Solution ? La réinstallation des réfugiés change des vies

En ouvrant des itinéraires sûrs et légaux, les gouvernements peuvent protéger les réfugiés et faire en sorte que ces personnes ne risquent plus leur vie lors de dangereux périples.

En 2015, plus d’un million de personnes ont gagné l’Europe à bord d’embarcations bondées et précaires.

Pourquoi un nombre aussi impressionnant de réfugiés et de demandeurs d’asile ont-ils versé des milliers de dollars à des passeurs pour risquer leur vie ?

La réponse est simple : parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Avec la fermeture des frontières, rares sont ceux qui peuvent espérer atteindre un autre pays en toute sécurité et légalité.

Nul ne devrait avoir à risquer sa vie au cours d’un dangereux périple pour obtenir la protection à laquelle il a droit. Et les gouvernements pourraient très facilement y remédier.

Comment ? En offrant à ces personnes des solutions.

Le Canada, par exemple, a ouvert ses portes à 25 000 réfugiés syriens entre novembre 2015 et janvier 2016. Toutes ces personnes ont gagné leur nouveau pays d’accueil par le moyen le plus évident : l’avion. Elles ont pu le faire grâce à une solution appelée la réinstallation.

Qu’est-ce que la réinstallation ?

La réinstallation est un système permettant de protéger les réfugiés les plus vulnérables – les personnes qui ont été torturées, par exemple, ou les femmes risquant de subir des violences (voir la liste des personnes concernées ci-dessous).

En résumé, voici comment cela fonctionne : vous êtes contraint de quitter votre foyer et de fuir vers un autre pays. Là, vous êtes reconnu comme réfugié, soit par l’agence de l’ONU spécialisée dans la protection des réfugiés, le HCR, soit par les pouvoirs publics locaux. Vous risquez cependant toujours de faire face à certaines menaces telles que des sévices de nature sexuelle ou à des difficultés pour bénéficier de certains soins vitaux, par exemple.

Tareq, Nada et leurs trois enfants, qui ont fui de Syrie en Jordanie parce que Tareq avait été arrêté, espèrent bénéficier d'une réinstallation.

Le HCR va déterminer si vous remplissez ses « critères de vulnérabilité » et si vous avez par conséquent besoin d’être mis de toute urgence à l’abri dans un autre pays. C’est ce qu’on appelle la réinstallation.

Si vous êtes retenu, vous allez maintenant attendre avec impatience qu’une place se présente. Et, avec un peu de chance, vous allez peut-être recevoir un jour un coup de téléphone vous invitant à faire vos bagages pour partir vous installer dans un pays tiers.

Existe-t-il d’autres itinéraires sûrs et légaux ?

Oui. Les États peuvent ouvrir d’autres « voies » offrant une certaine protection en cas d’urgence, comme dans le cadre de la crise des réfugiés syriens. Celles-ci incluent :

Des bourses et des visas d’études permettant à des réfugiés d’entamer ou de poursuivre un cycle d’enseignement.

Rasha, 13 ans, venue de Syrie, montre son diplôme scolaire obtenu « avec mention ». Avec sa famille, elle a été réinstallée à Bradford, au Royaume-Uni.

Des visas de travail permettant à des personnes ayant un métier de trouver du travail à l’étranger.

Des visas médicaux permettant à des personnes gravement malades de recevoir les soins vitaux dont elles ont besoin.

Le regroupement familial, qui permet à des réfugiés de rejoindre des proches vivant déjà à l’étranger.

Le parrainage privé impliquant des particuliers ou des organismes privés, qui financent l’installation de réfugiés au sein de leur communauté.
En ouvrant ces voies d’accès à un nombre beaucoup plus élevé de personnes réfugiées, on permettra à ces dernières de se rendre dans de nouveaux pays d’accueil de manière sûre et organisée. Elles seraient donc moins nombreuses à risquer leur vie pour se mettre en sécurité.

Quel changement ces solutions peuvent-elles apporter ?

Des itinéraires sûrs et légaux peuvent être une question de vie ou de mort pour les réfugiés.

Cela peut leur éviter d’avoir à donner toutes leurs économies à un passeur, pour mettre toute leur famille en grand danger ; ou de se faire rouer de coups, exploiter ou agresser sexuellement, et leur éviter de longues marches éreintantes.

Cela peut également leur permettre de fuir une pauvreté terrible dans des pays d’accueil qui ne peuvent pas gérer l’afflux – comme le Liban, où une personne sur cinq aujourd’hui est un réfugié syrien.

Surtout, des solutions comme la réinstallation offrent un espoir à des personnes qui ont tout perdu. Elles promettent des choses simples et basiques auxquelles chacun aspire – des soins médicaux corrects, un logement, une éducation pour ses enfants.

Et elles sont un moyen crucial de protéger les droits humains de ces personnes lorsque leur propre pays ne veut ou ne peut pas le faire.

Ce que demande Amnesty

Tout cela semble sensé, juste et faisable ?

Oui. Hélas, seule une petite partie des réfugiés qui remplissent les critères pour la réinstallation reçoivent cet appel de la plus haute importance leur annonçant leur départ pour l’étranger.

Car rares sont les pays qui ont suivi l’exemple du Canada et proposent un nombre suffisant de places de réinstallation pour faire changer les choses.
Pour sauver des vies et soulager les souffrances, Amnesty demande aux gouvernements d’augmenter de manière significative le nombre de places de réinstallation et d’ouvrir des itinéraires sûrs et légaux.

Nous demandons aux pays du monde entier d’accueillir au moins 10 % des réfugiés du monde chaque année. En 2015, seules 134 044 places de réinstallation ont été proposées dans le monde par seulement 30 pays, et beaucoup n’ont pas encore été accordées. Il faut donc proposer un nombre beaucoup plus élevé de places, et vite.

Une chance de réaliser son plein potentiel : Levis Evrard Abayizeye, qui vit dans le camp de réfugiés de Kakuma, dans le nord du Kenya, regarde son amie Anjelina Nadai Lohalith participer aux jeux olympiques de 2016 avec l'équipe des réfugiés, 15 août 2016.

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