Google Menaces sur la liberté d’information et d’expression en Chine.

Jingjing et Chacha (Popo et Lilice) chassent les « informations nuisibles » sur le réseau internet chinois.
Ces deux personnages en style manga s’insèrent dans les principaux portails et forum de discussion. La
police annonce ainsi fièrement : « Internautes, la police virtuelle vous regarde ». En cliquant sur un des
personnages, on peut dénoncer à la police tout comportement suspect sur internet, en cas de contenu
pornographique, d’appel à la sécession ou de tout autre « trouble à l’ordre public ».

Internet en Chine, outil d’expression ou de contrôle ?

Le système de contrôle d’Internet mis en
place par la Chine emploit entre 30 000 et
50 000 personnes et serait le plus grand au
monde. En 2006, Amnesty International a
reçu des informations sur plus de 50
personnes détenues ou emprisonnées après
avoir lu ou diffusé des informations politiquement
sensibles sur Internet.

Complicité de Google

Début 2006, Google a lancé en Chine google.cn, un moteur de recherche qui s’autocensure. Cette version chinoise de Google (qui devient « Gu Ge » en chinois) restreint les possibilités des utilisateurs chinois en filtrant les résultats des recherches portant sur des mots tels que « droits humains », « réforme politique », « place Tiananmen » et « Falun Gong ».

Google.cn diffère du moteur de recherche de Google basé hors de Chine (Google.com), qui n’est lui pas activement bridé par l’entreprise. Tous les utilisateurs chinois continuent d’avoir accès à cette version non censurée mais leurs recherches doivent passer à travers le pare-feu de la Chine, qui censure les termes politiquement sensibles.

Google a déclaré que l’autocensure est nécessaire pour faire des affaires en Chine. L’entreprise, qui admet que le filtrage des résultats de recherches va à l’encontre de sa mission, insiste sur le fait qu’elle a fait preuve de bonne volonté, notamment en avertissant les utilisateurs lorsque des informations sont censurées.

Il n’en reste pas moins que cette forme de censure semble en contradiction avec les principes mêmes sur lesquels a été fondée Google, et avec sa propre devise non officielle, à savoir « Ne faites pas de mal ». Jusqu’en janvier 2006, le Centre d’aide Google a affirmé que la politique de l’entreprise était de ne pas censurer les résultats de recherches portant sur un terme, quel qu’il soit. Mais cette mention a été retirée après l’accord conclu avec la Chine.

Ces restrictions sont par ailleurs contraires à la Constitution de la République populaire de Chine, qui garantit la liberté d’expression. Qui plus est, la Chine a signé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit le droit de rechercher, recevoir et répandre des informations, un aspect important de la liberté d’information.

La politique et les pratiques inacceptables de Google en matière de censure et de non-respect des droits humains ne se limitent pas à la Chine mais s’étendent aussi à d’autres régions du monde puisque Google conquiert de nouveaux marchés dans des pays où la situation en matière de droits humains est tout aussi épineuse.

Modèle de lettre

Eric Schmidt, Président-directeur général

Google Inc.

1600 Amphitheatre Parkway

Mountain View, CA 94043

États-Unis

Tél. : +01 650-253-0000

Fax : +01 650-618-1499

Monsieur,

Je suis préoccupé/e de constater qu’en cherchant à conquérir de nouveaux marchés lucratifs, votre entreprise contribue à des atteintes à la liberté d’expression et d’information. Cela apparaît clairement en Chine, où Google a accepté de filtrer les résultats des recherches portant sur des mots tels que « droits humains », « réforme politique », « place Tiananmen » et « Falun Gong », empêchant ainsi les utilisateurs de google.cn d’accéder à l’ensemble des informations disponibles au niveau international qui traitent des droits humains.

Les entreprises de l’Internet ont un rôle très précieux à jouer en ce qui concerne la jouissance effective du droit à la liberté d’expression et d’information. Cela m’afflige de penser que Google pourrait aller à l’encontre de cet objectif pour des raisons de profit. Je prie donc instamment Google :

 d’appliquer une politique de transparence en ce qui concerne le procédé de filtrage utilisé par l’entreprise en Chine et dans le reste du monde, et de rendre publics les mots et expressions filtrés ainsi que les critères présidant au choix de ces mots ;

- de faire pression sur le gouvernement chinois pour qu’il supprime les blocages, mette fin au filtrage de certains mots-clés sur Internet en Chine, notamment « démocratie », « droits humains », « liberté » et « Falun Gong », et veille à ce que la population en Chine ait pleinement accès, sans aucune restriction, à tous les types d’informations disponibles sur Internet, conformément aux normes internationales relatives à la liberté d’expression et à la liberté d’information ;

 d’adopter une politique explicite en matière de droits humains qui affirme la volonté de l’entreprise de soutenir la Déclaration universelle des droits de l’homme et de se conformer aux principes énoncés dans les Normes des Nations unies sur la responsabilité en matière de droits de l’homme des sociétés transnationales et autres entreprises ; et dans cette optique, de faire clairement comprendre aux autorités chinoises et au reste du monde que Google n’entend pas aider les gouvernements à mettre en œuvre leurs systèmes de censure d’Internet ni leur livrer des informations devant servir à restreindre la liberté d’expression.

Je vous remercie par avance de l’attention que vous accorderez à ces demandes et vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

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