Israël, l’entreprise NSO doit donner suite à ses engagements

L’entreprise israélienne de logiciels espions NSO Group, dont les technologies malveillantes ont été utilisées par des gouvernements pour s’attaquer à des militants, a fait une annonce indiquant qu’elle respecterait les droits humains et prendrait des mesures pour éviter à l’avenir que ses outils servent à commettre des atteintes aux droits humains.

En réaction cette annonce, Danna Ingleton, directrice adjointe d’Amnesty Tech, a déclaré :

« NSO semble s’être incliné devant la pression à la suite de notre campagne contre ses logiciels malveillants. L’entreprise doit montrer qu’il ne s’agit pas d’une simple tentative visant à blanchir sa réputation ternie. Elle ne peut pas choisir quand elle doit respecter les droits humains – la même responsabilité incombe d’ailleurs à toutes les entreprises.

« Bien que son annonce apparaisse à première vue comme une avancée, NSO a déjà refusé par le passé d’assumer sa responsabilité. L’entreprise a vendu des programmes de surveillance numérique intrusifs à des gouvernements qui s’en sont servis pour suivre à la trace, intimider et réduire au silence des militants, des journalistes et des détracteurs.

« L’intervention de NSO est trop tardive pour les dizaines de militants attaqués par des gouvernements oppressifs à l’aide de ses logiciels, à l’instar d’Ahmed Mansoor, qui a été condamné à 10 ans de prison aux Émirats arabes unis en 2018. Amnesty International a également été prise pour cible au moyen de technologies de NSO Group.

« NSO ayant tenté à de multiples reprises de se soustraire à l’obligation de rendre des comptes pour son rôle dans ces violations flagrantes, il n’est pas étonnant que beaucoup de monde soit sceptique quant à son annonce d’aujourd’hui. Les gouvernements doivent agir également. Les obligations légales concernant le respect des droits humains doivent être renforcées pour le secteur informatique, qui a maintes fois piétiné les droits à la vie privée et à la liberté d’opinion et d’expression. »

Complément d’information

Des recherches menées notamment par Amnesty International ont montré que le logiciel espion Pegasus de NSO Group a été utilisé par des gouvernements pour attaquer des personnes de la société civile, dont au moins 24 [1] défenseurs des droits humains, journalistes et parlementaires au Mexique, un membre du personnel d’Amnesty International, les dissidents saoudiens Omar Abdulaziz [2], Yahya Assiri et Ghanem Al Masarir [3], le militant des droits humains Ahmed Mansoor [4](lauréat du prix Martin Ennals pour les défenseurs des droits humains) et probablement Jamal Khashoggi [5]avant sa mort.

Amnesty International soutient actuellement une action en justice contre le ministère israélien de la Défense pour lui demander d’annuler la licence d’exportation de NSO Group.

Les États sont tenus de protéger les droits humains dans le contexte des activités des entreprises, notamment par le biais de la réglementation et du contrôle. Toutes les entreprises ont la responsabilité de respecter les droits humains tout au long de leurs opérations et de leurs chaînes d’approvisionnement. Aussi doivent-elles éviter de causer des atteintes aux droits humains ou d’y contribuer et prendre des mesures afin d’identifier et de gérer les risques relatifs aux droits humains dans le cadre de leurs activités.

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