Serbie

Des défenseuses des droits humains victimes d’intimidations

Sonja Biserko
Natasa Kandic
Biljana Kovacevic-Vuco

En 2005, Amnesty a publié un rapport
très critique dénonçant les
multiples agressions et intimidations
dont sont victimes les défenseurs
des droits humains en Serbie.
Ces manoeuvres d’intimidation ont
pris la forme de menaces publiques –
comme des graffitis sur les murs de
leurs locaux ; de menaces écrites et
verbales ; de soi-disant « cambriolages »
et de menaces d’ouverture de poursuites
apparemment infondées. Des
défenseurs des droits humains et des
avocats ont également été victimes
d’agressions physiques. Ces faits se
sont produits dans un climat d’inquiétude
croissante concernant l’indépendance des médias et
alors que des membres des médias indépendants ont fait l’objet
de menaces.

Amnesty International constate que cette
campagne de harcèlement et d’intimidation
semble concerner principalement les dirigeantes
de certaines de ces organisations. En
plus d’être confrontées aux mêmes formes
d’intimidation que leurs collègues masculins,
elles sont aussi victimes de discrimination, de
violences sexuelles, et d’accusations désobligeantes
liées spécifiquement à leur statut de
femmes. Parmi ces accusations, on relève des
agressions verbales et écrites décrivant les
femmes défenseures des droits humains
comme des « putes », ou des accusations avançant
que le groupe « Femmes en Noir » (Zene
u crnom) joue un rôle dans l’organisation de la prostitution
féminine (voir ci-dessous).
Amnesty International constate le
rôle important qu’ont joué des femmes telles que Natasa
Kandic du Centre du droit humanitaire,
(Fond za Humanitarno pravo,
HCL),

Sonja Biserko du Comité
d’Helsinki serbe pour les droits de
l’homme (Helsinki Odbor za ljudska
prava u Srbiji, Helsinki Committee),
Biljana Kovacevic-Vuco du Centre
pour la décontamination culturelle
(Centar za kulturnu dekontaminaciju)
et Stasa Zajovic de Femmes en
Noir en s’opposant à la vision officielle
des guerres dans les Balkans,
en dénonçant les crimes de guerre
et en exigeant que leurs auteurs
soient appelés à en rendre compte.

Amnesty International remarque
que certaines menaces ont été exprimées
personnellement par des membres du gouvernement, ou par des membres de partis politiques
qui travaillent en liaison avec le gouvernement. D’autres
menaces- en particulier contre des organisations qui ont fait
état de manoeuvres d’intimidation de témoins au cours de procès
pour les crimes de guerre- pourraient provenir de membres
des forces de sécurité elles-mêmes.
Amnesty International constate également que ces agressions
rappellent étonnamment- de par leur nature, sinon encore
par leur intensité- la répression des défenseurs des droits
humains, journalistes et militants d’opposition qui a marqué les
derniers jours de la présidence de Slobodan Milosevic.

Pour plus d’informations, se référer au rapport « Les défenseurs
serbes des droits humains sont en danger »,
<http://web.amnesty.org/library/Inde...>

INFORMATIONS
GÉNÉRALES

La décénnie 1990 fut marquée par la guerre en ex-Yougoslavie
 : 250 000 morts, plusieurs millions de réfugiés,
l’éclatement de l’Etat yougoslave et la fin d’une
société multi-ethnique.
La république fédérative de Yougoslavie, formée en 1945 par
le régime communiste de Jozip Broz Tito, apparaissait comme
une mosaïque de nations, composée de six républiques fédérées,
de deux provinces et de nombreuses minorités ethniques. Cette
fédération utilisait deux alphabets (cyrillique et latin) et était
aussi le carrefour des religions orthodoxe, catholique et musulmane.
Après la mort de Tito en 1980, on observe un regain du
nationalisme dans les différentes républiques fédérées.
Slobodan Milosevic, alors numéro deux du régime yougoslave,
profite de la montée des tensions au Kosovo pour se faire
élire président de la Serbie en mai 1989. Il concentre les pouvoirs
en Serbie, en supprimant l’autonomie des provinces autonomes,
la Voïvodine et le Kosovo.
Mais c’est en juin 1991 que la Yougoslavie se disloque,
après que deux de ses républiques, la Slovénie
et la Croatie, eurent proclamé leur indépendance.

Il s’en est suivi un meurtrier cycle de guerres. Affrontements
tout d’abord aux frontières slovènes, puis, à plus
grande échelle, en Croatie et en Bosnie-Herzégovine.
En Croatie et en Bosnie, dans les régions peuplées de nombreux
Serbes, les nationalistes ont demandé le rattachement de
leur région à la Serbie. Les dirigeants serbes ont tenté de constituer
une « mini-Yougoslavie », avec la république du Monténégro,
espérant y annexer les micro « républiques serbes » autoproclamées
sur certaines portions de territoires de Croatie et de
Bosnie. Cependant, après une existence de trois ans, cette fragile
république de Serbie-Monténégro finit aussi par se scinder : le
Monténégro devient indépendant suite à un référendum
organisé en mai 2006, où le camp souverainiste l’emporte avec
55,5% des voix.

En Serbie même, le climat politique est toujours tendu. Peutêtre
parce qu’il tentait de s’attaquer à la criminalité organisée,
le premier ministre serbe Zoran Djindjic est assassiné en
mars 2003. Les criminels de guerre Mladic, Karadzic et Pavkovic
n’ont toujours pas été livrés au Tribunal pénal international. Les
relations sont donc difficiles avec l’Union Européenne. La province
du Kosovo, peuplée à 90% d’Albanais, est au coeur de
toutes les tensions. Si le Kosovo fait toujours officiellement partie
de la Serbie, des institutions internationales (la Minuk des
Nations Unies et la KFOR de l’OTAN) y ont été implantées, après
l’intervention de l’OTAN en 1999, décidée pour mettre fin au
massacre des Albanais par l’armée serbe. Le statut final du
Kosovo n’est toujours pas tranché, la population albanaise ayant
déjà opté pour l’indépendance, ce que refusent les 10% de
Serbes, qui préfèrent un redécoupage des frontières qui leur permettrait
de rattacher à la Serbie les régions où ils sont majoritaires.

DROITS HUMAINS

La coopération de la Serbie avec le Tribunal pénal international
s’est améliorée au cours du premier semestre de 2005, en réaction
aux vives pressions exercées par la communauté internationale.
Onze suspects mis en accusation par le Tribunal se sont
constitués prisonniers, apparemment de leur plein gré. La procureure
du Tribunal a toutefois signalé en décembre 2005 une
détérioration de cette coopération. Le Premier ministre du
Kosovo, qui a fait l’objet d’un acte d’accusation, s’est mis à la disposition
du Tribunal en mars. Les tribunaux de Serbie-et-Monténégro
ont continué de juger ou de rejuger des Serbes et des Albanais
du Kosovo inculpés de crimes de guerre. En Serbie, les
procès d’un certain nombre d’anciens responsables, inculpés de
complicité dans des crimes à caractère politique, se poursuivaient.
Des cas de torture et de mauvais traitements policiers
ont encore été signalés cette année. Les membres de la communauté
rom étaient privés de nombre des droits les plus fondamentaux
de la personne humaine. La traite de femmes et de
jeunes filles à des fins d’exploitation sexuelle restait un problème
très préoccupant.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
http://web.amnesty.org/report2006/y...

PISTES PÉDAGOGIQUES

Histoire
Faites une ligne du temps de la guerre en ex-Yougoslavie.

Géographie
Situez sur une carte les différentes régions impliquées dans
la guerre de l’ex-Yougoslavie. Détaillez les différents peuples
et religions qui composent cette mosaïque ethnique.

Livres / Témoignages

Le journal de Zlata de de Zlata Filipovic (Poche) : Ce texte
d’une jeune fille (née en 1980) peut être considéré à la fois
comme une oeuvre littéraire (un journal intime écrit en une
langue de bonne qualité) et comme un témoignage sur la
guerre en Bosnie-Herzégovine. Entre septembre 1991 et
octobre 1993, Zlata, qui vit à Sarajevo avec ses parents,
raconte les événements de sa vie quotidienne, évoque ses
états d’âme, rapporte des épisodes de la guerre, décrit les
misères causées par cette guerre.

L’Air de la guerre de Jean Hatzfeld (Poche)
Jelena est Serbe. Mariana, Croate. Cela fait maintenant deux
mois qu’elles vivent dans ce couloir, sur un tas de couvertures.
Dehors, le bombardement de Vukovar fait rage. Sur la
ligne de front, un bouilleur de cru a installé son alambic. Au
milieu du vacarme, il surveille du coin de l’oeil la fabrication
de l’alcool. Est-il fou ou simplement indifférent ? Jean Hatzfeld
s’interroge. Pendant deux ans, il a silloné l’ex-Yougoslavie
en guerre, avant d’être touché par une rafale de Kalachnikov,
un jour de juin 92. Grièvement blessé, il a été rapatrié en
France. Il écrit alors ces récits de guerre, admirables de précision
et de lucidité.

Débat
Slobodan Milosevic est mort le 11 mars 2006 en détention au
Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) de
La Haye, avant d’avoir été jugé. Est-ce une bonne nouvelle
pour les victimes de ses crimes de guerre ? Qu’en pensent les
victimes selon vous ?
Faire une recherche sur le viol comme arme de guerre
Des milliers de femmes ont été violées dans ce conflit. Pourquoi
les forces armées utilisent-elles cette technique ? Quels
sont les autres conflits récents où le viol a été massivement
pratiqué. Pour en savoir plus, voir le dossier « Papiers Libres
2004 - les violences contre les femmes » sur
http://www.amnestyinternational.be/...

Voir aussi le rapport d’Amnesty sur la traite des femmes et
des jeunes filles prostituées de force au Kosovo : « Mais alors,
on a des droits ? », sur le site
http://web.amnesty.org/library/Inde...

Films disponibles à la Médiathèque

Le cercle parfait, d’Ademir KENOVIC, 1997

No man’s land de Danis TANOVIC, 2000

Before the rain (Avant l’orage) de Milcho MANCHEVSKI,
1994

Welcome to Sarajevo de Michael Winterbottom, adapté du
roman « Natasha’s Story » de Michael Nicholson, 1997.

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