Grèce/UE : Mettez les demandeurs d’asile en sécurité

Le gouvernement grec et ses partenaires au sein de l’Union européenne (UE) doivent agir en urgence afin que l’ensemble des demandeurs et demandeuses d’asile présents sur les îles de la mer Égée soient transférés dans des logements décents sur le continent ou relocalisés dans d’autres pays de l’UE, à l’heure où l’hiver approche, ont déclaré jeudi 6 décembre 20 associations, parmi lesquelles des organisations de défense des droits humains.

Malgré les efforts déployés récemment par le gouvernement grec afin de transférer des personnes en quête d’asile vers des logements plus adéquats sur le continent, au 3 décembre, plus de 12 500 personnes vivaient toujours dans des tentes et des conteneurs qui ne sont pas adaptés aux températures hivernales, dans cinq camps soutenus par l’UE connus sous le nom de « hotsposts », sur Lesbos, Samos, Chios, Kos et Leros - soit près du triple de la capacité d’accueil de ces camps. Outre la grave surpopulation, les demandeurs d’asile continuent à être confrontés à des conditions insalubres et au manque d’hygiène, ainsi qu’aux violences physiques, en particulier à des violences liées au genre.

L’absence de protection de base fait que les femmes et les filles, ainsi que les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT+) sont particulièrement exposées au harcèlement sexuel et aux agressions sexuelles, et qu’elles ont peur d’utiliser les installations des divers sites, notamment les salles de bains et les douches. L’offre en termes de soins de santé, de soins post-traumatiques, et de soutien psychosocial - ou psychologique -, ainsi que d’aide juridique durant les diverses phases de la procédure d’asile, est insuffisante. On constate une détérioration de la santé mentale parmi ces personnes en quête d’asile, avec en toile de fond conditions de vie éprouvantes et détresse émotionnelle.

La crise humanitaire dans les hotspots résulte de la politique grecque, soutenue par l’UE, consistant à maintenir les demandeurs d’asile sur les îles de la mer Égée jusqu’à ce que leur demande d’asile soit examinée ou jusqu’à ce qu’il soit déterminé que ces personnes correspondent à une des catégories « vulnérables » reconnues par le droit grec.

Les demandeurs d’asile « vulnérables » sont exemptés des procédures en vigueur aux frontières, et autorisés à se rendre sur le continent. Les autorités grecques accélèrent de temps en temps le transfert des demandeurs d’asile dits vulnérables sur le continent, mais à la fin novembre, quelque 2 200 personnes considérées comme telles attendaient encore leur transfert. Les lieux d’accueil sur le continent sont en effet eux aussi surpeuplés depuis plusieurs mois, tandis qu’il n’existe toujours pas de mécanisme de partage des responsabilité à l’échelle de l’UE. D’autres personnes se retrouvent livrées à elles-mêmes du fait d’évaluations prolongées et inefficaces de leur degré de vulnérabilité, et ne peuvent s’extraire des dures conditions prévalant sur les îles.

La politique visant à endiguer le flux des migrants a été conçue et justifiée dans le but d’appliquer l’accord conclu en mars 2016 entre l’UE et la Turquie, selon lequel les demandeurs d’asile arrivés en Grèce par la voie maritime seraient renvoyés en Turquie, de sorte que leur demande d’asile soit traitée sur place. Cette politique inflige des souffrances injustifiées aux personnes en quête d’asile, tout en limitant indûment leur droit de voir leur demande examinée en fonction de son bien-fondé - et non pas de sa simple « admissibilité » -, ont déclaré les organisations.

L’accélération des retours, une mesure prévue par l’accord, ne résoudrait pas la crise sur les îles. Un grand nombre des personnes bloquées sur place sont protégées contre ces renvois, et ne pourraient être transférées vers la Turquie, ni d’autres pays tiers ou même leur propre pays d’origine, conformément au droit de l’UE.

La Grèce et d’autres pays de l’UE doivent se partager la responsabilité consistant à fournir un niveau de vie suffisant aux demandeurs d’asile, en garantissant leur subsistance et en protégeant leur santé mentale et physique au moyen d’une procédure d’asile juste et efficace. L’engagement, pris récemment, de transférer 6 000 demandeurs d’asile sur le continent afin de leur fournir un niveau de vie suffisant est une première étape, même si rien ne garantit que cela s’inscrive dans le long terme.

La Grèce, avec le soutien des institutions et pays de l’UE, doit en finir avec sa politique inhumaine visant à endiguer les flux, et favoriser le transfert des demandeurs d’asile depuis les îles de la mer Égée.

Il convient d’accorder une attention particulière aux besoins des mineur·e·s, des femmes ayant connu des violences, des femmes enceintes et des jeunes mères, ainsi qu’à ceux des personnes LGBT+, entre autres groupes.

Les gouvernements européens doivent être prêts dans les meilleurs délais à relocaliser les demandeurs d’asile depuis la Grèce, et à garantir qu’ils bénéficient de conditions de vie décentes pendant que leur demande d’asile sera traitée. L’accord récemment donné par le Portugal concernant le transfert de 100 demandeurs et demandeuses d’asile et jusqu’à 1 000 autres durant l’année 2019 est une avancée positive dont d’autres pays de l’UE devraient s’inspirer.

Les gouvernements de l’UE doivent emboîter le pas au Parlement européen, et trouver un terrain d’entente sur un système d’asile fonctionnel et plus juste dans l’Union : qui soutienne les États membres, notamment au moyen d’un mécanisme de distribution obligatoire ; qui protège les personnes dans le besoin ; et qui permette aux familles de se retrouver au sein de l’UE.

Les autorités grecques et européennes doivent jouer un rôle moteur, de manière sincère et humaine, dans le but de remédier aux conditions déplorables dans lesquelles vivent les personnes bloquées sur les îles grecques. Les femmes, les hommes et les enfants cherchant protection en Europe doivent voir leurs droits respectés, et ne pas être forcés à passer un nouvel hiver dans des camps sordides et dangereux.

Organisations soutenant cette déclaration :

Amnesty International
ASB - Arbeiter Samariter Bund
Campfire Innovation 
Caritas Hellas
CEAR – Commission espagnole pour les réfugiés
Centre pour la recherche sur les femmes - DIOTIMA
Commission des églises auprès des migrants en Europe
Conseil grec des réfugiés
Forum grec des réfugiés
Greek Helsinki Monitor
HumanRights360
Human Rights Watch
Service jésuite des réfugiés
Centre juridique de Lesbos
Médecins du monde – Grèce
Oxfam
PRAKSIS
Refugee Support Aegean
SolidarityNow
Terre des hommes Hellas

Toutes les infos
Toutes les actions

L’avortement est un droit. Parlementaires, changez la loi !

L’avortement est un droit humain et un soin de santé essentiel pour toute personne pouvant être enceinte. Ceci sonne comme une évidence ? Et bien, ce n’est pourtant pas encore une réalité en (…)

2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit