Algérie, Les autorités doivent annuler la condamnation de l’homme converti au christianisme

Algérie loi discriminatoire religion

Les autorités algériennes doivent annuler la condamnation de Foudhil Bahloul, converti au christianisme, qui a été déclaré coupable au titre d’une loi utilisée pour réprimer les minorités religieuses et restreindre le droit à la liberté de religion et de conviction.

Un tribunal à Aïn Defla, ville qui se situe à l’ouest d’Alger, la capitale du pays, a le 21 juillet condamné Foudhil Bahloul à six mois d’emprisonnement en raison d’un virement de 200 euros sur son compte bancaire, qui a été considéré comme un don non autorisé au titre d’une loi discriminatoire régissant les cultes autres que le culte musulman.

« Les autorités algériennes doivent immédiatement annuler la condamnation de Foudhil Bahloul et abandonner toutes les charges retenues contre lui. Cet homme n’aurait de toute façon jamais dû être poursuivi en justice. Cette loi discriminatoire est utilisée pour réprimer les personnes qui ne sont pas musulmanes, ce qui constitue une attaque contre les libertés fondamentales, a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International, en amont de l’audience d’appel du 27 octobre.

« Au lieu de s’en prendre aux fidèles de religions autres que l’islam, les autorités algériennes devraient s’efforcer de protéger le droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion et de conviction, qui comprend la liberté de manifester sa foi. »

Le 17 avril, des gendarmes ont arrêté Foudhil Bahloul et trois de ses amis à Aïn Defla, puis fouillé son domicile et saisi des livres et des documents liés à la foi chrétienne.

« Les autorités devraient cesser de harceler et d’arrêter les personnes qui appartiennent à des minorités religieuses, et laisser les gens pratiquer leur foi comme ils l’entendent »

Foudhil Bahloul a dit à Amnesty International que les fonctionnaires lui avaient demandé s’il avait reçu de l’argent pour ses convictions religieuses, si cet argent provenait de l’étranger et s’il avait un compte en banque. Ils l’ont ensuite interrogé au sujet des 200 euros que Foudhil Bahloul a dit avoir reçu d’un ami en Allemagne à titre d’aide financière parce qu’il était sans emploi.

Foudhil Bahloul a été jugé en l’absence d’un·e avocat·e et les témoins n’ont pas été autorisés à témoigner devant le tribunal.

Amnesty International a pris connaissance du jugement, qui est basé sur les déclarations qu’a faites Foudhil Bahloul le jour de son arrestation, et dans lesquelles il reconnaît avoir reçu de l’argent envoyé par une personne vivant en Allemagne. Le verdict indique que Foudhil Bahloul a propagé des idées pernicieuses auprès de la jeunesse sans emploi, et qu’il a déstabilisé leur foi en l’islam en distribuant des livres. Il a été condamné à six mois d’emprisonnement et à une amende de 100 000 dinars algériens (environ 730 USD).

« Les autorités devraient cesser de harceler et d’arrêter les personnes qui appartiennent à des minorités religieuses, et laisser les gens pratiquer leur foi comme ils l’entendent », a déclaré Amna Guellali.

« Cette loi discriminatoire est utilisée pour réprimer les personnes qui ne sont pas musulmanes, ce qui constitue une attaque contre les libertés fondamentales »

Informations complémentaires

En mars 2021, un tribunal à Oran a condamné en appel un pasteur et un de ses amis, chrétien également, pour « prosélytisme ». Ils ont été condamnés à un an d’emprisonnement et à une peine d’amende au titre de l’article 11 du décret-loi n° 03-06. Les autorités ont également fermé la librairie qui appartenait au pasteur.

Le 4 juin, un tribunal à Oran a ordonné la fermeture de trois églises parce qu’elles ne respectaient pas les dispositions restrictives de la législation relatives aux associations.

En 2017, Amnesty International a rassemblé des informations montrant que les autorités judiciaires ont poursuivi au moins 280 personnes appartenant à la minorité religieuse ahmadie, notamment pour « collecte de dons sans autorisation », au titre de la loi n° 06-03.

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