« Sarah Mardini et Seán Binder n’auraient jamais dû être poursuivis en justice pour leur travail en faveur des droits humains. Ils ne faisaient qu’intervenir bénévolement sur le littoral grec, en aidant des personnes réfugiées et migrantes qui risquaient de se noyer en mer, lorsqu’ils ont été arrêtés en 2018. Plusieurs défenseur·e·s des droits humains font l’objet d’une criminalisation similaire de leur travail auprès des réfugié·e·s et des migrant·e·s, alors que ce cas a déjà eu un effet paralysant qui pourrait dissuader d’autres personnes de faire la même chose, a déclaré en amont de l’audience, Adriana Tidona, chercheuse sur les questions migratoires à Amnesty International.
« Ce recours du parquet ne fait que prolonger le calvaire de Sarah et Sean. Les délits dont ils sont accusés comprennent notamment l’espionnage et l’usage de faux, qui sont passibles d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à huit ans. Ces deux travailleurs humanitaires sont également visés depuis 2018 par une enquête toujours en cours pour des accusations infondées d’actes criminels pour lesquels ils encourraient jusqu’à 20 années de réclusion.
« Amnesty International appelle de nouveau les autorités grecques à abandonner toutes les charges qui pèsent sur Sarah et Seán. Non seulement elles reposent sur une interprétation abusive de la législation anti-passeurs, mais en plus elles ne sont corroborées par aucun élément. »
Seán Binder a déclaré : « En janvier, les trois juges de la cour d’appel et le procureur ont reconnu que notre inculpation devait être annulée. Ils ont conclu, à juste titre, que nous avons le droit d’exiger que l’on s’adresse à nous dans une langue que nous comprenons. Ceci est nécessaire pour garantir un procès équitable et le respect de l’état de droit. Maintenant, un autre procureur a fait appel de cette décision. Nous nous retrouvons devant la Cour suprême. Nous sommes certains que nous bénéficierons d’un procès équitable et que le tribunal confirmera la décision d’annuler notre inculpation. Cependant, si la Cour suprême prend le parti du procureur, alors nous craignons que notre droit à un procès équitable ne soit pas respecté. »
Complément d’information
L’audience d’appel est prévue le 16 mai 2023, mais la Cour suprême ne devrait pas rendre sa décision à cette date. Sarah Mardini et Seán Binder ne seront pas présents à l’audience.
En janvier 2023, la Cour d’appel de Mytilène a relevé des erreurs de procédure dans les convocations qui leur avaient été adressées, notamment l’absence de traduction. Cette décision a entraîné l’annulation des convocations et le rejet des poursuites correspondantes engagées contre Sarah et Seán. En février 2023, un procureur adjoint de la Cour suprême a fait appel de cette décision.
Si le recours formé par ce procureur aboutit, le procès pour délits mineurs recommencera et le délai de prescription pour ces chefs d’inculpation sera prolongé de trois ans.