« La décision du président Bola Tinubu de mettre fin au subventionnement de l’achat de carburant terrifie des millions de Nigérian·e·s, qui craignent les répercussions que cela aura sur leur quotidien. Un grand nombre d’entre eux redoutent en effet de ne plus pouvoir assumer le coût de l’éducation, de l’alimentation et des soins de santé. Le gouvernement n’a pas encore proposé de solution permettant de réduire l’impact de cette décision pour les personnes aux revenus modestes.
« Si tous les pays sont tenus d’éliminer à terme l’ensemble des aides à l’achat d’énergies fossiles, afin d’honorer leurs obligations en matière de droits humains dans le contexte de la crise climatique, ils ne doivent pas le faire d’une manière qui porte préjudice au droit des personnes à faible revenu à un niveau de vie suffisant. Il est donc vital que la suppression de cette subvention soit accompagnée de mesures amortissant son impact social, ainsi que de mesures de protection.
« Les Nigérian·e·s ne devraient pas avoir à payer le prix de décennies de mauvaise gestion politique et économique du programme de subventions. Les autorités doivent enfin prendre en considération les demandes exprimées de longue date par la société civile et certains député·e·s les engageant à enquêter sur les filières de commercialisation du carburant, et à amener toutes les personnes impliquées dans le trafic illicite, l’accumulation de carburant et les "escroqueries aux subventions" à rendre des comptes, quel que soit leur rang ou leur statut.
« Les autorités nigérianes doivent adopter de toute urgence des mesures visant à protéger les droits des personnes les plus touchées par la suppression des subventions pour l’achat de carburant, et accorder la priorité à la lutte contre la faim, le taux élevé de chômage et la forte détérioration du niveau de vie. »
Contexte
Lundi 29 mai, lors de son discours d’investiture, le président Bola Tinubu a déclaré que les subventions à l’achat de carburant seraient supprimées au Nigeria, invoquant des considérations budgétaires. Cette décision a été suivie d’une forte augmentation du prix des carburants, ainsi que d’achats de masse dictés par la panique. Des compagnies de bus n’ont pas été en mesure de ravitailler leurs véhicules en carburant, laissant de nombreuses personnes sans moyen de transport.