Le système carcéral chaotique du Brésil traverse une véritable crise avec plus de 120 détenus tués depuis le 1er janvier 2017, a déclaré Amnesty International lundi 16 janvier après la confirmation de 26 nouveaux homicides à la prison d’Alcaçuz, dans l’État du Rio Grande do Norte.
Plus de 120 détenus ont été tués au cours des 16 derniers jours lors d’émeutes dans des prisons des États de l’Amazone, de Roraima et du Rio Grande do Norte, situés dans le nord et le nord-est du pays.
« Il est effarant qu’autant de personnes aient été tuées en si peu de temps en détention sous la responsabilité des autorités. La crise qui a commencé par les meurtres commis dans une prison de l’État de l’Amazone le 1er janvier s’aggrave et s’étend dans le pays, a déclaré Renata Neder, conseillère en matière de droits humains à Amnesty International Brésil.
« Les autorités jouent un jeu dangereux en sous-estimant l’ampleur de la crise du système carcéral et, par conséquent, ne prennent pas les mesures nécessaires pour éviter de nouveaux meurtres épouvantables. »
Une large majorité des 26 détenus tués lors des derniers troubles à la prison d’Alcaçuz ont été décapités. Des informations indiquent également que certaines victimes ont été écartelées et d’autres brûlées vives. La prison a été partiellement détruite lors de cette émeute, qui a duré plus de 14 heures.
Plus de 8 000 personnes sont incarcérées dans les prisons de l’État du Rio Grande do Norte, dont la capacité est de seulement 3 500 détenus. Dès mars 2015, les autorités de cet État avaient déclaré ses prisons en « état de calamité » à la suite du nombre d’émeutes qui avaient eu lieu.
La surpopulation et l’état déplorable des prisons brésiliennes ont été largement dénoncés par le Conseil national de justice, par le Mécanisme national de prévention de la torture et, dans un rapport présenté en 2016, par le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture.
Amnesty International appelle les autorités à diligenter une enquête approfondie et indépendante menée dans les meilleurs délais par les autorités civiles sur ces homicides. Toutes les personnes soupçonnées d’être pénalement responsables de ces actes doivent être traduites en justice dans le cadre de procès équitables.