Amnesty lance le Marathon des lettres à l’occasion de la Journée internationale des droits humains

À l’occasion de la Journée internationale des droits humains et comme point d’orgue de la campagne « bougies », Amnesty International lancera autour du 10 décembre le Marathon des lettres, la plus grande campagne en faveur des droits humains dans le monde, qui connaît cette année sa 15e édition internationale.

Dans ce cadre, l’organisation de défense des droits humains appelle le public à Bruxelles, en Wallonie et en Flandre à venir écrire des milliers de lettres faveur de personnes qui défendent les droits humains et qui voient les leurs bafoués.

« Le Marathon des lettres est l’occasion pour tout un chacun de poser un acte concret et efficace en faveur du respect des droits humains dans le monde. Écrire une lettre pour soutenir un individu dont les droits sont violés ne prend que quelques minutes, mais peut véritablement changer une vie », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

« L’année dernière, à l’échelle mondiale, près de 4,5 millions de lettres ont été rédigées. Nous espérons faire encore mieux en 2017. »

À Bruxelles et en Wallonie, le Marathon des lettres aura lieu du 7 au 10 décembre dans quelque 40 villes, communes et universités, dont Liège, Namur, Mouscron, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Pont-à-Celles et Bouillon. Dans des lieux centraux et dans une atmosphère conviviale et chaleureuse, des groupes locaux d’Amnesty International inviteront le public à écrire une lettre ou réaliser un dessin pour une personne dont les droits humains sont violés.

La famille d’un militant des droits des personnes LGBTI tué à coups de machette au Bangladesh, la sœur d’un jeune homme abattu par la police jamaïcaine et 11 défenseurs des droits humains en Turquie sont parmi les personnes sont parmi les personnes qui recevront des lettres de soutien de sympathisants d’Amnesty International cette année.

« Partout dans le monde, des défenseurs des droits humains sont menacés ou traités comme des criminels pour avoir exprimé leur opinion ou pour avoir voulu protéger l’environnement. Les lettres que les sympathisants écrivent permettent non seulement de montrer aux individus dont les droits sont bafoués qu’ils ne sont pas seuls, mais elles sont également un puissant moyen d’interpeller les autorités et de leur faire savoir que des millions de personnes les observent et n’acceptent pas leurs agissements », poursuit Philippe Hensmans

Cette année, pour la première fois, deux responsables d’Amnesty International, poursuivis en Turquie pour de fausses accusations liées au terrorisme en raison de leur travail de défense des droits humains, recevront des lettres. Le président d’Amnesty Turquie Taner Kılıç a été arrêté le 6 juin 2017 et est toujours emprisonné. Idil Eser et Özlem Dalkıran, respectivement directrice et membre fondatrice d’Amnesty Turquie, étaient parmi les dix défenseurs des droits humains arrêtés le 5 juillet pour avoir participé à un séminaire sur les droits humains. Elles ont été libérées en octobre après avoir passé presque quatre mois en prison, mais font toujours l’objet de poursuites.

« Outre l’espoir que les mots apportent, des actions telles que la rédaction de lettres ou la signature de pétitions permettent de réels changements. Des personnes injustement emprisonnées sont libérées. Des tortionnaires sont traduits en justice. Des détenus sont traités plus humainement », indique Philippe Hensmans.

En mai dernier, à Bruxelles, Amnesty International a remis à neuf ambassades quelque 136 000 signatures de pétitions et les lettres récoltées et écrites à l’occasion du Marathon des lettres de l’année dernière. Une tournée similaire sera organisée le 18 janvier 2018. Aux États-Unis, en 2016, en collaboration avec des ONG partenaires, 1 101 252 signatures ont été remises à la Maison-Blanche, demandant au président Barack Obama de gracier le lanceur d’alerte Edward Snowden. Toujours en 2016, Fred Bauma et Yves Makwambala, deux jeunes militants congolais prodémocratie pour qui s’est mobilisée Amnesty International, ont été libérés après avoir passé 17 mois en prison. Ces derniers ont déclaré : « Chaque lettre, chaque visite, chaque mot nous a rendus plus forts et a renforcé notre détermination à mener cette longue mais juste bataille pour la liberté et la démocratie. »

COMPLÉMENT D’INFORMATION

Les personnes et groupes soutenus dans le cadre du Marathon des lettres :

Xulhaz Mannan

Xulhaz Mannan était l’un des fondateurs du seul magazine LGBTI du Bangladesh, une entreprise risquée dans un pays où les relations entre personnes de même sexe sont illégales. Il était chez lui avec un collègue lorsque des hommes ont fait irruption dans l’appartement et les ont assassinés à coups de machette. Bien que de nombreuses preuves existent (déclarations de témoins, images de vidéosurveillance et autres), un an après les faits, les assassins n’ont toujours pas été inculpés de ce meurtre. Le public pourra écrire au ministre de l’Intérieur du Bangladesh.

Mahadine

Tadjadine Mahamat Babouri, connu sous le nom de Mahadine, est un cybermilitant tchadien. En septembre 2016, il a publié des vidéos critiquant le gouvernement tchadien sur Facebook. Enlevé en pleine rue quelques jours plus tard, il a été frappé et enchaîné pendant plusieurs semaines. Il encourt aujourd’hui la réclusion à perpétuité et est gravement malade, car il a contracté la tuberculose en prison.

Ni Yulan

Ni Yulan est une ancienne avocate qui a soutenu des dizaines de personnes chassées de chez elles pour laisser la place à de lucratifs projets de construction. Depuis 20 ans, Ni Yulan brave le harcèlement que lui vaut sa mobilisation pour le droit au logement. Elle a été surveillée, arrêtée et expulsée à plusieurs reprises par les autorités. Après avoir été frappée de manière brutale en détention, elle doit maintenant utiliser un fauteuil roulant. Ni Yulan continue d’aider les gens à se battre pour leurs droits.

Hanan Badr el Din

Lorsque son mari a disparu en juillet 2013, la vie d’Hanan Badr el Din a basculé. La dernière fois qu’elle l’a aperçu, c’était à la télévision. Il était à l’hôpital après avoir été blessé dans une manifestation. Ses infatigables efforts pour le retrouver l’ont conduite vers d’autres personnes dont des proches ont également disparu aux mains des forces de sécurité égyptiennes. Elle est aujourd’hui en première ligne dans la dénonciation des centaines de disparitions forcées qui ont lieu en Égypte. Lors de sa dernière tentative pour obtenir des informations sur le sort de son mari, elle a été arrêtée sur la base de fausses accusations. Elle risque cinq ans de prison.

Sakris Kupila

Sakris Kupila, un étudiant finlandais en médecine de 21 ans, ne s’est jamais perçu comme étant femme. Pourtant il est confronté tous les jours à la discrimination car ses papiers d’identité disent qu’il est de sexe féminin — le genre qui lui a été attribué à la naissance. Pour pouvoir changer de genre à l’état civil en Finlande, il faut être reconnu comme ayant des « troubles mentaux » et se faire stériliser. Sakris Kupila refuse ce traitement humiliant. Et malgré les menaces et l’hostilité déclarée de certains, il continue de se battre pour que la loi change.

Membres du MILPAH

Pour le peuple indigène lenca du Honduras, la terre représente tout. Mais de très puissants intérêts hydroélectriques, miniers et autres cherchent à exploiter cette terre. Les membres du MILPAH (Mouvement indépendant indigène lenca de La Paz) sont en première ligne du combat contre ces entreprises. Parce qu’ils défendent l’environnement, ils sont en butte à des campagnes de dénigrement, des menaces de mort et des agressions physiques. Et pourtant, il est rare que ceux qui s’en prennent à eux soient traduits en justice.

Farid al Atrash et Issa Amro

Farid al Atrash et Issa Amro sont deux militants palestiniens qui demandent la fin de la colonisation israélienne — un crime de guerre résultant des 50 ans d’occupation israélienne en territoire palestinien. Ces deux militants, qui prônent la non-violence, font face à d’incessantes attaques de la part de soldats et de colons. En février 2016, Issa Amro et Farid al Atrash ont manifesté pacifiquement contre les colonies et l’occupation israélienne. Cela leur a valu d’être poursuivis sur la base d’accusations fantaisistes destinées à entraver leur combat pour les droits humains. Les participants au Marathon des lettres pourront écrire au Premier ministre d’Israël, pour lui demander d’abandonner les poursuites engagées contre Farid al Atrash et Issa Amro.

Shackelia Jackson

Shackelia Jackson refuse d’abandonner. Quand son frère Nakiea a été abattu par des policiers, Shackelia Jackson a entrepris un courageux combat contre la lenteur du système judiciaire de Jamaïque, afin d’obtenir justice. Elle a ainsi rejoint des dizaines d’autres familles dont un proche avait été tué de manière similaire (au cours des 10 dernières années, environ 2 000 hommes, pour la plupart jeunes et pauvres, ont été tués par la police en Jamaïque). En retour, la police a mené des descentes répétées dans le quartier de Shackelia Jackson et a harcelé ses habitants. Le public pourra écrire au Premier ministre de Jamaïque, pour l’appeler à protéger Shackelia Jackson, qui refuse de se laisser réduire au silence.

Clovis Razafimalala

Clovis Razafimalala fait tout ce qu’il peut pour protéger la forêt tropicale malgache, très menacée. Les arbres dont on tire le bois de rose sont convoités par un réseau de trafiquants auquel la vente illégale de cette ressource précieuse peut rapporter des milliards de dollars. Les efforts de Clovis Razafimalala pour sauver cette espèce rare d’arbres couleur rubis ont attiré sur lui une attention indésirable. Condamné sur la base de fausses accusations, il peut être emprisonné à tout moment.

Turquie

En ce moment même, 11 personnes qui ont consacré leur vie à défendre les droits fondamentaux des journalistes, des militants et d’autres voix critiques en Turquie sont elles-mêmes en danger. Parmi ces personnes se trouvent İdil Eser et Taner Kılıç, respectivement directrice et président d’Amnesty International Turquie. Taner Kılıç est en prison depuis cinq mois. Toutes ces personnes font actuellement l’objet d’un procès pour des infractions liées au « terrorisme », des accusations fantaisistes qui pourraient leur valoir une peine pouvant aller jusqu’à 15 ans d’emprisonnement.

Plus d’informations : www.amnesty.be/marathon2017

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