Cuba, La libération conditionnelle de José Daniel Ferrer et de Félix Navarro est révoquée

Jeudi 8 mai, Amnesty International a lancé une Action urgente réclamant la libération immédiate et sans condition de José Daniel Ferrer García et Félix Navarro, dirigeants de l’opposition et prisonniers d’opinion, ainsi que de toutes les autres personnes injustement emprisonnées pour avoir exercé leurs droits fondamentaux à Cuba.

Le 29 avril, les autorités cubaines ont annoncé la révocation de la libération conditionnelle de José Daniel Ferrer et Félix Navarro. Tous deux avaient été libérés de prison en janvier dernier à l’issue d’un processus entaché d’irrégularités et ont, depuis lors, été victimes d’arrestations arbitraires répétées, de menaces et de harcèlement en raison de leur militantisme politique, leur dénonciation de violations des droits humains et même de leur travail humanitaire. Ana Piquer, directrice du programme Amériques d’Amnesty International, a déclaré :

« José Daniel Ferrer et Félix Navarro sont une fois de plus incarcérés de manière injuste et arbitraire, comme l’ont été des milliers de personnes ces dernières décennies, victimes de la politique répressive des autorités cubaines, qui utilisent la libération conditionnelle comme mécanisme de surveillance et de contrôle politique. »

Félix Navarro a été arrêté très tôt le 29 avril à son domicile alors qu’il s’apprêtait à rendre visite à sa fille, Saylí Navarro, également prisonnière d’opinion. Des proches et des voisins ont signalé qu’il y avait eu une importante opération de surveillance pendant l’arrestation, qui a eu lieu sans mandat. Ce n’est que le 2 mai que l’on a appris où il se trouvait, ainsi que sa situation au regard du droit, ce qui signifie que Félix Navarro a été soumis à une disparition forcée pendant plus de 72 heures.

Au même moment, et alors qu’un important dispositif policier avait également été déployé, José Daniel Ferrer, son épouse, son fils de cinq ans, et cinq collaborateurs ont été arrêtés à son domicile. La femme et le fils de José Daniel Ferrer ont été libérés quelques heures après, et les militants ont été relâchés plus tard dans la semaine. Des proches et des voisins de José Daniel Ferrer ont confirmé la violence de l’assaut contre son domicile, qui est également le siège de l’Unión Patriótica de Cuba, une organisation qu’il dirige, ainsi que le saccage de ses biens. José Daniel Ferrer est pour l’instant victime d’une disparition forcée. Bien que sa famille dispose d’indications obtenues de manière informelle, selon lesquelles il se trouve à la prison de Mar Verde, elle n’a reçu aucune communication officielle sur le lieu où il se trouve, ni sur sa situation au regard du droit. Sa famille n’a pas été en mesure de s’entretenir directement avec lui, et s’inquiète sérieusement pour sa santé et son intégrité physique, après que son épouse a été empêchée à deux reprises de lui rendre visite.

La révocation de la libération conditionnelle de ces deux hommes a été communiquée aux agences de presse et aux médias internationaux dans une déclaration [1] publiée par le vice-président de la Cour suprême populaire. Ce document confirme la révocation de leur libération conditionnelle par des juridictions provinciales et ordonne leur retour en prison.

Ce même document contient des allégations révélant les motifs politiques de cet emprisonnement, s’appuyant sur des arguments en relation avec les décennies de militantisme politique et de lutte pour les droits humains de José Daniel Ferrer et Félix Navarro. Les autorités ont en outre de nouveau utilisé les médias d’État pour les discréditer, stigmatiser leur militantisme et de mettre leur punition en avant afin de dissuader d’autres militant·e·s et défenseur·e·s des droits humains.

« Les libérations ont utilisé des personnes comme monnaie d’échange dans des jeux géopolitiques, mais ce faisant, le gouvernement cubain a également joué avec les aspirations et les droits de ces personnes et de milliers de leurs proches, sans offrir de garanties de justice, de mesures de non-répétition ni de réparations pour les victimes », a déclaré Ana Piquer.

Depuis l’annonce des libérations en janvier, des organisations de défense des droits humains ont dénoncé [2] le manque de transparence dans leur mise en œuvre, les restrictions excessives imposées aux personnes libérées, la tendance du gouvernement cubain à instrumentaliser les personnes dans le cadre de négociations politiques, et le risque permanent d’être renvoyées en prison de manière arbitraire que courent les personnes ayant été libérées. Le retour en prison de José Daniel Ferrer et Félix Navarro est le signe que les craintes de ces organisations se sont matérialisées, et que le contexte hautement répressif et la criminalisation systématique de toute forme d’opposition persistent.

Amnesty International demande aux autorités cubaines de fournir des informations officielles, exactes et pertinentes sur la situation juridique, l’intégrité physique et le lieu de détention, ainsi que des garanties immédiates d’accès à l’aide juridique, à des médicaments et à des visites familiales pour José Daniel Ferrer et Félix Navarro.

L’organisation réclame la libération immédiate et sans condition des prisonniers d’opinion José Daniel Ferrer, Félix Navarro, Loreto Hernández, Roberto Pérez Fonseca, Saylí Navarro, Luis Manuel Otero Alcántara et Maykel Castillo, ainsi que la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes privées de liberté uniquement pour avoir exercé leurs droits humains à Cuba.

« Les autorités cubaines doivent mettre fin aux menaces, au harcèlement, aux détentions arbitraires et aux disparitions forcées dont sont victimes des militant·e·s, des défenseur·e·s des droits humains et des journalistes à Cuba. Elles doivent également abroger immédiatement les lois et règlements qui favorisent la criminalisation de l’opposition et des manifestations pacifiques, et qui entravent la défense des droits humains », a déclaré Ana Piquer.

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