchène
dans le Nord Caucase, il est le
coordinateur du Groupe Helsinki de
Moscou et il fait partie d’un groupe de
travail sur les droits humains en Tchétchénie
organisé par la Commission présidentielle des
droits de l’homme. Arrêté au moins une dizaine de fois
au cours des cinq dernières années, il n’a cependant
jamais cessé son action en faveur des droits humains. Le 17
septembre 2000 il a été arrêté et maintenu en détention au
Département régional de l’Intérieur (ROVD) d’Achkoi-Martan
 ; il aurait été battu à plusieurs reprises sur la colonne vertébrale,
et, comme il disait qu’il avait mal à une dent, par dérision
on les lui a toutes arrachées. On lui a également arraché
les ongles et menacé de « disparition ».

Ce qui semble être une campagne d’intimidation contre
les membres du Centre d’information de la société pour
l’amitié russo-tchétchène s’est poursuivie et intensifiée pendant
les mois de juin et juillet 2004. Le 12 juillet, vers 18h30,
plus de 40 policiers ont effectué une descente dans les
locaux de la Société dans la ville de Karabulak, en Ingouchie.
La plupart des policiers portaient des masques et des tenues
de camouflage, ils étaient armés de mitraillettes. Ils ont
fouillé les bureaux, sans dire, semble-t-il, qui ils étaient ni
montrer de mandat de perquisition. Ils ont apparemment
confisqué six bandes vidéo, quatre disques d’ordinateur et
des dossiers qui contenaient des témoignages de victimes de
violations des droits humains par les forces fédérales russes
en Tchétchénie, les noms des auteurs présumés de ces faits et
des renseignements concernant des véhicules utilisés pour
enlever des civils.
Imran Ezhiev est arrivé pendant la perquisition et a dit
aux policiers que, en l’absence de mandat, leur action était
illégale. Un des hommes lui aurait crié : « Ta naissance était
illégale ; le fait que tu sois tchétchène est illégal. N’aie
crainte, nous ferons en sorte de trouver à t’accuser de
quelque chose ».

Pour plus d’informations, se référer au rapport d’Amnesty
International, Russie :
Il est dangereux de parler : Attaques visant les défenseurs des
droits humains dans le contexte du conflit armé en Tchétchénie, disponible
sur :
<http://web.amnesty.org/library/inde...>

Source : Rafto, <www.rafto.no/ uploads/lida5.jpg>

Portrait : Lida Yusupova

Lida Yusupova est coordonnatrice au
bureau de Grozny de l’organisation de
défense des droits humains Memorial,
basée à Moscou. Ce petit groupe est l’une des
rares organisations de défense des droits humains encore active en Tchétchénie ; c’est grâce à elle que
parviennent au monde des informations cruciales sur les
atteintes aux droits humains perpétrées dans cette république
de Russie. Lida rassemble les témoignages des victimes qui
osent se rendre au bureau de Grozny mais va aussi sur le
terrain, là où ont eu lieu massacres et disparitions. Elle
accompagne les victimes qui portent plainte contre l’armée
russe et les services de sécurité et fournit également
une assistance juridique dans la limite du système judiciaire
encore en place dans cette partie de la Russie.
En 2001, le bureau de Lida Yusupova a été la cible d’une
attaque directe de l’armée.
Lida Yusupova a reçu le Prix de de la Fondation Martin
Ennals en 2004 et le Prix de la Fondation Thorolf Rafto en 2005.

Pour plus d’informations, se référer à :
 Amnesty International, Le Prix Martin Ennals est attribué à
une Tchétchène, pour sa défense des droits humains, disponible sur :
<http://www.amnestyinternational.be/...>.

 Commission International de Juristes, Russie - Une femme
tchétchène, défenseur des droits de l’homme, lauréate du prix le plus prestigieux
du mouvement des droits de l’homme, disponible sur :
<http://www.icj.org/news.php3?id_art...>

Portrait : Natalia Khodyreva

Universitaire de formation, elle est responsable
du Centre de crise pour les
femmes de Saint-Pétersbourg. Elle
héberge et défend dans son Centre de crise les
femmes victimes de violence et de trafic.
« Nous travaillons pour les femmes violentées,
battues… Lorsque j’ai été victime de violences
conjugales, il n’existait aucun centre d’aide. Maintenant il en
existe 40 mais ce n’est pas assez. Les associations qui s’en
occupent ont besoin d’être soutenues ».

Pour plus d’informations, contacter Amnesty International
France, <www.amnesty.asso.fr>.

INFORMATIONS GENERALES

Par conquêtes et colonisations, la Russie a connu une expansion
territoriale ininterrompue du XVIè au XIXè siècle qui
en a fait l’État le plus étendu du monde.
Le climat y est particulièrement froid. La vodka y coule à
flot, causant un des pires taux d’alcoolisme au monde.
Depuis 1990, la Fédération de Russie - héritière de l’Union
soviétique (URSS) - est constituée de 90 Républiques, régions et
territoires. En 1994, le Président Eltsine envoie ses troupes dans
une petite république du Caucase qui avait déclaré son indépendance,
la Tchétchénie. Les troupes russes y rencontrent une
énorme résistance. Grozny, la capitale de Tchétchénie, est
dévastée. Un accord de paix est négocié en août 1996, après un
bilan catastrophique : la première guerre tchétchène
aurait provoqué 15 000 morts parmi les soldats russes,
10 000 parmi les soldats indépendantistes tchétchènes
et plus de 80 000 civils... En septembre 1999, l’opinion
russe est traumatisée par une vague d’attentats attribués
aux indépendantistes tchétchènes. Vladimir Poutine,
devenu depuis Président, utilise cette peur pour déclancher une
seconde guerre en Tchetchénie, toujours en cours, provoquant
un nouvel exil de la population.

Le pouvoir russe organise en mars 2003 un référendum pour montrer que la population
refuse l’indépendance et l’autorité de leur président élu Alan
Maskhadov, non reconnu par Moscou. 95% des habitants se seraient prononcés en faveur de la nouvelle Constitution et
contre l’indépendance. En fait, ce vote s’apparente plus à une
parodie de démocratie et vise surtout à faire croire que tout
est rentré dans l’ordre en Tchetchénie.
En septembre 2004, à Beslan, des terroristes prennent en
otage toute une école. Après trois jours de siège, les forces russes
donnent l’assaut qui produit un bain de sang. Selon le bilan officiel,
il y aurait eu 344 civils tués dont 186 enfants. Les preneurs
d’otages étaient des Tchétchènes inspirés par Chamil Bassaïev.
D’importantes manifestations ont eu lieu en début d’année
2005 pour protester contre la réforme du système d’aide
sociale. Au mois de septembre de cette même année, le Comité
des droits de l’enfant [ONU] a signalé toute une série de problèmes
relevés en Russie dans son domaine de compétence.
En Tchétchénie, le chef séparatiste Aslan Maskhadov a
été tué le 8 mars 2005 à Tolstoï-Iourt, lors d’une opération
menée par les forces de sécurité fédérales. De source officielle,
Aslan Maskhadov aurait refusé de se rendre alors que les forces
fédérales tentaient de l’arrêter. Des élections législatives se
sont tenues en novembre 2005 en Tchétchénie. Elles ont été remportées
par le parti Russie unie, favorable au Kremlin, avec 60 %
des voix, mais ces résultats sont contestés par les organisations
russes et internationales de défense des droits humains.

DROITS HUMAINS

Les défenseurs des droits humains sont en butte à une
hostilité croissante. Certains ont été poursuivis en justice
pour des activités relevant de l’exercice non violent du droit à la
liberté d’expression. Le nombre de condamnations pour
crimes racistes a légèrement augmenté en 2005, mais de nouvelles
agressions de ce type ont été signalées. Certaines ont
entraîné la mort.
La violence domestique est un phénomène courant, dont
les victimes ne sont pas suffisamment protégées par l’État. Dans
des colonies pénitentiaires, des détenus ont mené d’importants
mouvements de protestation. Le conflit en Tchétchénie
a, cette année encore, donné lieu à de graves atteintes aux
droits humains (« disparitions », enlèvements, actes de torture,
homicides, détentions arbitraires).
Les auteurs de ces actes jouissent généralement d’une totale
impunité. Les personnes qui tentent d’obtenir justice sont la
cible de manoeuvres d’intimidation ou de menaces de mort.
Certaines ont même été tuées ou ont « disparues ».

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/report2006/r...>

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Faire une présentation historique de la Russie.
Se référer à :

•Michel Heller, Histoire de la Russie et de son Empire, Flammarion,
1999.

•Hélène Carrère d’Encausse, L’Empire d’Eurasie.Une histoire
de l’empire russe de 1552 à nos jours, Fayard, 2005.

•L’histoire russe : http://www.studyrussian.com/history...

•Le dossier Russie de l’Académie de Toulouse : http://pedagogie.
ac-toulouse.fr/h...

 Réaliser une recherche dans les documents d’Amnesty sur
le racisme envers les étrangers en Russie.

 Réaliser une étude sur les idéologies marxiste et communiste.
En quoi ces idéologies s’opposent-elles/ressemblent elles
au capitalisme ? Se référer à
• dossier Les dérives identitaires : identités et discriminataions,
2005, disponible sur :
<http://www.amnestyinternational.be/...>.

•Jean Touchard, Louis Bodin, Pierre Jeannin, et Georges
Lavau, Histoire des idées politiques : Tome 2, Du XVIIIe siècle à nos
jours , PUF, 2006.

Lire des extraits de textes de Karl Marx et de Friedrich
Engels, disponibles sur :
<http://hypo.ge.ch/www/cliotexte/htm...>

 Quelle a été l’attitude du pouvoir soviétique à l’égard
des droits humains ? Faire le portrait de grandes figures de
la dissidence sous l’ère communiste : Sakharov ou Soljenistine
(auteur de « L’Archipel du Goulag »).

 Faire une recherche sur la guerre en Tchetchénie :
•Consulter les rapports d’Amnesty et de Human Rights
Watch.

•visionner le film « La maison des fous » d’Andrei KONCHALOVSKY
(disponible à la Médiathèque).

•lire « Chienne de guerre » de Anne Nivat (Fayard) : un
témoignage éclairant sur la guerre et ses causes. Contient des
cartes utiles pour comprendre ce conflit.

 Introduction à la littérature russe (Dostoïevski, Gogol,
Tolstoï, Tchekhov, etc.) . Consulter le site de la littérature
russe : http://www.russie.net/litterature/

Cinéma : projeter et étudier :

•Le Cuirassé Potemkine, Serguei M. Eisenstein (1925). En
1905, la révolte des marins du Potemkine éclate comme un
signe avant-coureur de la Révolution d’octobre. Sorti en 1925,
ce film bouleverse le cinéma mondial. Disponible à la médiathèque.

•Andrei Roublev, Andrei Tarkovsky (1967). XVème siècle. Le
moine Andrei Roublev, peintre d’icônes, participe à la réalisation
des grandes fresques de l’église de Vladimir alors que les
Tartares envahissent le pays et soumettent les habitants à
d’hallucinantes cruautés. Ce spectacle conduit Roublev à une
réflexion sur le rôle de l’art et de l’artiste. Refusant les
normes esthétiques de la religion officielle, il conteste la
valeur d’un « Jugement dernier » apocalyptique présidé par un
Dieu vengeur et fait voeu de silence. Il ne sortira de son
mutisme que 10 ans plus tard, après avoir rencontré un fondeur
de cloches qui prétend posséder le secret d’un alliage
découvert par son père. Disponible à la médiathèque.

•Soleil trompeur, Nikita Mikhalkov (1994) : A travers l’histoire
de Dimitri et de Maroussia, hommage aux victimes et a
tous ceux qui ont ete brûlés par le soleil trompeur de la révolution.
Un bon film pour parler du stalinisme et plus généralement
de l’émergence des pouvoirs totalitaires. Voir la fiche
pédagogique consacrée à ce film sur <http://www.cinehig.clionautes.
org...

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