« L’adoption de la loi sur l’ingérence étrangère à Singapour constitue une attaque brutale contre les droits à la liberté d’expression et d’association, car elle offre un nouvel instrument susceptible d’être utilisé de manière arbitraire par les autorités pour museler les détracteurs du gouvernement et écraser la dissidence dans le pays, a déclaré Emerlynne Gil, directrice régionale adjointe des recherches à Amnesty International.
« La loi sur l’ingérence étrangère est formulée en termes si vagues et si généraux qu’elle pourrait servir à faire taire quasiment toute personne critiquant le gouvernement »
« Lorsque les leaders de Singapour évoquent les campagnes d’information étrangères hostiles qui, selon eux, attisent les braises de la subversion, ils emploient cette rhétorique empreinte de peur dans le seul but de justifier les mesures qu’ils prennent pour étouffer et faire taire les voix dissidentes.
« La loi sur l’ingérence étrangère est formulée en termes si vagues et si généraux qu’elle pourrait servir à faire taire quasiment toute personne critiquant le gouvernement. Elle débarque quelques semaines seulement après que le site d’informations indépendant The Online Citizen, site populaire qui propose des opinions politiques alternatives, a été contraint de fermer en raison des soi-disant échecs s’agissant d’identifier ses sources de financement – signe inquiétant que les autorités de Singapour redoublent d’efforts pour imposer une soumission totale à l’État.
« Le fait que cette loi ait été adoptée à la hâte par le Parlement, ne soit pas soumise à un suivi indépendant satisfaisant et prévoit des sanctions sévères et disproportionnées, ne fait qu’illustrer davantage le penchant autoritaire de Singapour.
« Lorsque les leaders de Singapour évoquent les campagnes d’information étrangères hostiles qui, selon eux, attisent les braises de la subversion, ils emploient cette rhétorique empreinte de peur dans le seul but de justifier les mesures qu’ils prennent pour étouffer et faire taire les voix dissidentes »
« Amnesty International demande au gouvernement d’abroger ce texte de loi et de respecter le droit à la liberté d’expression à Singapour. »
Complément d’information
Au terme d’une session parlementaire nocturne, les législateurs de Singapour ont adopté le 4 octobre la Loi sur l’ingérence étrangère – Contre-mesures (FICA). Ce texte permet aux autorités de contraindre les plateformes de réseaux sociaux et les fournisseurs de services Internet à transmettre les données des utilisateurs, à bloquer des contenus et à supprimer des applications qui relaient des informations qu’elles considèrent comme hostiles à l’État.
De plus, tout individu ou groupe jugé politiquement important à Singapour serait tenu de déclarer ses sources de financement étranger et de faire face à d’éventuelles « contre-mesures » en vue de supprimer toute ingérence étrangère jugée hostile.
Ceux qui enfreignent la loi, qui doit encore être ratifiée par la présidente Halimah Yacob pour être officiellement adoptée, pourraient écoper de lourdes peines de prison ou d’amendes.
« Amnesty International demande au gouvernement d’abroger ce texte de loi et de respecter le droit à la liberté d’expression à Singapour »
Le 16 septembre, The Online Citizen, un site Web populaire qui propose des opinions politiques alternatives, a été mis hors ligne quelques heures avant la date butoir imposée par le gouvernement pour suspendre le site au motif qu’il avait omis de déclarer ses sources de financement. Le site a cessé de fonctionner quelques jours seulement après que le Premier ministre Lee Hsieng Loon a présenté pour la première fois la Loi sur l’ingérence étrangère – Contre-mesures (FICA), le 13 septembre 2021.
Selon le gouvernement, la FICA vise à renforcer la « capacité à prévenir, détecter et bloquer l’ingérence étrangère dans la politique intérieure [de Singapour] menée au moyen (i) de campagnes d’information hostiles et (ii) de l’utilisation de mandataires locaux ».