« Le verdict prononcé mercredi 14 mars est révélateur de la dangereuse confluence entre les lois antiterroristes draconiennes de la Hongrie et sa lutte sans pitié contre les réfugiés et les migrants. La condamnation d’Ahmed pour les motifs invoqués doit être annulée en appel et cet homme doit être libéré sans délai » a déclaré Eda Seyhan, chargée de campagne d’Amnesty International sur la lutte contre le terrorisme en Europe.
« Ahmed H., qui tentait simplement d’aider sa famille à fuir la Syrie, a été injustement diabolisé à l’intérieur comme à l’extérieur du tribunal. Aucun des éléments de preuve retenus contre lui ne constitue un « acte terroriste » et sa condamnation découle d’une utilisation abusive des dispositions antiterroristes ».
« Cette décision absurde est un coup terrible pour Ahmed, qui a déjà passé deux ans et demi derrière les barreaux, ainsi que pour sa femme et ses deux petites filles. »
Ahmed H. a été reconnu coupable de « complicité d’acte terroriste » et d’« entrée illégale sur le territoire dans le cadre d’une émeute », et condamné à sept ans d’emprisonnement suivis d’une expulsion avec interdiction de revenir en Hongrie pendant 10 ans.
Complément d’information
En août 2015, Ahmed a quitté son foyer à Chypre pour aller aider ses parents âgés et six autres membres de sa famille à fuir la Syrie et à trouver refuge en Europe. Un mois plus tard, ils se sont trouvés parmi les centaines de réfugiés bloqués à la frontière serbo-hongroise après sa fermeture par la police.
Des heurts ont éclaté lorsque des réfugiés ont tenté de passer. La police hongroise a réagi en utilisant du gaz lacrymogène et des canons à eau, blessant des dizaines de personnes. Certains ont jeté des pierres, dont Ahmed. Toutefois, des séquences filmées par les médias montrent également Ahmed utilisant un mégaphone pour demander aux réfugiés et aux policiers de garder leur calme.
À la suite de ces événements, un tribunal hongrois a déclaré Ahmed coupable d’« acte terroriste » au titre de la législation hongroise relative à la lutte contre le terrorisme, rédigée en des termes extrêmement vagues, et l’a condamné à 10 ans d’emprisonnement en novembre 2016. En juin 2017, une cour d’appel a ordonné qu’il soit rejugé.