Syrie

Aktham Naisse, harcelé par les autorités
pour sa lutte en faveur des droits humains.

Créateur de la publication “Sawt al-Dimokratiyyah” (la Voix
de la Démocratie), il a écrit plusieurs articles et pris courageusement
la parole dans des conférences nationales,
régionales et internationales en matière des droits
humains. Il a été arrêté à six reprises pour avoir demandé
publiquement le respect des droits fondamentaux. Ces dernières
années, il a été accusé « d’opposition aux objectifs de la révolution
 » et de « dissémination de fausses informations dans le but
d’affaiblir l’Etat », risquant une peine d’emprisonnement de 15
ans. Grâce à la pression internationale, il fut finalement
acquitté par la Cour suprême de sûreté de l’Etat. Quelques jours
avant le procès, Aktham Naisse s’adressait à la Fondation Martin
Ennals dans ces termes : “Je me sens davantage motivé et heureux
parce qu’il existe des personnes qui s’intéressent à notre problème, des
gens qui se soucient de nous et nous soutiennent dans notre lutte pour la
liberté humaine. Je suis particulièrement touché parce que je sais que
nous ne sommes pas seuls à combattre les violations des droits de
l’homme.”

Aktham Naisse et les CDF avaient publié un rapport annuel
sur les violations des droits humains perpétrées en Syrie et
mené une campagne nationale en faveur de la levée de l’état
d’urgence. En mars et avril 2004, ils avaient dénoncé les
atteintes commises contre les droits fondamentaux de la
population kurde du pays et ils avaient été le fer de lance
d’une campagne appelant à la fin de l’état d’urgence. Aktham
Naisse a exprimé à maintes reprises sa préoccupation au sujet
des nombreux Libanais qui ont « disparu » en Syrie. Un très
grand nombre de Libanais et de personnes d’autres nationalités
ont en effet « disparu » après avoir été arrêtés ou enlevés par les
autorités syriennes, ou livrés par des groupes armés ; pour beaucoup
cela s’est passé au cours de la guerre civile libanaise (1975-
1990) ou pendant le conflit qui a opposé la Syrie à l’Organisation
de libération de la Palestine (OLP) dans les années 1980.

Pour plus d’informations, se référer à l’article de la FIDH Un
défenseur des droits de l’homme syrien reçoit le Prix Martin Ennals 2005,
disponible sur :
<http://www.fidh.org/article.php3?id...>

Fateh Jamus, détenu
depuis mai 2006.

Le défenseur des droits humains
Fateh Jamus a été arrêté le 1er
mai 2006 par les services de la
Sûreté de l’État. Sa famille n’a pas été
autorisée à lui rendre visite et n’a reçu
aucune information le concernant.
Amnesty International craint que
cet homme ne soit torturé et le
considère comme un prisonnier d’opinion.
Fateh Jamus a été appréhendé à l’aéroport de Damas à son
retour d’Europe, où il a pris la parole lors d’une conférence
d’Amnesty International, en Suède, au sujet des droits humains et de l’asile. Selon sa famille, un mandat d’arrêt a été émis à son
encontre le 15 avril, alors qu’il se trouvait à Londres.

Pendant son séjour en Europe, Fateh Jamus s’est également
entretenu avec le groupe chargé de la question des droits
humains au sein du Parlement suédois. Au Royaume-Uni, il a
notamment participé à une émission de radio promouvant le
dialogue arabo-kurde et la réforme pacifique en Syrie.
Fateh Muhammad Jamus, ingénieur mécanicien et membre
du Hizb al Amal al Shuyui (Parti d’action communiste, PAC), a déjà
été arrêté en février 1982 et jugé avec d’autres membres du PAC
par la Mahkamat Amn al Dawla al Aliya (Cour suprême de sûreté de
l’État). Le 11 janvier 1994, il a finalement été condamné à
quinze ans d’emprisonnement, à l’issue d’une procédure
inéquitable. Fateh Jamus n’a été libéré qu’en 2000, après avoir
passé dix-huit ans en prison !
Le 23 août 2003, il a de nouveau été interpellé, avec 13 autres
personnes, alors qu’il participait à une conférence marquant le
quarantième anniversaire de la proclamation de l’état d’urgence
en Syrie. Fateh Jamus a été inculpé d’« affiliation à une organisation
secrète et [de] perpétration d’actes pouvant mener à des luttes intestines
au sein de la nation » et condamné à un an de prison. Les charges
retenues contre lui ont été abandonnées à la faveur d’une amnistie
présidentielle en 2003.
Pour plus d’informations, se référer à
l’Action Urgente d’Amnesty, AU 113/06, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/library/Inde...>

MICHEL KILO, détenu depuis mai 2006.

Selon l’OMCT, Michel Kilo, activiste prodémocratique et président
de l’Organisation pour la défense de la liberté
d’expression et la liberté de la presse, a été appréhendé
par les services de renseignement syrien le 14 mai 2006 et risque
d’être mal traité. A la mi-juillet 2006, il n’a toujours pas été
libéré.
M. Kilo, qui a déjà été détenu pendant deux
ans au début des années 1980, est un des leaders
de groupes de discussion entre ONG
débattant régulièrement des réformes politiques,
de la démocratie et des droits humains
en Syrie. Il est également journaliste au Al-Quds,
un quotidien de langue arabe publié à Londres.
M. Kilo aurait été arrêté suite à la diffusion d’une pétition
lancée par des intellectuels et défenseurs des droits
humains syriens et libanais. Cette pétition appelait à une
amélioration des relations entre les deux pays. Elle a été signée
par 500 personnes, y compris par M.Kilo. Cependant l’OMCT
craint que son arrestation soit essentiellement liée à ses
activités de défenseur des droits humains et des liberté
fondamentales en Syrie.

Pour plus d’informations, se référer au communiqué de
l’OMCT, disponible sur
<http://www.omct.org/base.cfm?page=a...

INFORMATIONS GENERALES

De 1510 au XIXe siècle, la Syrie est occupée par des Turcs
ottomans, mais la plus grande partie des régions désertiques
du pays restent aux mains des tribus bédouines.
En 1914-1918, pendant la Première Guerre mondiale, la Syrie est
le théâtre de combats entre les Turcs soutenus par les Allemands
et les Syriens soutenus par les Britanniques. En 1920 des
Syriens nationalistes proclament Faysal, roi de la Grande Syrie
(qui inclut la Palestine et le Liban), mais la même année la Syrie
est placée sous mandat français par la Société des Nations. En
1946, la Syrie obtient son indépendance, mais souffre de 1949 à
1954 d’une série de coups d’état. En 1958, la Syrie fusionne avec
l’Egypte sous la présidence de Nasser et devient la province septentrionale
de la République arabe unie. Cette expérience politique
ne dure guère longtemps, car en 1961 l’indépendance
syrienne est restaurée à la suite d’un coup d’état militaire.

En 1963, le parti Baas arrive au pouvoir et en juin 1967 la Guerre
des Six-Jours éclate. Suite au conflit, le Plateau du Golan est
annexé par Israël. En 1970, Hafez el-Assad prend le pouvoir. En
1973, la Guerre du Kippour : le 6 octobre, la Syrie mène avec
l’Egypte une offensive surprise contre Israël. Les pertes
humaines et les conséquences économiques sont considérables
pour la Syrie. La guerre civile au Liban éclate en 1975. Occupant
militairement l’est du Liban (plaine de la Bekaa et Beyrouth-
Ouest) depuis 1976, l’armée syrienne investit le reste du Liban en 1990 et le pays du Cèdre deviendra un Etat sous tutelle
syrienne jusqu’en 2005.
En 2000, Hafez el-Assad meurt et son
fils Bachar el-Assad, lui succède. Après le « printemps syrien »,
période marquée par un climat de liberté d’expression et par la
libération de centaines de prisonniers d’opinion, le régime
renoue avec la ligne dure, ne tolérant aucune critique et jetant
en prison les opposants.

La Syrie est de plus en plus isolée à la suite de l’assassinat de
l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, perpétré à Beyrouth
le 14 février 2005 et généralement attribué aux services
secrets syriens. D’autres figures de l’opposition libanaise à la
présence syrienne ont été ciblées par Damas, dont le journaliste
et essayiste Samir Kassir assassiné à Beyrouth le 2 juin 2005
(voir sa dernière interview dans Libertés ! de juin 2005 :
<http://www.amnestyinternational.be/...>).

En mai 2005, les Nations unies ont confirmé que la Syrie
avait retiré ses troupes du Liban. L’état d’urgence proclamé en
1962 est resté en vigueur. L’accord d’association entre la Syrie et
l’Union européenne, signé en octobre 2004 et contenant une
clause relative aux droits humains, n’avait toujours pas été
approuvé fin 2005.
La Syrie a été montrée du doigt pour son soutien au Hezbollah, et donc pour son implication dans l’enlèvement des deux
soldats israéliens qui provoqua une des plus graves crises entre
le Liban et Israël en juillet 2006 (voir fiches Israël et Autorité
palestinienne).


DROITS HUMAINS

Amnesty International n’a pas été autorisée à envoyer une
délégation dans le pays depuis 1997. Des restrictions sévères
pèsent toujours sur la liberté d’expression et
d’association. De très nombreuses personnes sont arrêtées
et plusieurs centaines sont maintenues en détention pour
des motifs politiques à l’issue de procès inéquitables.
Quelque 500 prisonniers politiques ont toutefois recouvré la
liberté à la faveur de deux amnisties en 2005. La torture et les
mauvais traitements restent très répandus. Les femmes et les
membres de la minorité kurde sont toujours victimes de discrimination.
En juin 2006, 17 employés de l’État travaillant dans
divers ministères syriens ont été licenciés sans explication ; leur
renvoi semble toutefois lié à la signature d’une pétition, la
Déclaration Beyrouth-Damas. Les 17 personnes ont signé la
Déclaration qui demande la normalisation des relations entre la
Syrie et le Liban ainsi qu’un appel en faveur de la remise en
liberté de dix signataires de la Déclaration arrêtés à la mi-mai
(voir communiqué Amnesty du 20/06/06).
Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur
<http://web.amnesty.org/report2006/s...>

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Présentation de l’Histoire récente de la Syrie (sous le
mandat français, l’indépendance, la République Arabe Unie,
la Guerre des Six Jours).

Se référer à
Cinéma et documentaires : projeter et étudier :
 Kippur, d’Amos Gitaï (2000), sur la Guerre des Six Jours
Un Orient de rêve, Les ruines du palais de la reine Zénobie à Palmyre
de Michaël Gaumnitz (2000).
Littérature : lire et étudier :
 Myriam Antaki, Les Caravanes du soleil, Gallimard, 1992 :
merveilleux voyage dans le royaume d’Ebla.
 Salim Barakat, Le Criquet de fer, Actes-Sud, 1993 : raconte
les quatre cents coups d’un enfant kurde dans une petite ville
au nord de la Syrie. Suite du roman : Sonne au cor !
Extrait de Le Criquet de fer, disponible sur : <http://tahinparty.
org/textes/impp...
>

 Marie-Cécile de Taillac, La Comtesse de Palmyre, Belfond,
1995 : brosse, sous une forme romancée, l’incroyable destin
de la comtesse d’Andurain qui défraya dans les années 20-30

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