Les 100 premiers jours de Trump ont été caractérisés par les attaques contre les droits humains

Alors que Donald Trump commémore ses 100 premiers jours à la tête des États-Unis, Amnesty International met en avant la crise des droits humains alimentée par les pratiques autoritaires, les politiques discriminatoires et racistes, et les discours dangereux du gouvernement Trump.

Dans un document intitulé Chaos & Cruelty : 10 Compounding Assaults on Human Rights [1], Amnesty International se penche sur les attaques menées par le président Trump contre les droits humains au niveau national et international au cours de ses 100 premiers jours au pouvoir. De la répression de l’opposition à la diabolisation et au ciblage des immigrés, en passant par la sortie d’organisations multilatérales qui protègent les droits humains dans le monde entier, l’administration Trump a systématiquement érodé les protections des droits humains, favorisé un climat de peur et de division, et porté atteinte à l’état de droit.

« Cent jours après le début de son deuxième mandat, le président Trump a dirigé avec cruauté et en semant le chaos, créant une situation d’urgence en matière de droits humains qui affecte des millions de personnes, en réprimant l’opposition, en fragilisant l’état de droit et en érodant les normes et les institutions essentielles à la protection des droits humains », a déclaré Paul O’Brien, directeur général d’Amnesty International États-Unis. « L’administration Trump a pleinement adopté des tactiques autoritaires plus communément associées à des dirigeants répressifs pour réduire au silence et punir celles et ceux qui sont en désaccord avec lui, tout en armant le gouvernement contre certaines personnes et institutions aux États-Unis et au-delà, afin d’asseoir son propre pouvoir et de faire avancer un programme anti-droits. »

Les politiques du gouvernement Trump au cours des 100 premiers jours ont déjà entraîné des conséquences dévastatrices sur la vie de personnes aux États-Unis et dans d’autres parties du monde :

Fin de l’asile et ciblage des immigrant·e·s : Les expulsions de masse, les disparitions forcées survenues en vertu de la Loi relative aux ennemis étrangers, les séparations de familles et les restrictions draconiennes au droit d’asile ont bafoué le droit international. Ces actes ont déchiré des communautés et créé une réalité dans laquelle les immigrant·e·s, notamment ceux qui sont venus aux États-Unis en quête de sécurité, sont relégués dans l’ombre et vivent dans la peur.

Atteintes à la liberté d’expression et au droit de manifester : La répression menée contre les manifestant·e·s étudiants, en particulier celles et ceux qui soutiennent les droits des Palestinien·ne·s, menace les droits à la liberté d’expression et à la liberté de réunion pacifique. Les étudiant·e·s qui ne sont pas citoyen·ne·s américains sont particulièrement visés, car ils sont menacés de détention et d’expulsion pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.

Affaiblissement de l’état de droit : Le non-respect de décisions de justice, les menaces de destitutions de juges, les attaques visant des cabinets d’avocat·e·s et des avocat·e·s, les abus du pouvoir exécutif et l’érosion des freins et contrepoids sont des pratiques autoritaires que l’administration Trump a utilisées afin de faire avancer son projet anti-droits.

Atteintes à la liberté de la presse : Le fait de prendre pour cible des journalistes, de poursuivre des médias en justice, de supprimer des financements qui soutiennent la liberté de la presse dans le monde entier et d’abuser du pouvoir de réglementation de la Commission fédérale des communications compromet le rôle essentiel des médias indépendants dans la promotion du débat, de la discussion et de l’opposition, qui sont indispensables à la défense des droits humains.

Attaques contre les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ : Les politiques et les décrets anti-trans ont contribué à créer un dangereux climat de discrimination et relèvent d’une tentative d’effacer l’existence des personnes transgenres au regard de la loi. Des mesures ont également été prises pour affaiblir les garanties des droits sexuels et reproductifs pour toutes les personnes, en particulier le droit à l’avortement pour les femmes et les personnes pouvant tomber enceintes.

Marginalisation des communautés noires et des autres populations racisées : Les fermetures forcées des programmes de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) et les menaces de suspendre les financements des universités souhaitant favoriser l’équité raciale constituent une attaque flagrante contre la justice raciale.

Les attaques du président Trump contre les droits humains s’entrecroisent et s’exacerbent les unes les autres. Des centaines d’étudiant·e·s à l’université sont menacés d’expulsion. Un exemple emblématique des actions racistes, de la répression et du mépris pour les droits humains de l’administration Trump est le cas de Mahmoud Khalil, étudiant palestinien et résident permanent en situation régulière, arrêté et visé par une procédure d’expulsion pour avoir participé à des manifestations pacifiques à l’université de Columbia.

« Le cas de Mahmoud Khalil envoie un message qui fait froid dans le dos : si vous vous exprimez ouvertement en faveur des droits humains, vous serez pris pour cible, vous serez puni, et vous ne bénéficierez pas d’une procédure régulière », a déclaré Paul O’Brien. « C’est une perspective terrifiante, non seulement pour les étudiant·e·s et les immigré·e·s, mais pour tout le monde. Lorsque nous examinons l’effet cumulatif des actions de l’administration Trump, cela équivaut à une attaque générale contre les droits humains et les systèmes qui les sous-tendent. De ce point de vue, les dégâts et la dévastation des 100 premiers jours sont indéniablement clairs. »

Le programme chaotique et cruel du président Trump porte également atteinte aux droits des personnes dans le monde entier, créant une instabilité et une incertitude qui nuisent à la sûreté et à la sécurité des personnes non seulement dans le monde, mais aussi aux États-Unis, et qui compromettent leur prospérité.

Démantèlement brutal de l’aide internationale fournie par les États-Unis : Les coupes brutales et de grande ampleur dans les aides internationales ont eu un impact catastrophique sur les efforts mondiaux en matière d’aide humanitaire, de développement et de droits humains. Ces coupes ne sont pas seulement financières, elles représentent un abandon des engagements déclarés des États-Unis en faveur des droits humains, de la santé publique, de la paix et de la sécurité dans le monde.

Sortie des États-Unis d’organisations multilatérales qui protègent les droits humains dans le monde  : En sortant du leadership mondial, en se retirant du Conseil des droits de l’homme, de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Accord de Paris sur le climat, en réexaminant l’adhésion à l’UNESCO et en imposant des sanctions à la Cour pénale internationale, le gouvernement Trump a intensifié les efforts visant à saper les mécanismes mondiaux de justice et d’obligation de rendre des comptes.

Renoncement aux efforts d’atténuation des préjudices causés aux civil·e·s : Qu’il s’agisse de la réduction des services veillant à limiter les préjudices causés aux civil·e·s par les opérations militaires américaines ou de l’annulation de décrets visant à garantir que les transferts d’armes effectués par les États-Unis ne contribuent pas à des violations du droit international, l’administration Trump fait preuve d’un dangereux mépris pour les vies civiles mises en danger par les conflits armés.

Suppression du contrôle de la responsabilité des entreprises : Le président Trump et son administration ont supprimé des mesures de contrôle existantes sur la responsabilité des entreprises et considérablement réduit les efforts de lutte contre la corruption, notamment en pausant l’application de la Loi relatives aux pratiques de corruption à l’étranger. Les entreprises du secteur technologique favorisent depuis longtemps les pratiques discriminatoires et autoritaires, mais les agissements du président Trump ont exacerbé cette tendance. Entretemps, le président Trump a semble-t-il donné carte blanche à l’homme le plus riche de la planète, Elon Musk, afin que celui-ci sévisse à la tête du département de l’Efficacité gouvernementale, en menant des actions paraissant enfreindre le droit fédéral, notamment le fait d’accéder aux données personnelles sensibles de millions d’Américain·e·s.

Cette situation périlleuse pour les droits humains aux États-Unis survient à un moment où les pratiques autoritaires prennent de plus en plus d’ampleur à l’échelle mondiale. De faits, les attaques incessantes de l’administration Trump contre les droits humains renforcent des tendances néfastes déjà présentes, en vidant de leur substance les protections internationales des droits humains et en mettant en danger des milliards de personnes à travers la planète.

Nous assistons à une escalade alarmante de la répression étatique et à l’abandon de l’état de droit et des normes relatives aux droits humains dans le monde entier. En tant que plus grande organisation militante de défense des droits humains au monde, nous nous mobilisons pour protéger l’espace civique, lutter contre les pratiques autoritaires et renforcer le pouvoir citoyen à long terme », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice générale des recherches, de l’élaboration des lignes de conduite, du travail de plaidoyer et des campagnes à Amnesty International. « Les droits humains ne doivent pas être un pion politique. Les gouvernements doivent s’opposer activement aux pratiques autoritaires qui violent les droits humains, les dénoncer et prendre des mesures pour remédier à leur impact où qu’elles apparaissent, y compris aux États-Unis. Partout dans le monde, des personnes, notamment celles qui participent aux mouvements de défense des droits humains et de la justice, résistent et s’opposent fermement aux tendances qui menacent de conduire les générations actuelles et futures vers l’abîme. Les dirigeant·e·s politiques doivent saisir ce moment crucial pour soutenir et défendre les droits et la dignité de tous et toutes.

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