Abou Dhabi : Un salon de l’armement présente des armes de la FN Herstal utilisées par des milices yéménites

La mitrailleuse « Minimi » fabriquée par la FN Herstal figure parmi les milliers de types d’armes qui seront présentées et disponibles à la vente ce week-end lors de l’un des plus grands salons du Moyen-Orient dédiés à l’armement, IDEX2019, à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, potentiellement visité par des États susceptibles de commettre des crimes de guerre au Yémen.

La Minimi, dont on sait qu’elle a été utilisée par une milice yéménite lors de l’offensive contre al Hodeïda, fait partie d’un éventail d’armes transférées ces dernières années par la Wallonie à la coalition que dirigent l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, et qui sont actuellement utilisées dans le conflit armé qui ravage le Yémen.

Dans l’enquête qu’elle a menée la semaine dernière, Amnesty International a constaté que ces armements sont actuellement utilisés par les « Brigades des Géants », une milice yéménite soutenue et financée par les Émirats arabes unis, mais qui n’est placée sous le contrôle d’aucun gouvernement.

« Il est choquant de voir la FN Herstal vendre allègrement des Minimis aux Émirats arabes unis, alors que nous avons dénoncé le fait que les Émiriens ont cédé illégalement cette arme à une milice au Yémen qui n’a aucun compte à rendre, a déclaré Patrick Wilcken, chercheur sur le contrôle des armes et les droits humains à Amnesty International.

« Les autorités belges et la FN Herstal ne doivent plus vendre d’armes aux forces qui combattent au Yémen et particulièrement aux Émirats arabes unis – ce pays qui détourne sans vergogne des armes vers les groupes combattants, dont certains commettent des crimes de guerre au Yémen. »

Le ministre-président de la Région wallonne, Willy Borsus, a demandé la tenue d’une enquête en réponse aux conclusions publiées par Amnesty International la semaine dernière.

« Nous avons hâte de connaître les résultats de cette enquête et espérons qu’elle amènera des changements de politique qui permettront à la Wallonie de respecter ses obligations internationales. Aux termes du Traité sur le commerce des armes et de la Position commune de l’UE sur les exportations d’armes, ainsi que du Décret wallon relatif au transfert d’armes, la Belgique et la Walllonie sont tenues de ne pas approvisionner en armements la coalition responsable de très nombreuses violations du droit international humanitaire dans le cadre du conflit au Yémen, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

« Tous les États qui en exportent font passer le message suivant : l’argent prime sur leur engagement envers le droit international. »

Selon les données publiques, depuis le début du conflit au Yémen en mars 2015, les États occidentaux et d’autres ont vendu pour au moins 3,5 milliards de dollars américains d’armes aux Émirats arabes unis. Il s’agit notamment d’armes classiques lourdes comme des avions et des navires, d’armes de petit calibre, d’armes légères, de pièces détachées et de munitions.

Malgré les crimes de guerre et les graves violations attribuées aux Émirats arabes unis et aux milices qu’ils soutiennent, les pays suivants ont récemment fourni des armes aux Émiriens : l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Australie, la Belgique, le Brésil, la Bulgarie, la Corée du Sud, les États-Unis, la Finlande, la France, le Royaume-Uni, la Tchéquie et la Turquie, entre autres.

Des entreprises de l’industrie de l’armement et de la défense des pays cités ci-dessus présentent leurs produits à IDEX2019.

Lors de ses récentes investigations, Amnesty International a observé que certaines de ces armes se trouvaient entre les mains des « Brigades des Géants » et d’autres forces combattantes au Yémen qui ne sont pas soumises à l’obligation de rendre des comptes, notamment la Brigade al Hizam (Forces de la ceinture de sécurité) et les Forces d’élite. La prolifération de ces groupes est le meilleur moyen de provoquer une catastrophe pour les civils yéménites, dont plusieurs milliers ont déjà été tués tandis que des millions sont au bord de la famine en conséquence directe de la guerre.

« Au regard du carnage que subissent les civils au Yémen, y compris entre les mains de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis et les milices qu’elle soutient, tous les États qui leur fournissent des armes devraient faire une pause, a déclaré Patrick Wilcken.

« Comment comprendre qu’ils continuent de commercialiser et de vendre des milliards de dollars d’armements sophistiqués aux forces armées qui commettent des crimes de guerre et aggravent l’une des pires crises humanitaires du monde. »

Complément d’information

L’IDEX (International Defence Exhibition and Conference) se tient du 17 au 21 février 2019. Organisé tous les deux ans dans la capitale des Émirats arabes unis, Abou Dhabi, il se présente comme l’un des plus grands salons du globe dédiés à l’armement.

Selon les médias d’État émiriens, plus de 1 300 exposants venus de 62 pays participeront à l’IDEX et à son exposition partenaire NAVDEX. Parmi ces exposants figurent d’autres fabricants d’armes dont les produits ont été vus entre les mains de milices qui ne rendent de comptes à personne au Yémen, notamment le fabricant bulgare d’armes de petit calibre, Arsenal, et les fabricants américains de véhicules blindés Oshkosh et Navistar Defense.

Les foires et les expositions internationales d’armement, comme IDEX, sont l’un des principaux moyens pour les gouvernements et l’industrie de la défense de promouvoir et négocier des ventes internationales d’armes, de munitions et d’équipements et de services militaires et de sécurité.

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