Des milliers de manifestants pacifiques ont répondu à l’appel de l’Église catholique et se sont rassemblés à travers le pays pour réclamer la démission du président Joseph Kabila avant les élections prévues en décembre 2018. Ils se sont heurtés aux forces de sécurité qui leur ont tiré dessus à balles réelles, faisant au moins six morts et 49 blessés, d’après la mission de l’ONU en RDC.
" Cette réponse brutale des forces de sécurité face à des manifestations pacifiques démontre une nouvelle fois que la répression est devenue la norme en RDC, en violation flagrante de la Constitution nationale et des obligations internationales en matière de droits humains, a déclaré Jean-Mobert Senga, chercheur sur la RDC à Amnesty International.
" Cette répression doit cesser. Les responsables présumés à tous les niveaux doivent rendre des comptes dans le cadre de procès équitables. Les autorités doivent relâcher immédiatement et sans condition tous les manifestants pacifiques placés en détention. "
Les services Internet et de téléphonie ont été coupés à travers le pays ce jour-là, ainsi que le lendemain.
" En raison de cette coupure, certains manifestants blessés n’ont pas pu avoir accès à une aide d’urgence, a déclaré Jean-Mobert Senga.
" Ce mépris flagrant pour la vie des citoyens et les droits fondamentaux est totalement inacceptable. Les autorités congolaises doivent rétablir toutes les communications et s’abstenir de les couper à l’avenir. "
Complément d’information
C’est la deuxième fois en moins d’un mois que des manifestations sont violemment réprimées par les forces de sécurité. Depuis trois ans, de nombreux rassemblements contre le maintien au pouvoir du président Kabila ont été lourdement réprimés.
Ces rassemblements ont été organisés à l’initiative de l’Église catholique, qui a négocié un accord sur les élections entre le parti au pouvoir et l’opposition en décembre 2016. Cet accord stipule que le président Joseph Kabila ne se présentera pas à la prochaine élection. Il pose également l’application de diverses mesures visant à rétablir la confiance avant le scrutin, notamment la libération des prisonniers politiques et la possibilité pour les opposants politiques de rentrer d’exil, afin que les élections soient réellement, selon les termes des parties concernées, " inclusives, pacifiques et crédibles ".