« Depuis plusieurs mois, nous alertons sur la terrible situation que subissent les réfugiés et les migrants en Libye, où ils sont victimes de torture, d’esclavage, de viol, de détention systématique, etc. Pourtant, les gouvernements européens continuent de collaborer avec les gardes-côtes libyens, qui reconduisent vers la Libye les personnes interceptées en mer Méditerranée, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.
« Nous demandons aux États-membres européens et à la Belgique particulièrement d’arrêter toute coopération avec les autorités libyennes et de concentrer leurs efforts sur l’amélioration du respect des droits humains dans le pays en travaillant notamment sur la mise en place de voies sûres et légales pour les migrants et réfugiés. »
Début juin, Amnesty International a alerté les autorités européennes des cas d’esclavages en Libye, citant des rapports de l’Observatoire International des migrations et le recoupement des témoignages recueillis par les chercheurs d’Amnesty.
L’organisation a également dénoncé la participation de l’UE à la formation des garde-côtes libyens ainsi qu’au financement de leurs opérations et la décision du gouvernement italien d’affréter plusieurs navires de guerres en vue de renforcer les capacités de sauvetage et de secours des mêmes garde-côtes. Ces mesures permettent en effet de multiplier les interceptions d’embarcations de réfugiés et de migrants - qui violent souvent les conventions internationales, notamment par l’utilisation d’armes à feu - pour les reconduire jusqu’en Libye, exposant ainsi plus d’hommes, de femmes et d’enfants à d’horribles abus.
Outre l’arrêt de toute coopération avec les autorités libyennes dont le but est de ramener les migrants et réfugiés vers la Libye, Amnesty International demande aux gouvernements européens d’ouvrir et étendre des voies sûres et légales pour les migrants et réfugiés, d’arrêter la diffamation des ONG qui sauvent des vies en mer et d’augmenter les efforts de sauvetage en Méditerranée centrale et dans les zones où coulent le plus de bateaux venant d’Afrique du Nord.
Complément d’information
Amnesty International publiera le 14 décembre un nouveau rapport consacré à cette problématique.