Parmi les améliorations apportées aux décisions des précédentes conférences sur le climat (COP) et aux positions des États avant la conférence de Glasgow, on peut citer le fait que l’accord final mentionne la nécessité de supprimer progressivement certaines formes de subventions aux énergies fossiles et de sortir progressivement du charbon, demande aux États de revoir à la hausse, d’ici la fin 2022, leurs ambitions à l’horizon 2030, et contienne un engagement à accroître la proportion des financements alloués aux États pour les aider à s’adapter aux effets du changement climatique.
Par rapport à ce que les États peuvent et doivent faire pour protéger les droits fondamentaux conformément à leurs obligations en vertu du droit international relatif aux droits humains, Amnesty International considère que la COP26 a abouti à un échec catastrophique. Alors que les engagements pris avant et pendant la COP26 nous mènent tout droit vers une élévation des températures mondiales de 2,4 °C , les États n’ont pas su s’engager à limiter cette augmentation à 1,5 °C ni à prendre les mesures nécessaires pour y parvenir. Ils ne se sont pas non plus engagés à apporter des financements suffisants et appropriés, ni à financer d’aucune manière l’indemnisation des populations subissant des pertes et préjudices liés au changement climatique.
Il y a dans le document final de la COP26 de nombreuses failles qui tendent davantage à satisfaire les intérêts des compagnies d’énergies fossiles qu’à protéger les droits humains
Il y a dans le document final de la COP26 de nombreuses failles qui tendent davantage à satisfaire les intérêts des compagnies d’énergies fossiles qu’à protéger les droits humains. L’accord conclu ne demande pas un abandon progressif du gaz et du pétrole, continue d’autoriser l’utilisation et la production de charbon et permet l’allocation de subventions « efficaces » aux énergies fossiles. Il met l’accent sur l’objectif « zéro émission nette » et sur les dispositions permettant l’utilisation de crédits carbones superflus, ce qui permet aux États de retarder les véritables réductions d’émissions au profit de réductions d’émissions illusoires fondées sur des technologies qui n’ont pas fait leurs preuves ou sur les échanges de crédits carbone. Il ne contient pas suffisamment de mesures de protection de l’environnement et des droits humains, ce qui accroît les risques encourus par les peuples autochtones et les populations locales touchés par ces projets, notamment leur risque d’être expulsés de leurs terres pour laisser la place à des programmes de compensation carbone.
Le délai de 12 mois accordé aux États pour améliorer leurs ambitions (leurs Contributions déterminées au niveau national, ou CDN), et le fait que les pertes et préjudices figureront à l’ordre du jour de la future COP27 offrent aux États une occasion cruciale de revoir leurs politiques climatiques en veillant à ce qu’elles respectent leurs obligations en matière de droits humains. Pour y parvenir, ils ne devront pas se contenter d’affiner leurs plans ni de prévoir encore de nouveaux processus à long terme. Les États doivent sortir de la léthargie qui caractérise leurs plans climat et reconnaître que le maintien de l’économie des énergies fossiles et des autres sources d’émissions de gaz à effet de serre est une décision qui, chaque jour, viole les droits humains des personnes qui sont et seront touchées par la crise climatique. Ils doivent accélérer le mouvement et s’attaquer sérieusement à ce défi.
Les pays riches doivent augmenter de manière significative leurs contributions financières en matière de climat
Dans les 12 mois qui viennent, les États doivent mettre en place les grands changements juridiques et politiques nécessaires et mobiliser d’importantes ressources au niveau national et, pour les pays riches, à l’échelle internationale. Ils doivent adopter immédiatement des plans de sortie progressive des combustibles fossiles et mettre en œuvre une transformation rapide et juste de l’utilisation de l’énergie qui protège et fasse progresser les droits des travailleurs et travailleuses, des populations qui dépendent d’économies fondées sur les combustibles fossiles et des autres personnes dont les droits humains sont menacés. Les pays riches doivent augmenter de manière significative leurs contributions financières en matière de climat, notamment en s’engageant à financer l’indemnisation des pertes et préjudices. Les États doivent légitimement s’attendre à une surveillance et une pression intenses sur ces points de la part de la société civile, des peuples autochtones et du grand public, à l’intérieur de leurs frontières comme au niveau mondial.
Cette déclaration publique contient une brève analyse sous l’angle des droits humains des sujets qu’Amnesty International a suivis avant et pendant la COP26 : les objectifs de réduction des émissions, le financement de l’action climatique, les pertes et préjudices, les mécanismes d’échange de droits d’émissions de carbone et le programme de travail relatif à l’Action pour l’autonomisation climatique (AAC) . Elle ne prétend pas proposer une évaluation exhaustive des résultats de la COP26.