Arabie saoudite, les autorités doivent se conformer aux recommandations de l’ONU

Salma al-Shehab, condamnée en 2022 à 34 ans de prison par un tribunal saoudien pour avoir suivi et retweeté des militants dissidents

Après l’examen du bilan de l’Arabie saoudite en matière de droits humains, le rapport du Groupe de travail du Conseil des droits de l’homme de l’ONU chargé de l’Examen périodique universel (EPU) sur l’Arabie saoudite doit servir de référence pour les mesures minimales que les autorités du pays doivent prendre afin de se conformer à leurs obligations au regard du droit international relatif aux droits humains, a déclaré Amnesty International.

Le rapport comporte 354 recommandations formulées par 135 États membres de l’ONU, beaucoup appelant le pays à prendre des mesures importantes en vue de mettre en œuvre des réformes, notamment en lien avec la garantie des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, l’abolition de la peine de mort, la protection des droits des travailleurs·euses migrants et l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

« Le fait qu’un si grand nombre d’États membres des Nations unies aient saisi cette occasion pour confronter l’Arabie saoudite à sa litanie de violations des droits humains et faire pression sur les autorités pour qu’elles procèdent à des réformes démontre que sans véritable réforme des droits humains, aucune somme d’argent dépensée en blanchiment d’image et en campagnes de " sportswashing " (qui consiste à blanchir leur réputation en utilisant le prestige du sport) ne saurait occulter la rapide escalade de la répression dans le pays, a déclaré Dana Ahmed, spécialiste du Moyen-Orient à Amnesty International.

« Les autorités saoudiennes doivent considérer les recommandations de l’EPU comme un signal d’alarme et mettre fin aux violations les plus flagrantes des droits humains, notamment la répression incessante de la liberté d’expression, la condamnation à mort de mineurs délinquants et la torture et les mauvais traitements infligés aux migrant·e·s. La communauté internationale ne doit pas se laisser aveugler par les promesses de changement de l’Arabie saoudite, mais exercer son influence collective afin de veiller à ce que des réformes cruciales en matière de droits soient mises en œuvre dans le pays. »

Depuis son dernier examen en 2018, l’Arabie saoudite n’a pas mis en œuvre bon nombre des recommandations qu’elle avait approuvées à l’époque

L’Examen périodique universel (EPU) est une procédure menée sous les auspices du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Elle consiste à évaluer régulièrement la situation des droits humains dans tous les États membres. Il s’agit du 4e examen de l’Arabie saoudite, le 3e ayant eu lieu en 2018. La semaine dernière, à Genève, une délégation du gouvernement saoudien a écouté les recommandations et a répondu aux questions des États portant sur divers domaines relatifs aux droits humains. L’Arabie saoudite approuvera ou prendra note des recommandations et le Conseil des droits de l’homme adoptera le rapport final de l’examen en juin.

Depuis son dernier examen en 2018, l’Arabie saoudite n’a pas mis en œuvre bon nombre des recommandations qu’elle avait approuvées à l’époque, notamment : aligner ses lois de lutte contre le terrorisme et contre la cybercriminalité sur les normes internationales, garantir et protéger les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, libérer les défenseur·e·s des droits humains et toutes les personnes incarcérées parce qu’elles ont exercé leurs droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique, garantir la régularité des procédures et l’équité des procès, et protéger les travailleurs·euses contre toutes les formes d’abus.

Complément d’information

Dans sa communication de juillet 2023 à l’Examen périodique universel, Amnesty International a fait part de ses préoccupations concernant le durcissement de la répression de la liberté d’expression et le recours accru aux lois de lutte contre le terrorisme et contre la cybercriminalité pour réduire au silence toutes les voix dissidentes ; les poursuites engagées contre des femmes défenseures des droits humains ; les violations constantes des garanties de procédure régulière et les procès iniques du Tribunal pénal spécial ; le nombre croissant d’exécutions ; la codification de la discrimination à l’égard des femmes dans une nouvelle Loi relative au statut personnel ; la détention arbitraire prolongée et le renvoi de force de travailleuses et travailleurs migrants hors du pays ; l’expulsion forcée de milliers d’habitant·e·s de leur logement dans le cadre d’un programme de développement de la ville de Djedda ; les atteintes aux droits humains commises par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen.

Tout en saluant l’introduction de certaines réformes en faveur des droits des femmes, notamment l’élimination de lourdes restrictions qui les entravaient par le biais du système de tutelle masculine, Amnesty International déplore que, malgré leurs retombées positives sur les droits des femmes et sur leur droit de circuler librement, ces réformes n’aient pas éliminé entièrement le système de tutelle masculine, conformément aux recommandations approuvées.

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