« La condamnation de Nikolaï Platochkine à cinq ans de prison avec sursis est un nouveau coup porté au droit à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association en Russie. Les accusations à son encontre ont clairement été inventées de toutes pièces pour l’empêcher de participer à la vie publique et le punir d’avoir osé critiquer la mainmise de Vladimir Poutine sur le pouvoir. Sa condamnation doit être annulée », a déclaré la directrice du bureau d’Amnesty International à Moscou, Natalia Zviagina, qui a assisté à son procès.
« L’absurdité des accusations visant Nikolaï Platochkine, la brièveté de ses audiences et le mépris flagrant pour certaines garanties essentielles d’équité des procès atteignent un niveau exceptionnel, même pour la justice kafkaïenne qui prévaut en Russie. La logique ridicule du ministère public, approuvée les yeux fermés par le juge, est simple : l’expression d’opinions critiques à l’égard de la politique gouvernementale équivaut à inciter à des émeutes et constitue un délit.
« Alors que les élections parlementaires de septembre approchent, nous assistons à un durcissement des représailles contre toute personne qui critique le gouvernement ou mène des activités d’opposition. Le régime de Vladimir Poutine emprisonne et fait taire effrontément ses opposants de tous bords politiques, qu’ils soient “libéraux” comme Alexeï Navalny ou “socialistes” comme Nikolaï Platochkine.
« Les poursuites visant des militant·e·s pacifiques doivent cesser immédiatement. Les autorités doivent respecter, protéger, promouvoir et concrétiser tous les droits humains, conformément aux obligations internationales de la Russie, y compris le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. »
Complément d’information
Le 19 mai, le tribunal du district moscovite de Gagarinsky a déclaré le prisonnier d’opinion Nikolaï Platochkine, ancien diplomate, président du département de Relations internationales et de Diplomatie de l’Université de lettres et de sciences humaines de Moscou et créateur du mouvement « Pour un nouveau socialisme », coupable des charges retenues contre lui. Il l’a condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement avec sursis et à une amende de 700 000 roubles (9 500 dollars des États-Unis). Sa condamnation entraîne son inéligibilité.
En juin 2020, Nikolaï Platochkine a été inculpé au titre de l’article 212-1.1 (« incitation ou autre rôle d’une personne dans la commission de troubles de grande ampleur ») et de l’article 207.1 (« diffusion publique de fausses informations en connaissance de cause au sujet de circonstances menaçant la vie et la sécurité des citoyens ») du Code pénal russe. Selon le ministère public, Nikolaï Platochkine avait l’intention « de prendre le pouvoir illégalement » et a pour cela « commencé à inciter ses sympathisants et d’autres internautes, par le biais de supports audiovisuels, à commettre des troubles de grande ampleur et à y participer sous couvert de rassemblements de protestation ». Ces accusations sont sans fondement et motivées par des considérations politiques.