« C’est une décision extrêmement importante et sans précédent pour ce pays, qui est le seul de la région à continuer d’exécuter des condamnés depuis tant d’années. À notre connaissance, c’est la première fois que la Cour suprême du Bélarus suspend une exécution, a déclaré Marie Struthers, directrice du bureau régional Europe de l’Est et Asie centrale d’Amnesty International.
« Nous continuons de suivre attentivement cette affaire, mais elle nous donne l’espoir que, après des années de discussions sur la peine de mort, le Bélarus soit enfin prêt à passer des discours aux actes. Nous appelons les autorités bélarussiennes au plus haut niveau de l’État à s’inscrire dans le prolongement de cette décision en instaurant immédiatement un moratoire sur les exécutions et en commuant toutes les condamnations à mort, à titre de première étape vers l’abolition totale de la peine capitale au Bélarus. »
Complément d’information
Depuis 1994, la Cour suprême bélarussienne a confirmé toutes les déclarations de culpabilité et condamnations à mort soumises à son réexamen, et le président Alexandre Loukachenko n’a accordé sa grâce qu’une seule fois.
Ihar Hershankou et Siamion Berazhnoy ont été condamnés à mort par le tribunal régional de Mahiliou, à l’est du Bélarus, le 21 juillet 2017. Ils ont été reconnus coupables d’avoir tué six personnes entre 2009 et 2015 dans le but de s’approprier leurs biens immobiliers. La Cour suprême a confirmé les déclarations de culpabilité et les condamnations à mort des deux hommes le 20 décembre 2017 ; ils risquent depuis d’être exécutés à tout moment. Amnesty International a fait campagne pour que leurs condamnations soient commuées et que le président instaure un moratoire immédiat sur les exécutions, en vue d’abolir la peine de mort.
Bien que les autorités bélarussiennes ne cessent d’assurer qu’elles avancent vers l’instauration d’un moratoire sur la peine de mort, le Bélarus a jusqu’à présent montré un mépris flagrant pour la tendance mondiale et régionale en faveur de l’abolition.
Amnesty International estime que la peine de mort constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, ainsi qu’une violation du droit à la vie, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. À l’heure actuelle, 106 pays ont totalement aboli la peine capitale dans leur législation, et 141 sont abolitionnistes en droit ou en pratique.