« Les circonstances dans cette affaire sont choquantes et illustrent une nouvelle fois les priorités biaisées des autorités iraniennes. Personne, quel que soit son âge, ne devrait subir la flagellation ; qu’un mineur soit poursuivi pour avoir consommé de l’alcool et condamné à 80 coups de fouet défie l’entendement, a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Les autorités iraniennes usent et abusent des châtiments corporels, y compris contre des mineurs, faisant preuve d’un mépris affligeant à l’égard de la moindre humanité. Elles doivent abolir sans délai tous ces châtiments, qui se déclinent en peines de flagellation, d’amputation et d’aveuglement. »
La flagellation en public s’est déroulée le 10 juillet place Niazmand, à Kashmar, dans la province de Razavi Khorasan. Le jeune homme, identifié par ses seules initiales M. R., a reçu 80 coups de fouet sur le dos. Les médias iraniens ont publié une photo sur laquelle on peut le voir attaché à un arbre, fouetté par un homme masqué, tandis qu’une foule regarde à une certaine distance.
D’après le procureur général de Kashmar, M. R. a consommé de l’alcool lors d’un mariage au cours duquel une bagarre suite à une dispute s’est soldée par la mort d’un jeune de 17 ans. Le procureur a admis que M.R. n’était pas impliqué dans l’homicide et que la peine de flagellation était uniquement liée à sa consommation d’alcool.
Selon le procureur, l’« infraction » s’est déroulée durant l’année iranienne de 1385 (de mars 2006 à mars 2007). M. R. est né en 1370 (de mars 1991 à mars 1992), et il avait donc 14 ou 15 ans au moment des faits. La peine de flagellation a été prononcée il y a 10 ans, en 1386 (de mars 2007 à mars 2008). Amnesty International ignore pourquoi elle n’a été exécutée que 10 ans plus tard.
Les autorités judiciaires ont prononcé et appliqué diverses formes de châtiments cruels en 2018, notamment l’amputation de la main d’un homme pour vol.
« Infliger des sanctions cruelles et inhumaines comme la flagellation, l’amputation et l’aveuglement est une atteinte terrible à la dignité humaine et bafoue l’interdiction absolue de la torture et autres peines ou traitements dégradants inscrite dans le droit international, a déclaré Philip Luther.
« En tant qu’État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), l’Iran est juridiquement tenu d’interdire la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Il est tout simplement inacceptable que les autorités iraniennes continuent d’autoriser de tels châtiments et les justifient au nom de la protection de la morale religieuse. »
Complément d’information
Au titre de l’article 265 du Code pénal islamique iranien, tout musulman qui consomme de l’alcool est passible d’une peine de 80 coups de fouet.
En vertu du droit iranien, plus de 100 « infractions » sont passibles de flagellation : le vol, l’agression, le vandalisme, la diffamation et la fraude notamment, mais aussi des actes qui ne devraient pas constituer des infractions tels que l’adultère, les relations intimes entre hommes et femmes non mariés, l’« atteinte à la moralité publique » et les relations sexuelles librement consenties entre personnes du même sexe.
En janvier 2016, le Comité des droits de l’enfant, l’organe des Nations unies qui suit l’application de la Convention des droits de l’enfant par les États parties, a demandé à l’Iran d’« abroger immédiatement toutes les dispositions qui autorisent ou cautionnent les traitements cruels, inhumains ou dégradants des mineurs ».