RDC, Les autorités doivent libérer 10 militants immédiatement et sans condition

RDC police

Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) doivent libérer immédiatement et sans condition 10 jeunes militant·e·s visés par des accusations malveillantes, pour avoir simplement participé à une action de protestation pacifique dans le but de demander la protection des civil·e·s de la ville de Beni, avant qu’un tribunal militaire ne se prononce sur cette affaire mercredi 20 janvier.

Huit de ces 10 militant·e·s, qui appartiennent au mouvement de jeunesse Lutte pour le changement (LUCHA), ont été arrêtés à Beni le 19 décembre après avoir organisé une manifestation visant à dénoncer ce qu’ils considèrent comme un manquement, de la part de la force de maintien de la paix des Nations unies, au devoir de protection des civil·e·s dans cette zone. Deux autres militant·e·s, également membres de LUCHA, ont été appréhendés à Beni le 7 janvier lors d’une manifestation pacifique contre une nouvelle taxe sur les motos taxis.

« Les arrestations et poursuites ayant visé ces jeunes militant·e·s, qui n’ont rien fait d’autre que demander la protection des civil·e·s à Beni, tournent la justice en dérision et constituent une forme de persécution. Cette persécution est contraire à la Constitution de la République démocratique du Congo », a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et la région des Grands lacs à Amnesty International.

« Au lieu de les persécuter, les autorités congolaises auraient dû répondre de manière adaptée à leurs demandes en faveur d’une protection digne de ce nom pour les civil·e·s, contre les homicides et enlèvements perpétrés dans les zones concernées. Les autorités doivent abandonner les poursuites ouvertes contre ces personnes. »

Les huit militant·e·s sont accusés de « destruction méchante et sabotage », et languissent en prison depuis le 19 décembre. Leur procès s’est ouvert le 21 décembre devant le tribunal militaire de la garnison de Beni-Butembo. Selon le parquet, ils passent en jugement devant un tribunal militaire parce que les destructions et faits de sabotage dont ils sont accusés auraient eu lieu dans des locaux de la police, ce que les militant·e·s et témoins qualifient d’invention pure et simple.

« Au lieu de les persécuter, les autorités congolaises auraient dû répondre de manière adaptée à leurs demandes en faveur d’une protection digne de ce nom pour les civil·e·s, contre les homicides et enlèvements perpétrés dans les zones concernées. Les autorités doivent abandonner les poursuites ouvertes contre ces personnes. »

Durant leur arrestation et leur incarcération, ces militant·e·s ont été frappés par des policiers et d’autres détenus. Les requêtes déposées par leurs avocat·e·s afin de contester la compétence du tribunal militaire dans cette affaire ont été rejetées.

Il est prévu que le tribunal rende sa décision mercredi 20 janvier 2021. La semaine dernière, le parquet a requis une peine de 10 ans d’emprisonnement contre ces personnes.

Les huit militant·e·s concernés sont :

  • Délivrance Mumbere Sikuli, lycéen, 20 ans ;
  • Consolée Mukirania, commerçante, 25 ans ;
  • Ezée Kasereka Muhetsya, lycéen, 20 ans ;
  • Clovis Kakule Mutsuva, diplômé en droit, 27 ans ;
  • Patrick Nzila, lycéen, 18 ans ;
  • Aziz Muhindo, conducteur de moto taxi, 32 ans ;
  • Lwanzo Kasereka Kahongya, menuisier, 34 ans ;
  • Elie Mbusa, conducteur de moto taxi, 24 ans.

Deux autres militant·e·s de LUCHA ont été arrêtés dans la ville de Beni le 7 janvier, lors d’une manifestation pacifique contre une nouvelle taxe sur les motos taxis. Jeanpy Lufungula et Grace Matembela sont depuis lors illégalement maintenus en détention. Ils n’ont toujours pas comparu devant un juge afin d’être officiellement inculpés.

« Les autorités doivent abandonner les charges cyniques retenues contre ces militant·e·s, et respecter, protéger et garantir les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique inscrits dans la Constitution et dans les traités internationaux relatifs aux droits humains auxquels la RDC est partie », a déclaré Sarah Jackson.

« Les autorités congolaises, sous l’égide du président Félix Tshisekedi, dont l’arrivée au pouvoir en 2019 s’est accompagnée de progrès sur le terrain des droits humains, doivent cesser de traiter l’opposition pacifique avec mépris. Le gouvernement ne doit pas s’inspirer du régime Kabila [1], durant lequel les militant·e·s de LUCHA et d’autres étaient systématiquement arrêtés et maintenus en détention de manière arbitraire. »

« Les autorités doivent abandonner les charges cyniques retenues contre ces militant·e·s, et respecter, protéger et garantir les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique inscrits dans la Constitution et dans les traités internationaux relatifs aux droits humains auxquels la RDC est partie. »

Informations générales

Depuis 2014, des milliers de civil·e·s ont été tués dans le cadre d’attaques que les autorités attribuent au groupe activiste ougandais Front démocratique allié-Armée nationale de libération de l’Ouganda, dans la région de Beni (est de la RDC). Malgré la forte présence de soldats des Nations unies et de l’armée congolaise dans la région, et plusieurs opérations militaires, des homicides et des enlèvements continuent à avoir lieu presque tous les jours. Des militant·e·s accusent les autorités congolaises et les Nations unies de faillir à leur mission de protection de la population. Leurs revendications en faveur d’une véritable protection et de la justice se heurtent souvent à une répression brutale.

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