« La réaction brutale et violente des autorités à ces manifestations a des répercussions terribles sur les droits humains au Nicaragua. Le massacre de manifestants, dont de jeunes étudiants, descendus dans la rue pour exercer leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique restera gravé comme l’une des pages les plus sombres de l’histoire récente de la nation, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International.
« Au lieu de semer la terreur et de diaboliser les manifestants, le gouvernement doit engager le dialogue avec tous les secteurs de la société, y compris les victimes de la répression d’État, afin de trouver une solution pacifique à cette situation de crise. Le président Daniel Ortega ne peut pas continuer de gouverner sans dialogue, sans consultation ni respect pour les droits fondamentaux du peuple du Nicaragua. »
Les manifestations contre le gouvernement ont débuté le 18 avril en réponse aux réformes du système de sécurité sociale. Dans un discours diffusé à la radio nationale le 19 avril, la vice-présidente Rosario Murillo aurait qualifié les manifestants de « vampires, qui ont besoin de sang pour nourrir leurs agendas politiques ».
Les autorités ont durci leur réponse aux manifestations le 20 avril : Amnesty International a reçu des informations selon lesquelles les forces de sécurité ont attaqué les manifestants sur plusieurs sites, notamment à Managua, la capitale, et encerclé un groupe d’étudiants dans une université locale.
Selon le Comité pour la protection des journalistes, au moins neuf journalistes ont été blessés depuis le début des manifestations et au moins deux autres se sont fait voler leur matériel, tandis que cinq réseaux de télévision indépendants qui couvraient les événements ont vu leurs diffusions bloquées.
Amnesty International demande aux autorités nicaraguayennes de désigner une instance civile chargée de diligenter dans les meilleurs délais une enquête exhaustive et indépendante sur toutes les allégations de recours excessif à la force par les forces de l’ordre et sur toute infraction présumée commise par des agents non gouvernementaux. Toutes les personnes soupçonnées d’être pénalement responsables de ces actes doivent être traduites en justice dans le cadre de procès équitables. L’État doit aussi garantir les droits des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations, et créer les conditions permettant de garantir les droits des citoyens à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’accès à l’information.