« L’exécution collective qui a eu lieu aujourd’hui témoigne du mépris dont font preuve les autorités saoudiennes à l’égard de la vie humaine. Elle indique de manière choquante que la peine de mort sert d’outil politique pour écraser la dissidence au sein de la minorité chiite du pays », a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches sur le Moyen-Orient à Amnesty International.
La majorité des condamnés exécutés était des hommes chiites reconnus coupables à l’issue de simulacres de procès ayant bafoué les normes internationales d’équité, fondés sur des « aveux » extorqués sous la torture.
Il s’agit notamment de 11 hommes reconnus coupables d’espionnage au profit de l’Iran et condamnés à mort à l’issue d’un procès contraire aux normes d’équité les plus élémentaires. Au moins 14 autres ont été déclarés coupables d’actes violents liés à leur participation à des manifestations contre le gouvernement organisées dans la province de l’Est, à majorité chiite, en 2011 et 2012. Ces 14 hommes ont été maintenus en détention provisoire prolongée et ont déclaré au tribunal qu’ils avaient été soumis à des actes de torture et à d’autres mauvais traitements pendant leurs interrogatoires dans le but de leur extorquer des « aveux ».
« L’exécution collective qui a eu lieu aujourd’hui témoigne du mépris dont font preuve les autorités saoudiennes à l’égard de la vie humaine. Elle indique de manière choquante que la peine de mort sert d’outil politique pour écraser la dissidence au sein de la minorité chiite du pays »
Parmi les condamnés exécutés figurait également Abdulkareem al Hawaj, un jeune chiite arrêté à l’âge de 16 ans et déclaré coupable d’infractions liées à sa participation à des manifestations antigouvernementales.
Le droit international interdit strictement de recourir à la peine de mort contre une personne qui était âgée de moins de 18 ans au moment des faits qui lui sont reprochés.
À la connaissance d’Amnesty International, les familles des prisonniers mis à mort n’ont pas été informées à l’avance que ces exécutions allaient avoir lieu et ont été choquées en l’apprenant.
« Le recours à la peine de mort est toujours consternant, mais il est encore plus choquant lorsqu’elle est appliquée à l’issue d’un procès inique ou à l’encontre de personnes qui n’étaient pas âgées de 18 ans au moment des faits, en violation flagrante du droit international », a déclaré Lynn Maalouf.
Tous les prisonniers exécutés aujourd’hui étaient des Saoudiens. Depuis le début de l’année 2019, l’Arabie saoudite a mis à mort au moins 104 personnes, dont au moins 44 étrangers, la majorité ayant été déclarés coupables d’infractions liées aux stupéfiants. En 2018, l’Arabie Saoudite a procédé au total à 149 exécutions.
« Au lieu d’accélérer les exécutions à un rythme alarmant au nom de la lutte contre le terrorisme, l’Arabie Saoudite doit mettre un terme à cette sanglante série et instaurer un moratoire officiel sur les exécutions, à titre de première mesure vers l’abolition totale de la peine de mort. »
Ali al Nimr, Dawood al Marhoon et Abdullah al Zaher, tous issus de la minorité chiite et âgés de moins de 18 ans au moment des faits qui leur sont reprochés, sont toujours dans le quartier des condamnés à mort et risquent une exécution imminente.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, indépendamment des questions relatives à la culpabilité ou à l’innocence et quels que soient l’accusé, le crime commis et la méthode d’exécution.