À cette fin, les militant·es ont déployé une bannière géante (10 X 2,5 m) sur laquelle il était inscrit : No extra time for human rights abuses #PayUpQatar. Une « coupe du monde » présentant des figures de travailleur·euses migrant·es a par ailleurs disposée aux côtés de la bannière.
« Alors que la Coupe du monde touche à sa fin, la FIFA et le Qatar n’ont toujours pas prévu une façon concrète d’indemniser les centaines de milliers de travailleur·euses migrant·es qui ont rendu cette compétition possible et qui, pourtant, ont subi de graves violations de leurs droits, explique François Graas, coordinateur des campagnes et du plaidoyer de la section belge francophone d’Amnesty International. Avant que ne retentisse le coup de sifflet final de la Coupe du monde, il est encore temps pour la FIFA et le Qatar de faire le bon choix et de se montrer à la hauteur de leurs responsabilités en mettant en place un programme solide et ambitieux de réparation. »
Alors que, suite à l’appel pressant de plusieurs organisations (dont Amnesty International), la FIFA s’est déclarée déterminée à trouver des manières d’indemniser les travailleur·euses migrant·es ayant subi des violations de leurs droits, l’organe dirigeant du football mondial s’est pour l’heure contenté d’annoncer la création d’un nouveau « fonds d’héritage », lequel ne prévoit pour l’instant aucune indemnisation pour les travailleur·euses migrant·es.
Le 19 novembre dernier, à la veille du coup d’envoi de la Coupe du monde, Gianni Infantino, le président de la FIFA, a par ailleurs affirmé que le Fonds de soutien et d’assurance des travailleurs du ministère qatarien du Travail se chargerait d’indemniser les travailleur·euses migrant·es.
Si ce fonds, opérationnel depuis 2020, sert à indemniser les travailleur·euses contre le vol de salaire si des employeur·euses persistent à ne pas leur faire de versement à l’issue de décisions de justice, il n’est pour l’heure pas prêt à verser d’indemnisations d’une ampleur suffisante face aux décès, blessures et vols de salaires survenus au cours de la décennie précédant sa création.
« À ces déclarations trompeuses s’ajoute le fait que les autorités qatariennes se sont abstenues de fournir des données ventilées sur les 350 millions de dollars étatsuniens annoncés pour le remboursement de travailleur·euses migrant·es pour vol de salaire, précise François Graas. Par ailleurs, l’accès des victimes aux mécanismes d’indemnisation existants est semé d’embûches, les paiements sont plafonnés et il est quasiment impossible pour les travailleur·euses et les familles de déposer leurs demandes une fois rentré·es dans leur pays d’origine. »
Amnesty International rappelle enfin que la FIFA n’a pas pas fait preuve de diligence raisonnable en matière de droits humains lorsqu’elle a sélectionné le Qatar en 2010 pour accueillir la Coupe du monde et n’a depuis lors pas adopté de mesures efficaces afin de prévenir les violations et d’y remédier. Or, les Principes directeurs des Nations unies, qui s’appliquent à la FIFA, indiquent clairement que la responsabilité d’une entreprise de respecter les droits humains « existe indépendamment des capacités et/ou de la détermination des États de remplir leurs propres obligations en matière de droits de l’homme et ne restreint pas ces dernières. »
« Alors que la Coupe du monde devrait générer 7,5 milliards de dollars étatsuniens pour la FIFA, il serait intolérable que son “fonds d’héritage” se soustraie à une indemnisation des travailleur·euses migrant·es, ou de leurs proches, lorsque ces personnes ont perdu la vie, ont été blessées ou ont subi des vols de salaires. Il est plus que temps que la FIFA et le Qatar entendent enfin ces appels nombreux et pressants en faveur de la justice, soutenus notamment par une large part de la population en Belgique et dans d’autres pays du monde », conclut François Graas.