« Cela fait onze semaines qu’on ignore où se trouve Maxime Boutkevitch. Au vu de son procès qui a été un simulacre, de la nature de sa condamnation et des éléments montrant qu’il a subi des mauvais traitements, sa famille et nombre d’entre nous sommes très inquiets pour son sort et son bien-être. Nous demandons instamment aux autorités russes, sans plus attendre, de révéler le lieu où il se trouve et de lui permettre de contacter ses proches et son avocat, a déclaré Denis Krivosheev, directeur par intérim du programme Europe de l’Est et Asie centrale d’Amnesty International.
« Priver un prisonnier de guerre du droit à une procédure équitable et régulière constitue un crime de guerre. Il en va de même pour la disparition forcée à laquelle Maxime Boutkevitch est soumis actuellement »
« Cette disparition forcée s’ajoute à une longue liste de violations commises contre Maxime Boutkevitch depuis qu’il a été fait prisonnier de guerre en juin 2022. Sa condamnation à 13 années d’emprisonnement a été prononcée par la “Cour suprême” de la région ukrainienne de Louhansk, occupée par la Russie, à l’issue d’un procès secret et sur la base de ses “aveux” filmés obtenus très certainement sous la contrainte, parmi d’autres éléments de preuve peu convaincants. Nous estimons que les charges retenues contre lui ont été uniquement motivées par une volonté de représailles des autorités russes en raison du militantisme de Maxime et de son travail en faveur des droits humains.
« Priver un prisonnier de guerre du droit à une procédure équitable et régulière constitue un crime de guerre. Il en va de même pour la disparition forcée à laquelle Maxime Boutkevitch est soumis actuellement. Les autorités russes doivent annuler la peine prononcée contre lui, le libérer immédiatement de la détention imposée par la “Cour suprême” de Louhansk et mettre fin aux violations du droit international et des droits des prisonniers. »
Complément d’information
Maxime Boutkevitch, défenseur des droits humains bien connu en Ukraine, s’est engagé comme volontaire dans les Forces armées ukrainiennes en février 2022 et a été capturé par les forces russes sur la ligne de front le 24 juin 2022. Le 10 mars 2023, il a été « condamné » à 13 années d’emprisonnement par la « Cour suprême de la République populaire de Louhansk », un tribunal établi par des groupes armés soutenus par la Russie dans l’est de l’Ukraine en 2014.
Le 22 août 2023, sa peine a été confirmée à l’issue d’une audience en appel qui s’est tenue devant un tribunal de Moscou, à laquelle il n’a été autorisé à assister que par vidéoconférence.
On ne sait pas précisément où il se trouve depuis cette audience, lors de laquelle il a comparu par liaison vidéo depuis un centre de détention à Louhansk. Il arrive très fréquemment en Russie [1] que les prisonniers soient envoyés purger leur peine dans des lieux isolés, à des centaines ou des milliers de kilomètres de chez eux et dans des conditions inhumaines et dégradantes. Plusieurs semaines, voire plusieurs mois, peuvent s’écouler sans que la moindre information ne soit donnée à leurs familles et leurs avocats quant à leur sort et le lieu où ils sont détenus. Cette pratique s’apparentent à une disparition forcée.