Arabie saoudite, les autorités poursuivent leur « frénésie meurtrière »

manifestante tenant une pancarte « stop à la peine de mort«

En réaction aux informations selon lesquelles l’Arabie saoudite a déjà exécuté 100 personnes cette année, Heba Morayef, directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :

« Offrant un vif contraste avec les promesses répétées de l’Arabie saoudite de limiter son recours à la peine de mort, les autorités ont déjà exécuté 100 personnes cette année, révélant leur profond mépris à l’égard du droit à la vie. Cette frénésie meurtrière fait craindre le pire pour la vie de jeunes hommes se trouvant dans le quartier des condamnés à mort pour des faits commis alors qu’ils avaient moins de 18 ans.

« L’Arabie saoudite est l’un des pays au monde qui procèdent au plus grand nombre d’exécutions. Amnesty International a recensé de nombreux cas dans lesquels des personnes ont été condamnées à mort pour des motifs allant de quelques tweets à des infractions à la législation sur les stupéfiants, à l’issue de procès grossièrement iniques ne respectant pas les normes internationales relatives aux droits humains.

« Pour le seul mois d’août, l’Arabie saoudite a exécuté en moyenne quatre personnes par semaine, dont un Pakistanais condamné pour trafic de drogue. Or, aux termes du droit international, les infractions à la législation sur les stupéfiants n’entrent pas dans la catégorie des " crimes les plus graves ", seuil minimum prescrit pour les crimes passibles de la peine de mort. »

Complément d’information

L’Agence de presse saoudienne rend régulièrement compte des exécutions et a confirmé ce matin qu’il a été procédé à la 100e depuis le début de l’année. Comme elle avait sous-évalué le nombre réel d’exécutions en 2022, il est fort probable que ce chiffre soit plus élevé.

En 2022, l’Arabie saoudite a exécuté 196 personnes, soit le nombre annuel record d’exécutions enregistré par Amnesty International dans le pays au cours des 30 dernières années. Le nombre d’exécutions en 2022 est trois fois supérieur à celui de 2021, et au moins sept fois supérieur aux chiffres de 2020.

En novembre 2022, l’Arabie saoudite a repris les exécutions pour les infractions liées aux stupéfiants, mettant ainsi fin à un moratoire sur ce type d’exécutions qui, d’après la Commission saoudienne des droits humains, était en place depuis janvier 2020.

En outre, les autorités saoudiennes ont continué d’exécuter des personnes pour tout un éventail d’infractions, malgré leurs promesses répétées de limiter les exécutions dans les cas où la peine de mort n’est pas prévue par la charia (loi islamique).

Des condamnations à mort sont régulièrement prononcées. En juillet 2023, le tribunal pénal spécial a condamné Mohammad al Ghamdi à la sentence capitale pour de simples tweets critiquant les autorités saoudiennes. Son frère Nasser a déclaré à Amnesty International que sa condamnation à mort était un acte de représailles contre ses propres opinions politiques.

Amnesty International s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution. À ce jour, 112 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, et plus des deux tiers au total ont aboli ce châtiment en droit ou en pratique.

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