Érythrée, Dans le contexte du COVID-19 il faut libérer les prisonniers d’opinion

Erythrée_Ciham Ali Ahmed

Ciham Ali Ahmed, qui possède la double nationalité érythréenne et américaine, a 23 ans aujourd’hui – et une fois encore elle passe son anniversaire derrière les barreaux. Cette année, elle est en plus confrontée au risque potentiellement mortel de contracter le COVID-19 dans une prison surpeuplée d’Érythrée. Il s’agit d’une prisonnière d’opinion, incarcérée simplement pour avoir exercé ses droits humains.

Au 2 avril, l’Érythrée, tristement célèbre pour les arrestations et détentions arbitraires et pour les disparitions forcées de personnes qui n’ont fait qu’exprimer leur opinion, comptait au moins 22 cas confirmés de COVID-19, selon le ministère de la Santé.

« Aux côtés des familles et des militant·e·s d’Érythrée qui sont extrêmement inquiets pour leurs proches, nous appelons les autorités érythréennes à libérer immédiatement et sans condition Ciham Ali et toutes les autres personnes emprisonnées seulement pour avoir exercé leurs droits, a déclaré Deprose Muchena, directeur du programme Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnesty International.

« La surpopulation et l’insalubrité qui caractérisent les prisons du pays accroissent la probabilité de transmission du COVID-19, ce qui met en danger la santé et la vie de Ciham Ali et des autres personnes détenues. Il faut que le président Isaias Afewerki prenne, de toute urgence, des mesures visant à réduire la population carcérale, y compris le nombre de personnes en détention provisoire, de personnes âgées et de personnes présentant des problèmes de santé sous-jacents. »

Les autorités érythréennes doivent aussi veiller à ce que tous les détenu·e·s jouissent du même niveau de soins médicaux que le reste de la population, notamment à ce qu’ils puissent bénéficier de tests, de mesures de prévention et d’un traitement contre le COVID-19.

Ciham Ali [1] a été arrêtée à l’âge de 15 ans, peu après que son père – qui était alors l’un des ministres du gouvernement Afewerki – a fait défection et s’est exilé. Elle n’a pas été inculpée d’une quelconque infraction ni autorisée à entrer en contact avec ses avocats ou sa famille depuis son arrestation. Ses proches ignorent même où elle se trouve et si elle est en bonne santé.

« Ciham Ali, comme les autres prisonniers et prisonnières d’opinion en Érythrée, a perdu de nombreuses années et ses projets de vie ont été anéantis à mesure que les jours de prison se sont changés en mois, puis en années. Il faut qu’elle soit libérée afin qu’elle puisse réaliser ses rêves », a déclaré Deprose Muchena.

L’Érythrée est connue pour emprisonner des milliers de personnes en raison de leurs opinions politiques, de leur travail journalistique ou même de leur pratique religieuse. Beaucoup sont arrêtées et détenues sans inculpation ni jugement. Une fois incarcérées, elles sont privées de tout contact avec leurs avocats et leur famille.

Amnesty International a recueilli des informations sur les conditions carcérales déplorables en Érythrée, qui s’apparentent parfois à un traitement cruel, inhumain ou dégradant. Dans le pays, les prisons sont généralement surpeuplées, l’accès à des installations sanitaires y est insuffisant et la nourriture et l’eau de boisson y sont de mauvaise qualité.

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