« Les États membres de l’ONU doivent briser le silence assourdissant au sujet de l’Arabie saoudite et faire leur devoir en examinant les pratiques cruelles en vigueur dans le royaume, afin de prévenir de nouvelles violations scandaleuses des droits humains dans le pays et au Yémen, a déclaré Samah Hadid, directrice des campagnes pour le Moyen-Orient à Amnesty International.
« Jusque récemment, les États membres de l’ONU ont préféré ignorer la répression que mène depuis longtemps le gouvernement saoudien contre ses détracteurs, illustrée par l’exécution extrajudiciaire du journaliste Jamal Khashoggi le mois dernier.
« La mort ignoble de Jamal Khashoggi montre jusqu’où les autorités saoudiennes sont prêtes à aller pour réprimer la dissidence pacifique, répression qui ne cesse de s’intensifier depuis que Mohammad ben Salmane est devenu prince héritier. »
L’Arabie saoudite n’a pas apporté de solutions à son bilan déplorable en termes de droits humains et n’a pas mis en œuvre les recommandations clés sur lesquelles elle s’était engagée à agir lors de son précédent examen devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2014.
Dans son rapport de juillet 2018 intitulé Reform without human rights, Amnesty International a recensé une longue liste de violations des droits humains commises en Arabie saoudite, notamment la répression systématique de la liberté d’expression, la répression visant les défenseurs des droits humains, la multiplication des exécutions, la discrimination à l’égard des femmes et de la minorité chiite, et le rôle du royaume dans les graves atteintes aux droits humains subies par la population civile dans le cadre du conflit armé dévastateur au Yémen.
« Un examen et une action ferme des États membres de l’ONU sont plus nécessaires que jamais. La communauté internationale se doit de demander des comptes au gouvernement saoudien pour sa répression implacable des droits humains dans le royaume et ses violations commises dans le cadre du conflit au Yémen. Les États qui jouissent d’une grande influence sur l’Arabie saoudite doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter de nouvelles violations et l’inciter à entreprendre de véritables réformes en matière de droits humains, notamment libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers d’opinion, y compris les défenseurs des droits humains, et abolir le système de tutelle masculine, a déclaré Samah Hadid.
« Tous les États exportateurs d’armes doivent suspendre les transferts à destination de l’Arabie saoudite et des membres de sa coalition, au vu des éléments recueillis par Amnesty International qui montrent clairement que ces armes pourraient être utilisées pour commettre de graves violations, dont de possibles crimes de guerre, au Yémen. »
Complément d’information
Depuis son dernier EPU en 2014, l’Arabie saoudite n’a pas mis en œuvre la plupart des recommandations qu’elle avait acceptées, à savoir abroger le système de tutelle délétère pour les femmes, criminaliser le féminicide et respecter la Recommandation générale n° 19 du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, adopter et promulguer une loi afin de garantir le droit à la liberté de réunion pacifique et de permettre aux ONG de travailler sans craindre de représailles, mettre fin à la discrimination à l’égard des femmes et des minorités, garantir une procédure régulière et des procès équitables, interdire dans la législation le recours à la torture et à d’autres mauvais traitements conformément à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, et protéger les travailleurs, notamment migrants, contre toute forme d’atteinte aux droits humains.
Si l’Arabie saoudite n’a pas répondu favorablement à toutes les demandes des procédures spéciales de l’ONU souhaitant se rendre dans le pays, elle a accepté la visite du rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’homme en 2015, mais doit encore faciliter sa venue. Amnesty International se félicite des visites de l’ancien rapporteur spécial sur les droits de l’homme et la lutte antiterroriste en Arabie saoudite en 2017 et en novembre 2016, conformément aux recommandations acceptées.