Persistance de l’impunité en Russie concernant l’enlèvement et l’assassinat de Natalia Estemirova

Russie Natalia Estemirova CEDH

Dans son arrêt publié le 31 août, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) juge que les autorités russes n’ont pas mené d’enquête appropriée sur l’assassinat de Natalia Estemirova, éminente défenseure des droits humains qui a été enlevée et tuée en Tchétchénie en 2009.

« Cet arrêt attire l’attention sur l’impunité qui entoure l’affaire de l’assassinat de Natalia Estemirova et sur l’inaction cynique des autorités russes. Depuis l’assassinat de Natalia Estemirova, il y a 12 ans, les responsables n’ont toujours pas été identifiés ni amenés à rendre des comptes, et les autorités russes n’ont cessé de garder le silence et de se montrer complaisantes alors que d’autres défenseur·e·s des droits humains en Tchétchénie étaient exposés aux mêmes dangers, attaqués, menacés et poursuivis en justice, a déclaré Denis Krivocheïev, directeur par intérim pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International.

« Cet assassinat lâche et haineux doit faire l’objet d’une enquête exhaustive, effective et impartiale, et toutes les personnes impliquées dans cette affaire doivent être identifiées et déférées à la justice »

« Depuis 2009, les attaques contre les droits humains se sont intensifiées en Tchétchénie et la société civile a été méthodiquement éradiquée par les autorités tchétchènes. Les collègues de Natalia Estemirova et l’ONG Memorial continuent de faire l’objet de menaces de mort, d’arrestations arbitraires et d’être envoyés en prison, et un grand nombre de journalistes et de militants ont été contraints de s’exiler. Des dizaines de personnes ont été soumises à une disparition forcée. L’inaction des autorités russes a de fait permis aux dirigeants tchétchènes de continuer de commettre des atteintes aux droits humains, et de réduire au silence toutes les personnes qui osent parler.

« Natalia Estemirova a perdu la vie parce qu’elle travaillait sans relâche pour rassembler des informations sur les violations flagrantes des droits humains commises en Tchétchénie et pour dénoncer ces actes. Cet assassinat lâche et haineux doit faire l’objet d’une enquête exhaustive, effective et impartiale, et toutes les personnes impliquées dans cette affaire doivent être identifiées et déférées à la justice. En attendant, le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, l’Union européenne et les partenaires bilatéraux de la Russie doivent saisir toutes les occasions possibles d’appeler la Russie à respecter pleinement cet arrêt juridiquement contraignant. Tant que cet arrêt juridiquement contraignant n’aura pas été appliqué, justice n’aura toujours pas été rendue et la vérité n’aura toujours pas été faite pour Natalia Estemirova et sa famille. »

Informations complémentaires

Natalia Estemirova était une éminente défenseure des droits humains qui travaillait pour l’ONG russe Memorial en Tchétchénie. Elle est connue pour ses enquêtes sur les violations flagrantes des droits humains, incluant des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires et des actes de torture commis par des agents russes pendant le deuxième conflit tchétchène (1999-2009). Elle a régulièrement été critiquée et menacée par les autorités tchétchènes, notamment par le dirigeant tchétchène nommé par le Kremlin, Ramzan Kadyrov. Le 15 juillet 2009, Natalia Estemirova a été enlevée par des hommes armés non identifiés à Grozny, la capitale tchétchène, et retrouvée morte le même jour en Ingouchie, de l’autre côté de la frontière. Personne n’a été traduit en justice pour cet assassinat.

« Natalia Estemirova a perdu la vie parce qu’elle travaillait sans relâche pour rassembler des informations sur les violations flagrantes des droits humains commises en Tchétchénie et pour dénoncer ces actes »

Depuis, des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des militant·e·s de la société civile en Tchétchénie continuent d’être harcelés, intimidés, attaqués, jetés en prison pour de fausses accusations et même tués, par exemple la défenseure des droits humains Zarema Sadoulaïeva et son mari Alik Djabraïlov. Un grand nombre d’enlèvements et d’assassinats ont depuis été signalés en Tchétchénie. De nombreuses personnes ayant critiqué les autorités tchétchènes ont été torturées, soumises à une disparition forcée ou exécutées de façon extrajudiciaire. Les responsables de ces crimes et d’autres agissements criminels, notamment de la « purge homosexuelle » et des exécutions extrajudiciaires massives perpétrées en 2017, jouissent de la plus totale impunité.

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