Le Brésil doit répondre aux besoins de milliers de personnes laissées sans abri à la suite d’une expulsion

Amnesty International a appelé les autorités brésiliennes à répondre de toute urgence aux besoins des quelque 1 600 familles laissées sans abri à la suite d’une expulsion forcée menée dans une zone d’habitat informel dans l’État de São Paulo, au Brésil.

Cette expulsion a débuté dimanche 22 janvier sans avertissement préalable, alors que des négociations étaient encore en cours et sans qu’une solution de relogement ait été proposée.

De violents affrontements entre la police et les habitants se sont poursuivis lundi 23 après qu’un juge de l’État eut ordonné le détachement de près de 2 000 policiers à Pinheirinho, une zone d’habitat informel située à la périphérie de São José dos Campos. Les porte-parole de la police ont indiqué que cette expulsion serait terminée mercredi 25 janvier.

« Cette expulsion viole tout un ensemble de normes internationales », a déclaré Atila Roque, directeur d’Amnesty International Brésil.

« Cette opération a été menée d’une manière profondément inappropriée : très tôt un dimanche matin et sans notification préalable. Elle a eu lieu alors même que les négociations avec les autorités pour trouver une solution pacifique étaient en cours », a-t-il ajouté.

Des policiers en tenue antiémeute, accompagnés par des véhicules blindés et des hélicoptères, ont envahi la zone sans prévenir dimanche 22 janvier à 6 heures du matin et ils ont utilisé du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc. Les autorités ont coupé l’électricité, le gaz et les lignes téléphoniques et ont bouclé la zone, entravant l’accès aux habitations.

Une trentaine de personnes ont été arrêtées après que certains habitants de la zone, où les premiers logements informels sont apparus il y a huit ans, ont tenté de résister à l’expulsion en échafaudant des barricades, en brûlant des voitures et en jetant des pierres et des bâtons.

L’ordonnance d’expulsion allait à l’encontre d’un accord préalable selon lequel la procédure devait être suspendue pendant les négociations visant à trouver une solution pacifique. L’une des possibilités envisagées était que le gouvernement fédéral rachète les terres de cette zone et officialise les titres de propriété des habitants.

Un certain nombre d’habitants sont hébergés par des proches tandis que les autres (environ 350 familles) sont logés dans un gymnase ne disposant pas d’installations sanitaires adaptées. Certains ont été autorisés à retourner dans la zone d’où ils ont été expulsés pour récupérer leurs affaires avant que les habitations soient démolies.

La favela de Pinheirinho a commencé à prendre forme en 2004, quand un groupe de personnes sans abri s’est installé sur des terrains abandonnés appartenant à une société d’investissement qui avait fait faillite.

Des églises, des terrains de football, des bibliothèques et des commerces sont apparus et les habitants ont tenté de régulariser leur situation grâce à un programme du gouvernement de l’État de São Paulo, appelé Cidade Lega, mais en vain.

L’association des résidents a désormais déposé un recours devant la Cour supérieure fédérale demandant l’annulation de l’ordonnance d’expulsion.

« Ce qu’il se passe à Pinheirinho s’inscrit dans une série déplorable d’expulsions forcées au Brésil : le pays est en pleine expansion et des dizaines de milliers de familles pauvres sont déplacées pour faire de la place à de nouvelles infrastructures et à la construction de projets de développement à fonds privés, et elles ne bénéficient ni des protections adéquates, ni de solutions de relogement », a déclaré Atila Roque.

« Les autorités brésiliennes doivent immédiatement répondre aux besoins des milliers de personnes désormais sans abris. Elles doivent s’engager activement auprès des habitants afin de trouver des solutions durables correspondant à leurs besoins, autre chose que des places temporaires dans des refuges qui séparent les familles », a-t-il ajouté.

Malgré un investissement considérable de la part du gouvernement fédéral, le Brésil souffre d’un énorme déficit de logement et des millions de personnes à travers le pays vivent dans des logements informels.

Aux termes du droit international, notamment du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), le Brésil est tenu de ne procéder à aucune expulsion forcée et de protéger la population contre ce type d’atteinte.

Ce travail s’inscrit dans le cadre de la campagne mondiale d’Amnesty International Exigeons la dignité, qui vise à mettre fin aux atteintes aux droits humains qui font sombrer les gens dans la pauvreté et les y maintiennent. Aux fins de cette campagne, Amnesty International se penche sur les violations subies par les personnes vivant dans des quartiers d’habitat informel et dans des bidonvilles.

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