« Il aura donc fallu près de quatre mois de guerre dévoreuse de milliers de vies innocentes et une ordonnance rendue par la Cour internationale de justice faisant état d’un risque de génocide pour que Monsieur Di Rupo décide enfin de cette suspension. Rappelons en effet que, comme le révélait récemment le quotidien De Morgen, 16 tonnes de poudre ont encore pris le chemin d’Israël le 30 novembre dernier. Cette information nous a d’ailleurs conduit à adresser jeudi dernier une lettre ouverte au Ministre-Président, lui rappelant notamment ses obligations au regard du droit wallon, imposant un principe de précaution quant à la décision d’accorder ou non des licences d’exportation lorsqu’il y a un risque de violations des droits humains ou du droit international humanitaire », expliquent les organisations.
Amnesty International, la CNAPD, la LDH et Vredesactie s’inquiètent également du fait que la suspension de ces deux licences d’exportation ne soit que temporaire et appellent à la vigilance, notamment en ce qui concerne les conditions qui justifieraient la fin de cette suspension. Aussi les organisations appellent-elles les autorités wallonnes à communiquer publiquement sur toutes les décisions qui seraient prises au sujet de ces licences et d’autres licences éventuelles à destination d’Israël.
« Monsieur Di Rupo pourrait mandater une délégation chargée de se rendre en Israël pour chercher à déterminer si un détournement a pu avoir lieu. »
Quant aux exportations qui ont eu lieu après le début de la guerre à Gaza, les organisations demandent une nouvelle fois au Ministre-Président Di Rupo de faire toute la clarté sur la manière dont les autorités wallonnes s’assurent concrètement que la poudre transférée à Israël ne sert pas à produire des munitions qui sont utilisées in fine par l’armée israélienne.
« Monsieur Di Rupo pourrait mandater une délégation chargée de se rendre en Israël pour chercher à déterminer si un détournement a pu avoir lieu. C’est ce qu’il avait d’ailleurs fait en juillet 2023, face au risque de détournement de machines-outils exportées en Serbie par l’entreprise wallonne New Lachaussée », indiquent les organisations.
Plus généralement, Amnesty International, la CNAPD, la LDH et Vredesactie rappellent que les autorités fédérales et régionales belges ont des responsabilités à assumer pour éviter de favoriser des violations des droits humains et du droit international humanitaire par les forces israéliennes, et doivent pour cela encore poser des actes importants, notamment en ce qui concerne le transit des armes à destination d’Israël.
« Le problème du transit des armes à destination d’Israël doit en effet être pris à bras le corps par les différentes autorités concernées, en conformité avec le Traité sur le commerce des armes. Il importe en particulier de souligner le rôle des douanes, à qui il revient de vérifier la validité des licences avant d’autoriser du matériel militaire à quitter le pays, y compris dans le cas d’exportations qui ont lieu sur base de licences octroyées par les Régions. À moins que nos autorités régionales et fédérales ne veuillent se rendre complices de crimes de guerre et alimenter une crise humanitaire cataclysmique, il est urgent qu’elles veillent scrupuleusement à respecter leurs obligations », concluent les organisations.